Réunir sous une même enveloppe portative, tous les instruments nécessaires pour un travail, tous les ustensiles d’une toilette compliquée, tous les bibelots que la mode exige qu’on porte, est une idée vieille comme le monde. Il s’est dépensé au cours des siècles beaucoup d’ingéniosité pour enfermer en un espace’ restreint les ustensiles les plus divers et beaucoup d’art pour orner l’enveloppe : gaîne, écrin ou coffret.
L’Égypte nous a laissé de beaux objets de ce genre dont le musée du Louvre possède quelques-uns, notamment un coffret rectangulaire en faïence verdâtre qui est probablement un nécessaire de jeu, et différentes boites à toilette en bois précieux avec incrustations et hiéroglyphes. On y voit aussi des trousses d’écrivain comprenant une palette avec des trous de deux sortes, les uns contenaient les roseaux taillés pour écrire, les autres, l’encre rouge ou noire. Parmi les objets courants, les Grecs, sous les noms de libanôtris et cibôtos avaient deux genres de coffrets, les premiers de dimensions restreintes servaient à garder l’encens et les parfums des libations, les seconds. étaient destinés à resserrer les objets précieux.
Les Romains connurent aussi ces deux espèces de coffres sous les noms d’acerra et d’arca. La cassette ou capsa des anciens était, le plus souvent, circulaire, la capsula était une capsa encore plus petite.
Parmi les trousses professionnelles qui sont parvenues jusqu’à nous, figurent encore celles des écrivains,el1es comprenaient des tablettes enduites de cire et le stylus, ou le roseau pour écrire et l’encrier.
Le moyen âge est la grande époque ries trousses et des coffrets. Les ustensiles pour broder ou coudre formaient une trousse appelée châtelaine, suspendue ’à lu ceinture de la dame. Les ustensiles de table, couteau, ainsi que cuiller et fourchette ; dont l’emploi était rare alors, se réunissaient dans une trousse. Celles de l’écrivain, du miniaturiste comprenaient une corne d’animal renfermant l’encre, (on la tenait à la main pendant qu’on écrivait), des plumes, le canif et de nombreux grattoirs ; tout cet ensemble se portait suspendu à la ceinture.
Le maitre-queux tenait enfermés dans une trousse les ustensiles de sa profession, et quelquefois même des épices dans une tirette à part.
A la chasse et à la guerre, on emportait l’attirail nécessaire au chargement des armes dans une sorte de gibecière qui contenait la poudre dans le pulvérin, l’amorçoir, les balles, les clefs du rouet de l’arquehuse.
Au musée de Cluny est une garniture de trousse de veneur en fer gravé et doré ; on y trouve deux ’couperets, une scie, un marteau, un tire-bouchon, deux rogne-pied, un couteau recourbé, des tenailles, etc. A la guerre, l’arbalétrier portait sur la cuisse un carquois dit trousse.
Les écrins pour joyaux et bijoux étaient aussi fort employés au moyen age, ils étaient eux-mêmes des ’bijoux, Parfois, ce sont des boîtes recouvertes de cuir, de formes variées, dont l’intérieur garni de velours est d’une couleur et d’une disposition capables de faire valoir les bijoux que l’on y enferme ; parfois, ils sont en métal précieux, en ivoire, ornés de pierreries, émaillés, ciselés, damasquinés.
L’usage, au XVIe siècle, de donner non une « corbeille » mais un coffre de mariage lors des fiançailles, mit au jour de fort beaux nécessaires. Les épisodes sculptés dans l’ornementation ont rapport à des allégories sur l’hymen, à des faits historiques empruntés aux annales des deux familles qui s’unissent ; les écussons et les armoiries se mêlent au décor.
Les cassoni, ou coffrets de mariage italiens, ont d’ordinaire leurs vantaux et les panneaux décorés de peintures dont les sujets sont analogues à ceux que nous venons de signaler. Ces coffrets de mariage renfermaient d’ordinaire des bijoux, mais parfois aussi des images saintes, des reliques, des patenôtres. On trouve dans les anciens inventaires la mention d’un très grand nombre de ces petits meubles qui étaient souvent des objets de prix.
La coutume des coffrets de mariage se retrouve sous Louis XIV ; l’ébéniste Boule en dessina deux pour le mariage du Dauphin. Le coffret d’Anne d’Autriche, offert par Mazarin , est au Louvre dans la galerie d’Apollon ; il est d’or sur taffetas bleu.
Le mot nécessaire est d’usage moderne, mais, comme on le voit, la chose est fort ancienne. Le XVIIIe siècle a fabriqué des nécessaires qui sont de véritables bijoux d’une très grande valeur. Celui que reproduit notre gravure fait partie d’une collection léguée en 1873, au musée du Louvre, par M. et Mme Philippe Lenoir. Il est en jaspe rouge-onyx, décoré de montures d’or, ciselé, découpé en rinceau. Au fermoir, sur une bande d’émail blanc qui borde le couvercle, on lit ces mots : « Votre fidélité fait ma seul (sic) félicité. » L’étui renferme une tablette d’ivoire, deux petits flacons de cristal avec bouchons d’or, une pince d’or, une cuiller, un porte-crayon, un cure-oreille.
Les nécessaires aujourd’hui sont très nombreux ; on en a fait pour toutes les professions, pour tous les jeux et les sports, pour tous les besoins ; nécessaires de toilette avec épingles, peignes, cure-ongles, poudre de riz, parfums, etc ; nécessaires de voyage avec brosses, ciseaux, flacons ; nécessaires à ouvrage avec dés, aiguilles, ciseaux, passe-lacet, etc. Il en est de très élégants, il en est beaucoup plus dans lesquels l’art n’a rien à voir et qui n’ont qu’un seul mérite, celui du bon marché.