Epingles et fibules

La Science Illustrée N° 636, 3 Février 1900
Samedi 21 février 2009

La nécessité de réunir, pour se préserver du froid ou pour la commodité de la marche, les deux extrémités d’une peau de bête, a donné, sans doute, l’idée de la première épingle qui consista en quelque piquant de plante ou en un fragment d’os usé sur la pierre.

Après avoir servi à réunir, l’épingle a servi aussi à orner ; l’antiquité nous a laissé de ces objets qui sont de véritables bijoux par la matière et par la forme.

Chose curieuse, on connaissait déjà, dans ces temps lointains, l’épingle de nourrice si ingénieuse, avec sa pointe protégée par un appendice qui l’empêche ; à la fois de blesser et de se détacher : c’était la fibule. On en a trouvé de l’époque du bronze dont la forme est très analogue à celle qu’elles ont encore de nos jours. Les fouilles faites en Italie, en Grèce, en Hongrie, en Alllemagne, en France, etc., ont ramené au jours des fibules antiques ; ce qui indique que leur usage était général, comme il l’est aujourd’hui.

De simple épingle destinée à rapprocher les deux pans d’une étoffe, la fibule devint une sorte de broche ou d’agrafe, par suite de l’adjonction d’une plaque destinée à supporter et à cacher l’épingle proprement dite et l’anneau dans lequel elle pénétrait.

L’ornementation a porté surtout sur cette plaque qui prit parfois des proportions énormes, mais, l’épingle elle-même ou l’arc de l’anneau présentent des torsades, des renflements, des perles et des pierres précieuses.

Dans les tombeaux étrusques, on a rencontré d’admirables fibules ornées de méandres, de petites granulations qui courent en cordonnets sur la plaque ; la perfection des soudures n’est pas moins remarquable que la délicatesse du travail.

Quant aux épingles ordinaires, elles étaient en bronze, à tête élargie, beaucoup plus grandes que les nôtres ; souvent la tête est creuse et renferme un fil qui servait peut-être à la fixer.

Les dames romaines employaient pour la coiffure des épingles qui se fixaient dans le chignon et maintenaient l’édifice compliqué qui surmontait leur front. . . .

Le discriminale était une longue épingle employée pour séparer les cheveux en mèches. L’épingle antique de toilette était fort gracieuse ; elle se terminait par un gland, une fleur, une figurine ou fréquemment, par une main tenant une pomme, sans doute celle que Pâris décerne à la beauté.

Le moyen-âge nous a laissé des fibules ornées d’émaux cloisonnés ou richement orfévrées. Pendant la Renaissance, l’épingle de toilette est ornée de pierres précieuses souvent suspendues, ballantes, d’où le nom de ballaux donné à ces bijoux. L’inventaire de Gabrielle d’Estrées en mentionne neuf de diamant avec leurs aiguilles d’or.

Les épingles pour coiffures, les épingles de cravates pour hommes forment une des branches importantes de la joaillerie actuelle qui présente des modèles très variés, imitations de tous les styles.

Le joli bijou que nous reproduisons et qui se termine par un si gracieux narcisse en brillants est l’œuvre de Masssin ; il a figuré à l’Exposition universelle de 1878.

Un mot maintenant, sur les épingles industrielles.

Les espingles ou espinchaux en laiton étamé sont citées dès 1360 ; les « espingles à la façon d’Angleterre », ou espingoles de nourrice, étaient recherchées en France au début du XVe siècle. Elles sont déjà considérées comme si nécessaires à la toilette des femmes, que dans les comptes relatifs à ces dernières, leur nom figure comme synonyme de menues dépenses. Au début du XVIIIe siècle, les Anglais imaginèrent de remplacer le laiton par le fer et aujourd’hui les deux métaux sont employés concurremment à peu près partout.

Amfrie, de Laigle (Orne), introduisit, en 1837, la fabrication des épingles en fer dans notre pays ; elle se fait aujourd’hui partout à l’aide de machines et le chiffre de ces petits ustensiles mis en circulation chaque année dans le monde entier, est formidable. C’est un des articles d’importation dont le marché est pour ainsi dire sans limites, car la fabrication de ce modeste article de toilette, nécessitant un outillage d’une perfection absolue, est demeurée entre les mains des nations industrielles. Chez les populations qui sont dans un état de civilisation peu avancée, les épingles provenant de l’Europe ou de l’Amérique du Nord, jouissent d’une vogue incontestée, car elles remplacent avec avantage les épines végétales ou les arêtes de poissons. Quant aux épingles décoratives, celles dont les femmes se servent pour fixer leurs coiffures, elles offrent une variété sans limites, au point de vue de la matière employée et des formes adoptées.

Vos témoignages

  • commeat roland 7 novembre 2014 11:23

    bonjour, je cherche des renseignements concernant un épingle a nourrice de longueur 177 mm plaqué or au centre deux ailes avec une petite pierre verte (?) a chaque extrémité se situe une pierre bleu turquoise. quel est le non de se bijou et a quoi il servait, si vous voulez une photo faite en moi la demande par mail cordialement

    • Epingles et fibules 7 novembre 2014 13:45, par Denis Blaizot

      Bonjour,

      Nous ne sommes pas des spécialistes. Aussi, nous sommes dans l’incapacité de vous aider sur votre simple description. Vous pouvez nous envoyer la photo. Elle sera mise en ligne pour permettre à d’autres visiteurs de vous donner un début de réponse.

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