Le canal des pharaons et des khalifes

P.-Hyppolyte Boussac, La Nature N° 2901 - 15 mars 1933
Dimanche 20 septembre 2015

I L’idée de relier la Méditerranée à la Mer Rouge remonte à la plus haute antiquité. Quinze siècles environ avant notre ère, cette idée avait déjà été réalisée par l’exécution d’un canal qui mettait en communication le Nil avec la mer Rouge, C’était une déviation, en amont de Bubastis de la branche Péluniaque du Nil, la plus orientale de ce fleuve. Elle se dirigeait d’abord vers le Nord-Est, suivait la vallée de l’Ouadi Toumilat (la terre de Gessen de la Bible), puis descendait vers le sud-Est, traversait les Lacs-Amers et, s’infléchissant vers le Sud, venait se déverser dans la mer Rouge, tout près de la ville actuelle de Suez (fig. 1).

Sa longueur, d’après Hérodote, était de quatre journées de navigation et Sa largeur permettait à deux trirèmes de passer de front.

Suivant Strabon, cette largeur égalait cent coudées et sa profondeur était suffisante pour donner passage aux plus grands bâtiments. Pline seul l’a déterminée en l’exagérant et lui donne 40 pieds.

Cette entreprise a été attribuée à divers souverains. Hérodote en attribue l’exécution à Néco fils de Psammetik 1er ; Aristote, Diodore de Sicile, Strabon, Pline à Sésostris, Darius et Ptolémée Philadelphe ; mais tous le laissèrent inachevé, parce qu’ils craignaient que la mer Rouge étant plus élevée que le sol de l’Égypte, celle-ci serait submergée.

Cette assertion sur l’inégalité du niveau des deux mers a persisté jusqu’à nos jours. En 1798, la commission d’Égypte l’a affirmée également, d’après le rapport des ingénieurs, déclarant que le niveau de la mer Rouge était plus élevé de 9,908 m que celui de la Méditerranée.

Aujourd’hui, il a été établi que les deux mers sont parfaitement de niveau. C’est un fait désormais acquis à la science de l’hydrographie et placé au-dessus de toute discussion.

II

D’après ce qui précède on voit que la plupart des écrivains ont attribué à Sésostris l’honneur d’avoir le premier entrepris la création du canal.

D’autre part, Wilkinson avance que dans les ruines de l’une des villes qui s’élevaient sur ses rives, il a trouvé un monument portant des sculptures et le nom de Ramsès II [1]. « Chose fort heureuse, ajoute-t-il, puisqu’elle est une preuve solide qu’elle existait (cette ville) à une période au moins aussi ancienne que celle du règne de ce monarque ». [2]

La preuve d’une antiquité encore plus ancienne nous est offerte par un bas-relief sculpté sur la paroi extérieure du mur nord de la salle hypostyle du temple de Karnak.

Ce bas-relief (fig, 2), orienté au sud, représente Seti 1er père de Sésostris, au retour d’une expédition contre les Rotennou, arrivant devant la ville de Zalou, bâtie sur la rive droite du canal, à l’endroit même où celui-ci prend naissance, dans la branche Pélusiaque.

Ceci nous montre que ce cours d’eau artificiel existait déjà bien avant Sésostris, mais ne permet pas encore d’établir, d’une façon certaine, à quel monarque on doit l’attribuer.

On a vu plus haut que Pline a déterminé, en l’exagérant, la profondeur du canal à laquelle il donne 40 pieds et que, de son côté. Strabon déclare que cette profondeur était suffisante pour de grands navires, ce qui suppose un tirant d’eau de 12 à 15 pieds. Or cette profondeur n’est point nécessaire pour les vaisseaux du Nil, il est donc à croire que le canal avait été creusé pour recevoir des navires pouvant naviguer également sur la mer.

Existant déjà du temps de Séti 1er, comme le prouvent les bas-reliefs de la salle hypostyle de Karnak, et rien n’autorisant à l’attribuer à ce prince, ce canal n’a pu être établi que par un souverain ayant accompli une importante expédition maritime.

III

Les Égyptiens faisaient une consommation prodigieuse de parfums, pour le culte de leurs dieux. Aussi les Pharaons envoyaient-ils souvent leurs vaisseaux à la recherche des lieux qui produisaient l’encens et la myrrhe. Ils donnaient à ces pays lointains les noms de Pount et de To-Nuter : terres divines.

Les inscriptions donnent le nom de Neh-t-Ana, mot à mot Sycomore de l’Ana, à un arbre qui était très abondant au Pays de Pount, et dont les bas reliefs de Deïr-el-Bahari nous offrent de nombreuses images.

Cet arbre est gros, contourné, ainsi que ses branches, les feuilles sont allongées comme celles de l’olivier, et semblent terminées en pointe aiguë. Dans ces bas-reliefs, indépendamment du feuillage, on remarque, adhérents à l’écorce du tronc et à la naissance des plus fortes branches, de petits lingots irréguliers, a, b, c, représentant la gomme ou résine qui s’écoule spontanément, avant l’incision (fig. 3). La description que fait Pline [3] de la myrrhe et de l’encens nous permet de conclure que c’est de l’arbre à myrrhe, plutôt que de celui de l’encens, que sortait la substance que les Égyptiens nommaient ana et que nous désignons par le nom de myrrhe.

C’est du pays de Pount que venait l’ana préféré, le plus suave, le plus pur.

IV

La première expédition remonte à la XIe dynastie. Le Pharaon Sonkh-Kara envoya à Pount un fonctionnaire, chargé d’explorer la contrée et de lui ramener des ana frais. Mais parmi les travaux qu’il fit exécuter : creuser des puits et établir une route entre le Nil et la mer Rouge, il n’est fait mention d’aucun canal. Il faut pour cela descendre jusqu’à la XVIIIe dynastie.

C’est. seulement au temple de Deir-el-Buhari, œuvre de la reine Hatasou, comme l’attestent les nombreuses inscriptions, qu’il est fait mention d’une importante expédition maritime aux marches de l’ana. On peut donc affirmer, que c’est à cette princesse que revient l’honneur d’avoir la première fait creuser, seize siècles environ avant J.-C., un canal qui peut être considérer comme l’ancêtre du canal de Suez actuel.

V

Hatasou appartenait à cette race de femmes de génie qui conçoivent de vastes projets et ne reculent devant aucun obstacle pour accomplir les plus audacieuses entreprises. Pour mieux remplir son métier de roi, en imposer par un aspect viril, elle s’habillait en homme, s’ingéniant par tous les moyens à dissimuler son sexe. Elle portait le pschent, le casque ou la couronne sur les cheveux coupés court, le menton orné d’une barbe postiche (fig. 4). Son règne fut prospère et lui permit d’édifier de nombreux monuments, non seulement à Thèbes même, mais aussi dans les autres parties du royaume.

VI

L’envoi des aromates destinés à Thèbes, se faisant par l’intermédiaire du commerce étranger, des marchands peu scrupuleux, mêlaient souvent sous un seul nom des substances diverses dont quelques-unes pouvaient à peine être considérées comme des parfums.

Pour mettre un terme à de pareilles fraudes, ce qu’il y avait de mieux à faire était d’aller recueillir l’ana sur les lieux mêmes où il croissait en abondance et d’acclimater dans la vallée du Nil cette précieuse substance.

« Sa Majesté royale ayant formé ce vœu, sa prière monta jusqu’au trône d’Amon et une voix se fit entendre dans le Lieu grand. » [4]

C’était la parole du dieu lui-même ordonnant d’explorer les routes de Pount, de s’engager sur les chemins qui mènent aux Marchés de l’Ana, afin d’y prendre es aromates à volonté, et d’en amener les produits merveilleux à ce Dieu créateur des beautés de la reine. » [5] Dès cE moment Hatasou consacra toute son activité à satisfaire la volonté de son père Amon.

VII

Les bateaux du Nil ne pouvant tenir la haute mer, la reine d’Égypte fit construire spécialement pour cette expédition une flotte de cinq navires, susceptibles de pouvoir naviguer aussi bien sur la mer que sur le Nil (fig. 5) ; elle prit comme auxiliaire l’un des personnages les plus considérables du royaume ; il se nommait Sen-Mouth, c’est lui qui eut le commandement de l’expédition.

L’importance qu’y attachait la reine d’Égypte était si grande que, pour en perpétuer le souvenir, elle en fit reproduire les divers épisodes, depuis l’arrivée au pays de Pount, jusqu’au retour à Thèbes. Ce sont de magnifiques bas-reliefs coloriés, sculptés sur les parois du temple de Deir-el-Bahari, Toutes les scènes sont représentées enregistres superposés suivant l’mage adopté par l’art égyptien.

VIII

Nous sommes au pays de Pount. Sen-Mouth a dressé sa tente sur le bord du fleuve dans un site enchanteur infiniment pittoresque où se développent, ombragées par des palmiers et des sycomores, les habitations des indigènes, sorte de huttes circulaires, formées de coupoles reposant sur des pieux élevés, pour les mettre hors d’atteinte des animaux féroces, abondamment répandus dans la région. Une échelle mobile en facilite l’accès (fig. 6).

De nos jours encore, ce genre de constructions est d’un usage courant chez les Niams-Niams et autres naturels de l’Afrique équatoriale (fig. 7).

Les habitants, grands, élancés, différaient peu du type égyptien. La chevelure coupée court chez les uns, était abondante chez les autres et s’étageait en petites mèches ou flottait en petites nattes habilement arrangées (fig. 8).

Pour inspirer confiance, Sen-Mouth, accompagné d’une faible escorte, a fait déposer sur le rivage une table basse où sont étalés divers produits de l’industrie thébaine : anneaux et bracelets d’or enrichis de pierreries, des colliers de perles, des haches, des poignards ouvragés avec un goût exquis (fig. 9).

Prévenu de l’arrivée des étrangers, Parohou, le roi du pays, quelque peu effrayé à la vue de gens armés, s’avance, plein de crainte, au-devant du messager royal. Il est accompagné de sa femme, de ses deux fils, de sa fille et de quelques notables du pays.

Venues à dos de baudet, ces dames ont mis pied à terre, pour recevoir plus dignement les nouveaux venus.

Le corps couvert de boursouflures de graisse, le bas des jambes entouré de bracelets de chair, l’aspect de la femme est plutôt repoussant (fig. 10).

Les savants voient dans ce genre d’infirmité, le plus ancien cas de stéatopygie.

Le bon accueil qui est fait aux indigènes par le messager royal et la vue des riches présents envoyés par la reine d’Égypte, ont dissipé toute crainte et après les compliments de bienvenue s’engagent les négociations.

Dans le registre supérieur, l’affaire est conclue. Parohou, toujours accompagné de sa remarquable épouse, revient au campement égyptien. Il est suivi de nombreux serviteurs qui apportent les divers produits du pays : des sycomores de l’ana, déracinés et transplantés dans des courtes (fig. 11), des bassins contenant des anneaux d’or. un tas énorme de myrrhe amoncelée devant le messager royal.

Une autre paroi nous montre l’embarquement, sur les navires égyptiens, des richesses du To-Nuter, elles sont infiniment variées (fig. 12). Indépendamment de trente et un sycomores de l’Ana, les explorateurs emportent de l’or, du cuivre, de l’ébène, des plantes et des fruits inconnus dans la vallée du Nil, des défenses d’éléphants, des guépards de chasse, des panthères apprivoisées (fig. 13), des cynocéphales, qui sautent et gambadent à travers les cordages.

D’autres tableaux nous montrent l’arrivée à Thèbes de la flotte égyptienne, où elle est accueillie avec les transports du plus vif enthousiasme. Les milices thébaines viennent au-devant des explorateurs, avec leur musique, trompettes (fig. 14), et tambours, les uns portent des étendards, des rameaux verdoyants, des enseignes au nom de Ra-ma-Ka (fig. 15), et les escortent jusqu’au temple d’Amon, où sont, déposées les richesses apportées du pays de Pount.

IX

Après avoir été longtemps interrompue la communication des deux mers par le Nil fut d’après les écrivains arabes, rétablie par les Romains et les Khalifes.

Makryzy déclare que le prince, qui, pour la seconde fois, fit creuser le canal est l’empereur Adrien, soit qu’il en finît le travail, soit qu’il ait été l’auteur ou le restaurateur.

X

Quand Amrou Ben-el-Aas eut fait la conquête de l’Égypte, on éprouva à Médine une disette cruelle sous le Khalifat d’Omar, Prince des Fidèles. Celui-ci écrivit alors à Amrou et lui expédia un ordre ainsi conçu : « De la part du serviteur de Dieu, Omar, Prince des fidèles à Amrou-ben-el-Aas, salut sur toi. J’en jure par ma vie, ô Amrou, tandis que toi et tes compagnons vous vous engraissez, vous ne vous inquiétez point si moi et les miens nous maigrissons ; viens à notre secours, viens, Dieu te le rendra. »

Amrou lui répondit : « Je viens à ton secours, j’y vais. Je t’expédie un convoi de bêtes de somme dont la première sera déjà arrivée chez toi, quand la dernière sera encore chez nous. »

L’arrivée de ce convoi répandit l’abondance parmi les habitants, chaque maison de Médine eut une bête de somme avec sa charge de comestibles. On les mangea accommodés avec la graisse des bêtes de somme qui les avaient portés, leur cuir servit à faire des chaussures, chacun employa comme il voulut les sacs qui contenaient les comestibles, on en fit des vêtements et autres objets semblables.

Omar écrivit de nouveau à Amrou de venir le trouver et lui ordonna de creuser un canal depuis le Nil jusqu’à la mer pour faciliter le transport des provisions à la Mecque et à Médine. Amrou se borna à recreuser le canal primitif qui fut conduit depuis le Nil jusqu’à Kolzoum, l’an 18 de l’hégire (639 de J.-C.). On le nomma Canal du Prince des Fidèles.

« On y passa, dit Makryzy, jusqu’à l’époque où ben-Aly-Taleh se révolta à Médine où il voulait s’ériger souverain, contre Abou-Jafar-el-Mansour, alors khalife de l’Irak. Celui-ci écrivit à son lieutenant en Égypte pour lui ordonner de combler le canal de Kolzoum, afin qu’il ne servît point pour porter des provisions à Médine. Cet ordre fut exécuté et toute communication interrompue avec la mer de Kolzoum.

« Les choses sont restées en l’état où nous les voyons maintenant, 833 de l’hégire » (1455 de J.-C.)

XI

Lors de l’expédition d’Égypte, le Directoire ne manqua point de faire figurer au programme qu’il donna à la commission le percement de l’isthme de Suez et le rétablissement du canal des deux mers.

Aussi, dès son arrivée en Égypte, le général en chef Bonaparte, qui avait reçu l’ordre d’examiner soigneusement cette question, se hâta d’accourir à Suez, afin de se rendre compte personnellement de l’état des lieux et s’il était possible de recommencer l’œuvre des Pharaons avec les ressources qu’offraient la science et l’industrie modernes.

Il partit du Caire le 24 décembre 1798. Le 30 décembre, il retrouva, le premier, les vestiges de l’ancien canal qu’il suivit pendant environ cinq heures. Satisfait de cette découverte, il se porta à l’Ouest, en passant par l’ouady de Toumilat, où le 3 janvier 1799, il trouva près de Belbeys, l’autre extrémité du canal des Pharaons.

À la suite de cette nouvelle découverte, il chargea une commission d’ingénieurs de rechercher s’il serait possible de rétablir cette ancienne voie de communication.

La question étant résolue affirmativement, Lepère, président de la commission, rédigea un mémoire où il proposait un tracé peu différent de celui de l’ancien canal, et qui allait rejoindre la mer à Alexandrie. La dépense était évaluée à cinquante millions de francs et la durée du travail à dix années. Il présenta son étude à Bonaparte le 6 décembre 1800, au moment du départ de celui-ci pour la France. « La chose est grande, dit-il, ce ne sera pas moi qui maintenant pourrai l’accomplir, mais le gouvernement turc trouvera peut-être un jour sa conservation et sa gloire dans l’exécution de ce projet. »

Dans son mémoire, Lepère, pour ne rien omettre, signalait l’erreur accréditée depuis des siècles, relativement à la différence de niveau entre les deux mers, Cette remarque contribua pour beaucoup à retarder la solution.

XII

Au mois d’octobre 1854, au cours d’un voyage d’Alexandrie au Caire, à travers le désert de Libye, que fit Ferdinand de Lesseps avec le Vice-roi d’Égypte, Mohammed Saïd, il fut pour la première fois question entre eux du percement de l’isthme de Suez et de la création du canal des deux mers. La dépense totale était estimée à 185 millions de francs et la durée maximum des travaux à six années.

Le prince accepta l’exécution de ce projet, et le 30 octobre, de Lesseps obtint le premier acte de concession. Les travaux commencèrent aussitôt [6].

L’Angleterre voyant dans l’établissement de ce canal ses intérêts menacés, en prit ombrage et ne cessa d’y faire la plus vive opposition.

Soutenue par son gouvernement, la presse anglaise entreprit contre le projet et son auteur, une campagne d’injures et de diffamations.

Une commission internationale appelée à se prononcer entre les affirmations de de Lesseps, ,qui voyait le percement possible et rémunérateur et les allégations de lord Palmerston, alors premier ministre, qui le déclarait impossible et néfaste, se prononça à l’unanimité en sa faveur. L’Académie des sciences, se conformant aux conclusions de son rapporteur Ch. Dupuis, donna son entière approbation, tant à l’entreprise qu’aux moyens proposés pour l’exécuter.

Malgré les difficultés de toute sorte qu’on ne cessait de lui susciter tant au Caire qu’à Constantinople, le 25 avril 1855, de Lesseps donna lui-même le premier coup de pioche, sur l’emplanernent actuel de Port-Saïd.

Mais l’opinion anglaise ne cessant se montrer hostile ne fallut rien moins, pour neutraliser ses nouvelles attaques, que l’intervention de Napoléon III, gagné de bonne heure à la cause du canal, par de Lesseps, parent de l’impératrice.

La situation se compliqua de nouveau par la mort de Mohammed-Saïd et l’avènement d’Ismaïl Pacha.

Une campagne d’intrigues fut habilement menée en faveur de l’Angleterre, avec le concours occulte du duc de Morny et de Nuhar Pacha, premier ministre d’Ismaïl.

Mus par un sentiment d’étroit égoïsme et de patriotisme mal compris, les hommes d’état anglais désirant, avant tout, conserver exclusivement le monopole de l’Angleterre dans les Indes, sans y rien changer, auraient voulu forcer toutes les nations de la Méditerranée à demeurer entièrement étrangères au commerce de l’Orient et les empêcher de s’y créer une route facile et lucrative, Peu leur importait d’immoler aux intérêts particuliers de leur pays l’intérêt de l’humanité entière.

Or, s’il est aujourd’hui une vérité démontrée en économie politique et internationale, c’est qu’on ne s’enrichit pas en appauvrissant les autres. Le vrai moyen de prospérer, c’est de faire que tous ceux avec qui l’on est en rapport prospèrent également.

Cette fois encore, ce fut l’intervention de Napoléon III, qui mit un terme à toutes les cabales et sauva la situation.

Le 15 août 1860, la digue qui retenait la mer Rouge fut coupée et les eaux des deux océans se joignirent dans les Lacs-Amers.

Le 17 novembre, le canal fut solennellement inauguré à Port-Saïd, en présence du Khédive Ismaïl, de l’impératrice Eugénie, de l’Empereur François-Joseph, du prince royal de Prusse, du prince et de la princesse des Pays-Bas, d’une affluence considérable de personnages officiels et autres visiteurs venus du monde entier.

C’est ainsi que, grâce à la persévérance d’un Français, Ferdinand de Lesseps et à l’intervention de l’empereur Napoléon III, fut exécuté et, cette fois d’une manière définitive, le projet que, sous l’inspiration du Dieu Amou, avait conçu, 3600 ans auparavant, la reine d’Égypte Hatasou Ra-Ma-Ka.

P.-Hippolyte Boussac Membre de l’Institut d’Égypte.

Pour plus de détails sur les conditions de réalisation du canal de Suez, voir Les travaux du canal de l’Isthme de Suez., Borel, La Revue Scientifique 9 mars 1867

[1Sésostris.

[2Wilkinson. The Manners and eastomps of the Egyptians, vol. I Canal of the Red Sea.

[3Hist, nat. Liv, XII. 30-32

[4Le Sanctuaire.

[5Chabas, Études sur l’antiquité historique.

[6Percement de l’isthme de Suez par Ferdinand de Lesseps.

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