Cet article a été rédigé à partir de mes lectures (L’avocatier en milieu tropical (agridoc synthèse technique n°100) et Un arbre qui produit du beurre, Victor Forbin, Sciences et voyages N°232 - 7 février 1924) et mon expérience personnelle. Que cet article vous soit utile pour réussir vos plantations d’avocatier.
L’arbre
L’avocatier (Persea americana) est une espèce d’arbre fruitier de la famille des Lauracées, originaire d’Amérique centrale, largement cultivé pour ses fruits, les avocats, riches en lipides, consommés comme légumes. Consommé depuis longtemps dans les régions de l’Amérique centrale, l’avocat y était perçu comme le plat du pauvre. Mais, durant les années 20, le ministère de l’agriculture des États-Unis a organisé une mission qui parcourut le globe à la recherche des arbres et des fruits nouveaux. L’avocat a fait partie de ses trouvailles.
Sa région d’origine laisse deviner les contraintes de culture que nous pouvons subir dans les régions à climat tempéré comme la France.
Si vous voulez produire des fruits, sachez que l’avocatier peut être cultivé du niveau de la mer à 2000m d’altitude en milieu tropical. La température optimale est située à 25°C sans descendre au-dessous d’une température moyenne de 15°C pour les mois les plus froids. Il n’est donc pas impossible d’obtenir des avocats en France Métropolitaine mais les zone propices sont peu nombreuses.
L’avocatier a besoin de beaucoup d’eau (1200mm à 1600mm d’eau par an répartis sur toute l’année) avec une hygrométrie de 70 à 80 %.
L’ensoleillement a aussi une grande importance : plus de 2000h/an.
Mais les conditions climatiques ne sont pas les seules contraintes. Un mien cousin, habitant en Guyane, m’a dit avoir eu pendant de nombreuses années un avocatier dans son jardin qui n’a jamais produit alors que son voisin avait un arbre du même âge qui croulait sous les fruits. Cette situation peut être due au fait que, dans la plus part des variétés, les fleurs d’un avocatier n’activent pas les fonctions femelles et mâles en même temps. Ce qui rend un arbre donné généralement « stérile ». Dans son cas, le voisin devait avoir un avocatier dont les fonctions femelles étaient actives quand les fonctions mâles de l’avocatier de mon cousin l’étaient également. Malheureusement pour lui, l’inverse ne se produisait pas.
Les conditions de culture
L’avocatier préfère les sols légers et/ou bien drainés et éventuellement légèrement acides ; beaucoup d’eau mais pas stagnante ; du soleil en abondance mais pas brûlant.
De mon expérience personnelle, il ressort que l’avocatier ne supporte pas les atmosphères chaudes et sèches et préfère de loin une ambiance humide et fraîche. S’il est soumis à la sécheresse, ses feuilles vont brunir, sécher puis tomber. Il reprendra sa croissance dès le retour de conditions favorables, mais en se dénudant du pied. Il semble également qu’il soit sensible à l’acidité du sol [1]. Dans ce cas les feuilles vont brunir et sécher. Il reprendra, là encore, une croissance normale dès que la terre aura retrouver un Ph plus neutre. Par contre un excès d’eau se traduit par des feuilles molles et tombantes dont la plante ne se remettra probablement pas s’il est prolongé.
Pour la culture sous nos climats, il est important de savoir que les avocatiers qui donnent les fruits les plus fréquents sur les étales des primeurs sont issus de variétés qui peuvent résister au gel jusqu’à -7 ou -8 °C pendant de courte période s’ils sont abrités du vent.
Attention : Les espèces dites antillaises ou tropicales reconnaissables par la taille de leur fruit ne supportent pas des températures inférieures à +5°C.
Sa multiplication
Il est possible dans de bonne conditions d’obtenir un avocatier par bouturage. Je n’ai personnellement jamais testé cette méthode lui préférant la méthode beaucoup plus simple du semis.
Semis : Deux écoles se concurrencent.
1) Le cul dans l’eau :
Après avoir ouvert le fruit en deux dégagez le noyau. Certains préconisent de le peler pour enlever la petite peau qui y adhère (Attention à ne pas endommager le noyau). Le piquer de trois allumettes au tiers de sa hauteur et le placer au-dessus d’un verre d’eau en s’assurant qu’il y baigne en permanence. Choisissez un récipient profond afin que la racine puisse s’y développer à son aise. Transplantez en terre quand des radicelles sont apparues. |
2) Dans la terre :
Après avoir ouvert le fruit en deux, dégagez le noyau. Le placer dans un mélange de terreau et de sable. Ne pas l’enterrer complètement mais seulement au tiers. |
Armez-vous de patience : La germination peut prendre plusieurs semaines voire ne jamais se produire. (Taux d’échec constaté : 10%). Personnellement, je les mets dans la terre à l’automne. Ils passent tout l’hiver dehors et j’ai le plaisir de les voir germer au printemps. Quelque soit la méthode utilisée, vous devez placer le noyau pointe en haut. S’il est presque rond, vous reconnaîtrez ce sens par la présence un léger creux à l’autre extrémité. Vous pouvez trouver avantage à retirer la petite pellicule qui enveloppe la graine, mais attention à ne pas entamer celle-ci. | < |
Sa croissance
C’est un arbre à croissance relativement lente. Il atteint plus de dix mètres à l’âge adulte et ne donnera pas de fruit avant 8 ou 9 ans. Ses fleurs sont sans intérêt. Il perd ses feuilles tous les ans en quasi intégralité mais après avoir fait les nouvelles feuilles. Les nouvelles feuilles sont d’abord rougeâtres avant de prendre leur couleur définitive : Vert tendre.
Octobre 2006 (un an) |
Mars 2007 (Un an et demi) |
Août 2007 (deux ans) |
Mars 2008 (deux an et demi) |
Mars 2013 Le petit bonhomme continue sa croissance gentiment. Il va peut-être me falloir l’élaguer avant que les voisins ne s’en plaignent. J’ai trop attendu et ses 6 m ont attiré l’attention sur lui. J’ai du le couper. Il faut dire qu’il poussait à moins de 0,5 m du mur du cellier du voisin. |
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Je suis loin d’être menuisier, mais voilà ce que j’ai réalisé avec son tronc. |
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Sa culture comme plante d’ornement L’avocatier, comme les citrus et nombre de palmiers est une plante qui sera plus belle si elle est exploitée comme plante d’orangerie. C’est à dire remisée dans une serre froide durant la mauvaise saison et placée en terrasse pendant les beaux jours. Il faut éviter de le placer à un endroit exposé aux vents froids et s’assurer qu’il bénéficie d’un bon drainage s’il est soumis à des pluies intenses. Certaines variétés nécessiteront le pincement des bourgeons terminaux si vous ne voulez pas avoir une longue tige sans feuilles.
N.B. :
- L’avocatier ne supporte pas le chauffage par le sol. Le chauffage de mon bureau a eu raison de mon avocatier tropical avant que je ne comprenne l’origine du problème.
- J’ai cessé de jeter les noyaux d’avocat au composteur. Ils y germent trop facilement.
- L’avocatier supporte très bien la neige. Les miens ont passé près d’une semaine sous 40cm de neige sans encombre.
- Les restes du noyaux disparaîtront avec le temps. Il est inutile de les enlever, mais s’ils se détachent, ne vous inquiétez pas. Votre plante ne craint rien.
- Si votre avocatier est exposé au gel et que feuilles branches deviennent molle, ne coupez pas inutilement attendez la reprise de la végétation pour couper les parties réellement mortes. Elles se reconnaitront très facilement au fait que le bois noirci et sèche. Par contre, si vous coupez les parties abimées juste après l’exposition au gel, vous risquez de gêner la reprise et de couper des branches qui allaient repartir. Et surtout parce que l’avocatier n’aime pas la taille.