Il est un groupe de plantes auxquelles on donne communément le nom de plantes grasses ; et quoique cette dénomination ne s’adresse pas seulement aux représentants d’une classe ou d’une famille de plantes déterminées, les personnes les moins versées clans l’étude de la botanique ou la pratique de l’horticulture savent que c’est surtout aux cactées que cette qualification s’applique.
Pourquoi, à peu d’exceptions près, ces végétaux affectent-ils des formes étranges .et lourdes, et sont-ils la plupart du temps privés de feuilles ? C’est une des questions les plus intéressantes de l’organographie végétale, un cas tératologique d’une constance remarquable dans la transmission aux descendants de l’espèce, et qui prouverait jusqu’à un certain point que le milieu n’a pas toujours l’influence qu’on cherche à lui attribuer, puisque ces végétaux exotiques même par le semis ne semblent pas s’être modifiés dans nos cultures. Les naturalistes ont remarqué de tout temps que les régions chaudes et sèches, ainsi que les plateaux élevés des montagnes, offraient une végétation spéciale que ne présentent pas les vallées. Celles-ci, surtout lorsqu’elles sont parcourues par des cours d’eau, montrent une verdeur bien connue, et chacun sait que c’est à l’humidité de l’air et du sol qu’est due cette exubérance du feuillage. Par contre, les voyageurs qui parcourent l’Arabie, les régions désertiques de l’Afrique ou de l’Asie, sont attristés par l’apparence misérable de la végétation qui les entoure. Là, au contraire, l’espèce a pris un faciès inaccoutumé, les feuilles ont diminué de taille ou même ont disparu ; mais en compensation les rameaux se sont multipliés, sont devenus volumineux ; les feuilles sont changées en épines, ou toute la plante s’est couverte de poils nombreux. Et telle espèce qui sous notre ciel tempéré déploie tous ses moyens, ne deviendrait qu’un buisson disgracieux sur les bords de la mer Rouge, s’il était possible qu’elle pût s’y rencontrer. Mais les connaissances qu’on possède en géographie botanique ne permettent que rarement de voir des plantes ayant une aire très-étendue en latitude surtout, et plus rarement encore d’en signaler de cosmopolites. C’est donc sur des espèces souvent très-voisines l’une de l’autre, mais presque toujours distinctes, que l’on constate ces dissemblances de formes, de vestiture en un mot, que prennent les végétaux lorsqu’ils sont destinés à vivre dans des climats totalement différents.
On est vraiment surpris quand on voit un genre très-naturel , comme celui des Euphorbes (Voy. la Nature, n° 107, sur les Euphorbes cactiformes) par exemple, présenter des différences aussi frappantes dans le port, selon qu’elles sont munies de feuilles ou qu’elles en sont dépourvues, et ce caractère morphologique s’accorder presque toujours avec la distribution géographique des espèces. C’est justement ce genre Euphorbe qui se prête le mieux à l’entrée en matière d’un article sur les Cactées, au point de vue comparatif. Les botanistes savent que la flore des pays secs présente des caractères spéciaux, qui consistent en une végétation pour ainsi dire condensée, et qui subit sous cette température, qui exige une abondante transpiration des êtres organisés, une contraction dans les organes appendiculaires, lesquels, comme on sait, sont ordinairement chargés des fonctions de la respiration. Aussi voit-on presque toujours les végétaux de ces contrées se mettre en garde, en quelques façons, contre une dépense trop grande, et pour diminuer les surfaces d’évaporation, essayer de les masquer, en opposant un épiderme d’une grande épaisseur, en amoindrissant le nombre des stomates, ou bien en ayant leurs feuilles cou- vertes d’un duvet blanchâtre destiné sans doute à atténuer l’intensité des rayons caloriques. Certaines régions sèches de l’Asie et de l’Afrique, le cap de Bonne-Espérance, l’Australie et les plateaux élevés des Andes sont les localités préférées de cette végétation particulière.
Les Cactées, dont, à peu d’exceptions près, la culture est si facile dans nos serres froides et tempérées, rentrent, plus qu’aucune autre plante, dans cette catégorie de végétaux condensés. S’il était possible qu’un Cactus, par un écart de végétation , prit des feuilles normales, il est plus que probable que cette tige charnue , volumineuse, qu’on connaît à ces plantes, serait notablement diminuée et qu’elle n’aurait pas cette verdeur qui couvre toute sa surface. Cette hypothèse devient réalité dans le genre Pereskia, qui appartient à la famille qui nous occupe : ici toutes les feuilles se développent d’une façon légitime, et la tige alors ne présente rien d’anormal. Comme on le voit, il y a dans ce phénomène morphologique quelque chose de saisissant, une restitution vraiment admirable , que la nature fait à l’être organisé qu’elle a dépouillé d’une parure ou d’un organe utile, mais en compensation, elle lui fournit des moyens multiples de satisfaire à ses fonctions les plus essentielles. C’est là ce que les naturalistes nomment le balancement organique ; c’est-à-dire que si un des organes diminue d’importance ou vient à manquer, les organes voisins s’emparent de la somme de matière et de force disparues et se chargent alors des fonctions de ces organes transmutés ; ce qui est justice.
Si en effet on sectionne une tige de Cactée, on est frappé de la masse de tissu mou et vert extérieurement qui entoure le cylindre ligneux. Il est facile de comprendre que cette surface verte est formée de la même matière que des feuilles, que la nature a répandue sur toute la périphérie de la tige ou des rameaux, et que les fonctions de respiration sont dévolues à cette même surface, laquelle est couverte de stomates, petits organes qui sont généralement portés par les feuilles. Mais si celles-ci ont disparu, elles ont laissé des traces de la place qu’elles devaient occuper, par la présence d’un coussinet plus ou moins proéminent, et des aiguillons nés d’un des bourgeons qui surmontent la feuille absente, démontrent suffisamment que c’est de ce point que sortira un rameau ou une fleur, comme cela se passe pour tout végétal phanérogame.
Les fleurs brillantes de plusieurs espèces de Cactées sont trop connues pour que nous en parlions longuement ; cependant ces plantes sont le privilège de quelques établissements publics ou horticoles ou d’un petit nombre d’amateurs ; elles sont beaucoup moins répandues qu’on ne le pense -et qu’elles mériteraient de l’être. Il est vrai que la grâce, l’élégance ne sont pas le propre des plantes grasses, il faut être passionné pour ces bizarreries végétales pour les bien goûter ; mais rien ne s’opposerait à ce que dans une serre intelligemment garnie, on associe aux Cactées des plantes à feuillage élégant qui contrasteraient alors avec la froideur de leurs voisines ; c’est ainsi qu’un praticien de goût doit procéder.
La somme des Cactées cultivées pour leurs fleurs est relativement faible, si l’on envisage le nombre considérable des espèces que fournit cette famille. Ce sont les genre Epiphyllum, Phyllocactus et quelques Cereus, dont la tige est plus ou moins élancée, aplatie ou anguleuse, ou presque cylindrique, et qui donnent des fleurs roses ou écarlates, et qui ont, pour quelques-unes des espèces, le privilège de fleurir en hiver et par cela même n’en sont que plus recherchées.
Les autres genres, et principalement les Melocacus, Mamillaria, Echinocactus, etc. , sont des plantes à tige courte, ramassée en forme de dôme et à côtes plus ou moins saillantes et garnies d’aiguilles souvent redoutables et de teintes diverses. C’est la plupart du temps à ces piquants, droits ou arqués, striés, etc., et de tailles différentes, qu’est due l’unique parure de ces Cactées méloniformes, car le plus souvent elles sont des années sans fleurir et sauf quelques espèces, leurs fleurs sont assez insignifiantes.
Par suite d’une ingénieuse relation qu’on a cru voir entre le nombre des côtes de ces plantes et celui des lignes perpendiculaires des feuilles sur les rameaux des autres plantes, on est arrivé à admettre que chaque côte correspond effectivement à une série de feuilles superposéees, et dont les personnes qui se sont exercées à étudier ce qu’on nomme la phyllotaxie ou arrangement des feuilles sur la tige se - souviendront. Le physicien Bonnet a le premier remarqué que les feuilles suivent sur la tige une spirale plus ou moins allongée ou raccourcie, et que pour arriver à déterminer cette spire, il faut faire une fois, deux fois, trois fois, etc. le tour du rameau. En tenant compte des tours de spire et du nombre de feuilles qu’on rencontre pour atteindre la feuille qui est superposée à celle du point de départ, il était arrivé à des calculs fixes, représentés par les formules 1/2, 1/3, 2/5, 3/8, 5/13, 8/21, etc., le numérateur représentant les tours de spire et le dénominateur le nombre de feuilles rencontrées. Les Cactées dont nous parlons, en effet, dédoublent leurs côtes dans le même ordre, et c’est encore une preuve à l’appui de la métamorphose si singulière des feuilles dans ces plantes.
Il ne faudrait pas croire que tout l’intérêt de la fleur des Cactées s’arrête ici. Un certain nombre d’espèces de Cereus, au lieu de s’épanouir le jour, profitent invariablement de l’obscurité pour ouvrir leurs corolles. Beaucoup de jardiniers et d’amateurs se rappellent avoir guetté le soir avec une lanterne le moment où cette fleur « qui fuit Phoebus et sourit à la nuit », se laisserait surprendre dans toute sa beauté. On peut dire sans exagération que les espèces auxquelles nous faisons allusion offrent un spectacle digne d’être recherché : la taille de la fleur, qui ne mesure pas moins de 20 à 25 centimètres de long et largement ouverte comme un énorme volant à joue, la teinte blanche ou quelquefois jaunâtre des divisions nombreuses du périanthe, l’innombrable quantité d’étamines jaunes que ces fleurs portent habituellement, enfin, jointe à cela, une odeur délicieuse de vanille ou de citron, qui se dégage de cet ensemble, telles sont les fleurs des Cereus grandi flores, triangularis, Napoleonis, etc. Cette dernière espèce vient de fleurir il y a peu de jours au Muséum et comme ces fleurs ne s’ouvrent qu’une fois, c’est-à-dire pendant une nuit seulement, on risque fort de les manquer si l’on ne fait pas bonne garde. Mais ces espèces resteront toujours plantes de collections ; leur floraison se faisant souvent attendre plusieurs années, n’excite guère que la curiosité, et leur port d’ailleurs laisse beaucoup à désirer. Il vaut mieux sous ce rapport nous occuper des espèces remarquables par leur stature ou leurs propriétés et qui au point de vue pittoresque ou de l’utilité méritent d’être signalées.
La reproduction d’une photographie tout à fait inédite que donne la figure ci-jointe est peut-être ce que l’on a vu de plus curieux comme ensemble de Cactées gigantesques.
Cette sorte de forêt formée d’énormes pieds du Cereus Dyckii a été prise par M. Lewis, ingénieur français au service du gouvernement du Guatemala. Des nègres ont été placés à dessein dans le paysage pour donner la taille approximative de ces singuliers arbres, dont le tronc et les branches sont défendues par huit ou dix rangées d’épines qui en rendent l’approche impossible. On distingue très-nettement sur la photographie les fleurs et les boutons que portent les spécimens du premier plan.
Appartenant à ce groupe et beaucoup plus connu que le précédent est le C. peruvianus, très répandu dans l’horticulture. Cette espèce très-résistante et d’une multiplication facile, car la majorité des Cactées reprennent très-bien de bouture, sert habituellement de sujet pour greffer des espèces délicates ou naines. On greffe ainsi sur un tronçon de colonne cannelée de ce Cereus, un Mamillaria, un Epiphyllum ou un autre Cereus, ou tout autre genre qui s’accommode de ce procédé de multiplication. Cette pratique donne lieu souvent à des associations les plus étranges de deux plantes totalement différentes. La facilité (le reprise de ces Cereus arborescents permet de les employer aux Antilles et là où il plaît, sur le continent américain, à faire des haies, véritables clôtures d’habitations, impénétrables pour l’homme et les animaux. Avec le temps le C. peruvianus peut atteindre une très grande taille, et tout le monde connaît l’exemplaire qui se trouve dans l’une des grandes serres du Muséum, qui, s’il n’avait été arrêté dans son développement, dépasserait maintenant le faîte de cette serre, c’est-à-dire 15 mètres.
Enfin, pour compléter l’histoire de ces Cactées gigantesques, on ne peut se dispenser de signaler le plus volumineux et le plus haut des Cereus connus et qui pour cette raison a été nommé C. giganteus.
C’est en 1864 que fut faite l’exploration d’une partie des États-Unis, par le général Whipple, en vue d’établir le chemin de fer qui devait relier la vallée du Mississipi avec l’océan Pacifique. Un des membres de l’expédition, M. Engelmann, botaniste distingué auquel on doit des travaux intéressants sur les Cactées, cite une localité dans le Colorado (État voisin du Nouveau-Mexique) où les plantes de cette famille étaient en si grande abondance et en espèces si variées, que pour célébrer cette découverte, on convint d’appeler ce point Cactus Pass. Non loin de cette précieuse vallée, M. Engelmann découvrit le plus étonnant arbre qu’il ait jamais vu, il le nomma incontinent C. giganteus. Ce curieux et remarquable végétal ne vient pas habituellement en société comme les espèces précédentes, il est isolé, rarement formant des groupes ; sa forme insolite, l’attache si singulière de ses rameaux, en font une sorte de végétal antédiluvien, comme on en représente dans les décors de féeries. M. Engelmann dit qu’on prendrait ces arbres pour des monolithes, quand ils sont simples, ou de gigantesques candélabres, quand ils sont ramifiés, plantés dans des roches mêmes sans aucune espèce de sol végétal. Partout des rochers nus, calcinés par des chaleurs torrides ; si ce n’est çà et là quelques buissons de plantes diverses. Leur taille varie entre 8 mètres et 12 mètres de hauteur. La force d’enracinement de ce Cereus est considérable. Ce n’est qu’après les plus grands efforts que 25 hommes de l’escorte, dit-il, sont parvenus à renverser un exemplaire de moyenne taille. Cependant la première impression qu’on éprouve est qu’on pourra en renverser un facilement avec le pied. Ce Cereus ne fleurit pas avant d’avoir atteint 3 mètres. Quand l’âge fait périr cet arbre c’est par le sommet qu’il est frappé ; toute la partie charnue contribue à sa décomposition ; alors il ne reste plus que des portions ligneuses du centre qui se fendent facilement en long et dont les Indiens se servent comme gaules pour faire tomber les fruits mêmes de cet arbre, qu’ils apprécient beaucoup et dont ils font des sortes de confitures. Le narrateur qui rapporte ces faits dit qu’il ne sait ce qu’il doit penser de la durée de ces Cactées, mais il est porté à croire que, à cause de la lenteur du développement des individus qu’on a essayé de cultiver, les quelques exemplaires qu’il a vus mesurant 14 et 15 mètres de haut, ça doit être par milliers d’années comme pour les vieux Sequoia (Voy. la Nature, n° 112. ) qu’il faudrait compter pour estimer exactement leur âge.
De même que la plupart des Cactées, le C. giganteus craint les lieux humides ; c’est dans les endroits les plus arides et les plus secs que vivent ces plantes en général, et ces moeurs indiquent suffisamment le mode de culture qui leur convient pendant la période de repos toutefois, car les rosées et les pluies sont à considérer sous les tropiques.
Relativement à la culture des Cactées, on n’accueillera pas sans intérêt l’opinion de M. L. Neumann dont la compétence en culture de plantes de serres est bien connue. Les Cactées pour lui ont deux époques de végétation bien tranchées : l’une de repos et pendant laquelle on peut abandonner ces plantes et les priver entièrement d’eau ; puis la période de végétation, pendant laquelle alors elles devraient avoir le pied dans l’eau ou à peu près. A l’appui de cette assertion, il nous citait un de ses amis, simple amateur à Varsovie, qui s’imagina de transformer sa cour en jardin. Le terrain fut défoncé, de bonne terre et une forte couche de fumier furent apportés, puis il dessina des massifs entièrement formés de Cactées de toute sorte en pleine terre. Quand venait l’époque des chaleurs, excessives comme on sait, dans l’Est, il arrosait ses massifs, comme les maraîchers leurs salades ; puis, la mauvaise saison arrivant, il arrachait ses plantes, secouait bien leurs racines et les plaçait ainsi dans des pots vides, relégués tout simplement dans un cellier jusqu’à l’année suivante, pour être replantées à nouveau, et ainsi de suite. Il obtint des résultats merveilleux, à l’exception des Melocactus cependant, qui préfèrent ne pas quitter la serre chaude.
La géographie de ces végétaux est très-restreinte : c’est le Nouveau-Monde qui est leur patrie naturelle ; ils semblent renfermés entre le 49° de latitude boréale et le 30° de lat. australe ; mais leur véritable centre est le Mexique et les États américains avoisinants. Sur les 650 espèces environ de Cactées décrites, mais qu’une révision scrupuleuse diminuerait de nombre certainement, on n’en cite qu’une seule appartenant au genre Rhipsalis, qui ne serait pas américaine. Comme on le voit, c’est un remarquable exemple de centre de création, dont on ne trouve qu’un ou deux analogues pour des familles aussi nombreuses en espèces. Si les terrains humides leur sont antipathiques, on s’explique pourquoi on ne voit jamais de Cactées le long des cours d’eau, et lors même que comme pour les Pereskia, que Bonpland dit avoir vu descendre jusqu’au bord de la mer, c’est au milieu des aspérités les plus arides du sol qu’on les rencontre. Ainsi c’est plutôt l’air sec qui plaît à ces plantes qu’une élévation de température, et le Dr Weddell, dans ses voyages en Amérique du Sud, signale de véritables futaies de Cereus qu’il aurait aperçues dans le voisinage de la Paz, c’est-à-dire à une hauteur d’environ 4000 mètres et non loin des neiges perpétuelles. D’ailleurs, au Mexique même, le naturaliste-voyageur Bourgeau, qui faisait partie de l’expédition scientifique, remarqua bien au-dessus du plateau de Mexico de nombreuses Cactées, allant jusqu’à de grandes hauteurs, et l’on cultive en plein air au Muséum depuis plusieurs aimées, des Opuntia, qu’on croyait naguère plantes tropicales, et qui prospèrent très-bien sans aucun abris.
Puisque ce nom d’Opuntia vient sous notre plume, il n’est pas sans importance de rappeler que c’est à l’O. vulgaris qu’on donne le nom de Figuier d’Inde ou de Barbarie. Cette plante dont les rameaux aplatis et ovales lui ont valu aussi le nom de semelle du pape, est répandue depuis les temps les plus reculés en Afrique et en Asie et jusque dans l’Europe méridionale, où elle se développe comme en Amérique. Les deux usages qu’on lui reconnaît sont de faire d’excellentes clôtures vulnérantes pour les hommes et les animaux et qui par cela même les en éloignent. Les soldats qui ont fait les campagnes d’Afrique se rappellent que pendant la guerre ils arrivaient à se frayer un passage souvent après les plus grands efforts, en abattant à coups de sabre une portion de haie de Figuier de Barbarie, mais non sans souvent se blesser aux épines terribles de cette plante. Enfin ils ont appris aussi comment les Arabes procédaient pour manger les fruits d’Opuntia, qui sont acidulés et sucrés, et qui n’ont pas, parait-il, l’inconvénient qu’ont la plupart des fruits du tropique sur la santé des Européens nouvellement débarqués. Leur surface revêtue de petits faisceaux de fins aiguillons en rendrait la consommation impossible, sans la préparation préalable suivante. On jette dans un vase à demi rempli d’eau les fruits qu’on vient de cueillir avec précaution, puis on agite vivement avec un bâton ; il s’ensuit un frottement réciproque des fruits qui détache les piquants qui viennent flotter à la surface. On décante et l’opération répétée deux ou trois fois est satisfaisante.
Les indigènes mangent cuits les jeunes rameaux de certaines Cactées dépouillés des aiguillons, comme nous le faisons des asperges, et le Gardener’s Chronique signalait, en 1849, un usage curieux du Cereus grandiflorus, dont les boutons pouvaient fournir « une excellente salade ». (?)