Le premier miroir a été bien certainement l’eau tranquille d’un lac dans laquelle la première femme a vu se réfléchir son image. Miroir peu transportable et aussi peu pratique, car le moindre souffle de vent ride sa surface et supprime l’image.
Certains minéraux à surfaces nettes, réfléchissants. comme le gypse, le mica, l’obsidienne ont formé les premiers ustensiles maniables de coquetterie. Quand l’homme à Su travailler les métaux et polir leur surface, comme ses ancêtres avaient poli la pierre, il a eu entre les mains tous les matériaux nécessaires à la confection de miroirs parfaits, n’ayant d’autre inconvénient que de modifier la teinte du visage par la couleur du métal dont ils étaient formés. L’art qui embellit tout ce qu’il touche, s’empara bien vite de la nouvelle invention : on monta le miroir en métal différent, souvent précieux ; on grava, cisela, orna de mille façons la monture et son revers, ainsi que le manche qu’on y adapta bientôt pour le manier plus aisément.
Les miroirs sont donc peut-être ce qu’il y a de plus ancien parmi les ustensiles de l’homme civilisé ; on en. trouve l’usage établi dès les premiers âges de l’humanité. On les voit, représentés sur les antiques monuments de l’Égypte, Les collections du Louvre en renferment des fragments dont l’ornementation porte presque exclusivement sur le manche. Les sujets représentés sont, le plus souvent, le dieu Bès, personnification de la laideur, sujet bien curieusement choisi pour orner un objet de toilette ; ou bien une jeune femme tenant un chat, symbole de la propreté et des soins minutieux donnés à la personne.
Il est plusieurs fois question des miroirs dans la Bible, notamment dans le livre de l’Exode et dans celui de Job. Dans l’Exode, il est dit que Moïse fit la cuve de bronze du temple avec le bronze résultant de la fonte des miroirs des femmes.
Chez les Etrusques où l’orfèvrerie était fort en honneur , les miroirs de métal poli étaient ornés de scènes mythologiques d’une composition compliquée et à nombreux personnages. La Bibliothèque nationale, le British Muséum en possèdent plusieurs fort intéressants trouvés dans des tombeaux, comme d’ailleurs la plupart des objets antiques conservés aujourd’hui dans les collections. En Grèce, à Rome, les miroirs métalliques étaient d’un usage journalier : Ils étaient répandus dans toutes les classes de la société, comme le montrent les peintures, les sculptures, les nombreuses allusions à cet objet que l’on rencontre clans les auteurs et les fréquentes trouvailles faites dans les ruines.
On a recueilli de très beaux miroirs à Pompéi ; certains portent gravé sur leur manche le nom de leur propriétaire.
On se servit d’abord de miroirs de bronze ; Corinthe et Brundusium étaient renommées pour leur fabrication ; plus tard, on donna la préférence à l’argent, soit pur, soit il un titre inférieur. Ces miroirs étaient, en général, petits, ronds ou ovales et munis d’un manche pour les tenir à la main. Certains sont formés de deux disques dont le second forme couvercle sur le premier. Pour remédier à la fragilité du poli, une éponge était suspendue à une chaînette fixée elle même au miroir. Souvent le passage de l’éponge ne suffisant plus à raviver le miroir terni, il fallait une friction énergique avec de la poudre de pierre ponce.
En dehors de ces ustensiles de toilette, il existait aussi des miroirs métalliques de grandes dimensions que l’on fixait à la muraille et dont on garnissait parfois des chambres entières.
Les miroirs de verre doublés de métal étaient déjà connus de l’antiquité comme l’a montré récemment d’une façon indiscutable, M. Berthelot, l’éminent chimiste. La fabrication s’en était perdue au cours des invasions barbares, mais ils furent inventés de nouveau à Venise, au début du XIIIe siècle.
Malgré cela, pendant tout le moyen-âge on continua à se servir de miroirs métalliques, en bronze, en acier ou en argent. On en rencontre même encore au XVIe siècle ; le Musée de Cluny en possède plusieurs de cette époque. Ils se portaient suspendus à la ceinture par une chainette de métal précieux.
Le beau miroir à main dont nous reproduisons le revers date de 1561. Il est en argent ciselé ; c’est l’œuvre remarquable de Charles Etienne Delaulne (1520-1583) orfèvre attaché à la Monnaie, sous Henri III, pour la gravure des poinçons. Il est impossible de ne pas admirer l’élégance de ce gracieux objet dont une estampe de l’époque nous a conservé le charmant aspect.