Les journaux ont souvent parlé dans ces derniers temps du Neptune, ou appareil explorateur sous-marin, inventé par M. Toselli et fondé sur la même idée que le Nautilus de Jules Verne. Voici sur cet engin remarquable, appelé à rendre de si grands services pour l’étude du fond de la mer, quelques détails que nous empruntons au Bulletin de l’Industrie minérale (mai 1884).
Le Neptune a la forme d’un cylindre de 3 mètres de diamètre et de 6,50m de hauteur ; il est composé de deux enveloppes en tôle d’acier de 12 millimètres, collées l’une contre l’autre ; il se divise en trois parties bien distinctes, A, D, C, séparées par des disques reposant sur des cornières et reliés entre eux par des colonnes et des montants. Le disque supérieur porte un col D, dans lequel serpente l’escalier intérieur et qui est lui-même surmonté d’un balcon E. La hauteur totale de l’appareil est de 10 mètres.
La première chambre A qui se présente aux visiteurs est la chambre des mécaniciens. C’est dans cette pièce que se trouvent tous les appareils servant à la manœuvre, tels que : réservoirs d’air comprimé à 30 ou 40 kilogrammes destiné à alimenter d’air respirable la chambre des voyageurs, à envoyer de l’air dans la chambre de lest pour en chasser l’eau et diminuer le poids du Neptune, à faire mouvoir la pompe servant à soulever le couvercle qui obstrue l’entrée du col ; appareils télégraphiques et téléphoniques mettant l’explorateur en communication avec le yacht qui l’accompagne et auquel il est relié par des câbles ; indicateurs de pression, thermomètres, etc. La paroi et le plafond de cette chambre sont percés de six trous qui sont garnis de lentilles permettant de diriger la marche du Neptune.
La chambre B est celle des voyageurs. Le pourtour en est garni de quatorze sièges au-dessous de quatorze hublots ou lentilles, à l’aide desquels on peut examiner les alentours de l’explorateur ; une grande lentille centrale laisse en outre découvrir le fond que l’on veut observer. Cette pièce et la précédente sont éclairées à la lumière électrique.
Enfin la dernière chambre C est celle de lest et de lumière ; c’est la partie essentielle de l’explorateur. Elle est disposée de telle sorte que l’on peut à volonté y introduire une quantité d’eau plus ou moins considérable pour augmenter le poids de l’appareil et le faire descendre. Si, au contraire, on veut remonter, on chasse cette eau au moyen de l’air comprimé. Cinq lampes électriques illuminent de leurs jets puissants les alentours de l’explorateur.
Sur le côté du Neptune sont placés en outre des poids en plomb retenus dans des gaines. On peut lâcher ces poids de l’intérieur et obtenir ainsi une remonte rapide, en cas d’accident survenu aux pièces de manœuvre.
L’explorateur, au moment de la descente, est fermé hermétiquement par un couvercle d’acier qui se manœuvre au moyen d’une pompe.
La partie métallique du Neptune a été construite dans les ateliers de MM. Imbert frères, à Saint-Chamond (Loire) et son aménagement intérieur se termine en ce moment à Ville-franche-sur-Mer. L’engin, complètement installé avec tous ses voyageurs, pèsera environ 46000 kilogrammes ; comme son volume jusqu’au col est de 46 mètres cubes et le volume de ce dernier, 2 mètres cubes, il plongera à peu près jusqu’à moitié du goulot et il suffira d’introduire 1000 litres d’eau dans la chambre de lest pour le faire couler.
L’épaisseur des tôles a été calculée pour permettre de descendre à 200 et 250 mètres de profondeur. L’inventeur a l’intention de faire construire un autre explorateur pouvant aller jusqu’à 1000 mètres.
Les applications industrielles de cet appareil sont des plus variées : sondages, construction de phares, travaux maritimes, renflouage et radoubage des navires, conduite des torpilles, visite de puits noyés, etc. Enfin il ouvre à la science un immense champ d’études.
Edmond Nivoit
En bonus, une petite illustration découverte au détour d’internet.