La Saponaire (Saponaria officinalis L.) Caryophyllacées, est souvent désignée sous les noms de Savonnaire, Savonnière, Herbe à savon, Herbe à foulon, qui rappellent ses anciens usages dans le blanchiment ou le nettoyage des étoffes de laine et des objets de lingerie où elle remplaçait le savon. C’est la plante savonnière la plus connue en Europe.
Habitat. — Elle croit spontanément dans les lieux frais, sur les bords des champs humides et des ruisseaux, dans les haies.
Description sommaire. — Plante vivace, herbacée, haute de 40 à 60 cm. Rhizome à divisions rampantes, émettant des stolons. Tige noueuse aux articulations, rameuse au sommet. Feuilles opposées, sessiles, ovales et lisses. Fleurs (juillet août) grandes, en grappes corymbiformes d’un rose pâle, rarement blanches, peu pédonculées, légèrement odorantes. Fruit unilocu1aire en capsule s’ouvrant par un pore produit par l’écartement des sommet des carpelles. Graines réniformes et rougeâtres.
Culture. — On cultive la saponaire sur une surface plus ou moins grande dans les départements de l’Ain, de l’Isère, de la Loire, de l’Aisne et de la région parisienne, notamment à Milly. La culture en est facile et bien qu’elle préfère les terres profondes, humifères et fraîches, elle se contente d’un sol bien préparé et, autant que possible, léger et siliceux.
Multiplication. — On emploie deux procédés : par semis ou avec du éclats de pied.
Par semis. Voici, succinctement, le procédé de MM. A. Goris et J. Demilly. On sème à la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril, sur des planches larges de 1,20m dans des sillons écartés de 10cm et profonds de 2cm ; on recouvre les graines en comblant les sillons de terre avec le dos d’un râteau.
Bien que l’on puisse mettre en place les jeunes plant lorsqu’ils ont 4 à 5 feuilles, il vaut mieux les laisser une année en planches et les planter soit à l’automne de la première année, soit an printemps de la deuxième année, ils auront alors plus de vigueur. On les mettra à 25cm les uns des autres sur des lignes distantes de 60 cm.
Par éclats de pied. — On les plante à demeure, de l’automne au printemps, à 30 à 40cm sur des rangées espacées de 50 cm au moins. En cours de végétation, on donne les soins culturaux habituels ;
À Milly, M. Morin plante des rhizomes traçants dans des rigoles de 5 cm de profondeur et de 20 cm de largeur sur des lignes distantes de 0,15 m. (A. R. et D. B.)
Récolte et séchage. — La récolte diffère selon qu’il s’agit des feuilles ou des racines. Pour les feuilles, on l’entreprend dès la première année, de juillet à août, un peu avant la floraison. Sur les champs, on les coupe à la faux, dans le Jardin familial on les détachera une à une, de façon à éliminer les parties Altérées, puis on les desséchera soigneusement et le plus vite possible. Il est difficile de les conserver vertes, parce que le jaunissement s’empare d’elles rapidement et leur fait perdre une partie de leur valeur marchande.
Dix kilogrammes de feuilles vertes laissent, aprés dessiccation, 3,100kg de feuilles sèches.
Les racines sont arrachées, à l’automne, à partir de la deuxième année jusqu’à la cinquième année. On les nettoie aussitôt et, comme elles sont minces et longues, on les coupe en fragments de 3 à 6cm de longueur et on les fait sécher sur des claies à l’air libre ou à l’étuve.
Production. — On peut faire, par hectare, pendant la durée de la plantation qui est de cinq années environ, quatre récoltes de 2500 kg de feuilles et une récolte de 4500 kg de racines (A. R. et D, B.). MM. Goris et J. Demilly indiquent un rendement de 8000 kg de racines fraîches à l’hectare.
Composition chimique. — Toutes les parties de la Saponaire, mais surtout la racine, renferment un glucoside : la saponine dont un millième suffit pour rendre l’eau savonneuse et mousseuse. Elle possède la propriété d’émulsionner les résines, les huiles, le camphre, mais on lui attribue aussi, en partie, les effets nocifs, voire vénéneux de la plante.
Propriétés thérapeutiques. — On la considère comme dépurative, sudorifique et légèrement stimulante. On la recommande comme efficace dans le traitement des dartres furfuracées et squameuses, ainsi que dans les affections rhumatismales, la goutte et la jaunisse.
Préparations pharmaceutiques. — Celles dans lesquelles entrent les racines sont les plus actives. Les plus employées sont la décoction 20 à 30 %, l’extrait 1 à 2g par jour sous forme de sirop : 10 g dissous dans 990 g de sirop simple. Pour les feuilles, les doses sont sensiblement les mêmes mais on augmente leur action dépurative en leur associant soit les pensées sauvages, soit l’iodure de potassium, le bicarbonate de soude ou le benzoate de soude.
Observations commerciales. — La Saponaire donne lieu à une vente importante. Ses différentes parties ont été payées le kilogramme : la plante entière O,90 fr ; les feuilles mondée 2 fr à 2,25fr et les racines 2 à 3 francs.