Un cactus de 12 mètres

Pierre de Mériel, La Nature, N°1391 - 20 Janvier 1900
Samedi 28 février 2009 — Dernier ajout dimanche 17 mai 2009

Nos lecteurs n’ont assurément pas oublié l’article très intéressant que notre collaborateur, M. Poisson, a consacré à l’exposition des richesses qu’un autre collaborateur de La Nature, et non des moindres, M. Diguet, avait rapportées de son voyage en Californie( [1] ) Parmi les choses les plus curieuses de cette exposition , étaient des documents photographiques et autres sur les diverses espèces de cactus , qui constituent presque à elles seules la vie végétale de la Basse Californie et des autres régions arides du sud des Etats-Unis. A plusieurs reprises, ce journal a entretenu ses lecteurs des bizarreries de cette végétation toute spéciale , qui vit où , pour ainsi dire, toutes les autres plantes mouraient ; mais ce n’est pas une des bizarreries les moins curieuses de cette famille de plantes, que la variété des dimensions que présentent ses différents spécimens. Si en eflet il est de ces cactus qui n’ont que quelques centimètres de hauteur, il en est au contraire qui atteignent vraiment des proportions gigantesques. M. Poisson signalait des espèces qui peuvent avoir une taille de 15 à 20 mètres, et le fait est qu’un correspondant du Scientific Arnerican, M. A. F. Messinger, photographe des plus habiles de Phoenix, dans l’Etat d’Arizona, vient de lui envoyer une excellente photographie représentant un cactus qui atteint presque ces proportions énormes.

Pour les gens qui pourraient être tentés d’aller visiter cette plante vraiment extraordinaire, nous dirons qu’elle se trouve à une douzaine de kilomètres de la ville de Phoenix, près de la Réserve dite de Pima : les curieux feront bien du reste de se hâter, car elle est évidemment arrivée depuis un certain temps à son maximum de développement, et elle commence à pourrir du pied. Ainsi qu’on peut s’en rendre compte avec une suffisante appréciation par rapport aux personnages que l’on voit dans la photographie, le cactus en question a au moins une douzaine de mètres de hauteur.

Avant de terminer, nous rappellerons qu’il ne faut pas se figurer que les car-tus sont intéressants seulement au point de vue de la curiosité pure : il a été déjà indiqué ici le parti que l’on en tire dans la plupart des pays où ils sont particulièrement abondants. Mais il est bon d’attirer aussi l’attention sur les services qu’ils peuvent rendre, par exemple pour former des clôtures, à la campagne ; d’autre part dernièrement M. Rolland-Goselin les recommandait pour entourer les plantations de pin. Par la quantité d’eau qui est accumulée dans leur tissus, ils sont pratiquement incombustibles, et un incendie de broussailles est forcé de s’arrêter à leur pied, sans pouvoir passer de l’autre côté et gagner ensuite les arbres de la plantation qu’ils entourent. Ajoutons encore qu’un cactus, tout au moins celui que l’on nomme le figuier de Barbarie, donne des fruits contenant une assez grande quantité de sucre, susceptible de fermentation, et pouvant fournir par suite un rendement important en alcool.

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