La lampe à huile remonte à une époque immémoriale. Dans les stations lacustres, on a trouvé des récipients en poterie, que l’on suppose avoir servi de lampe aux hommes de ces âges lointains.
La lampe resta pendant des siècles dans un état de simplicité extrême. On se contentait de tremper dans l’huile une mèche le long de laquelle le liquide montait par capillarité, et donnait, en brûlant, une flamme fumeuse, rougeâtre, répandant une odeur suffocante, à cause de la combustion incomplète du liquide.
Il faut arriver à la fin du XVIIe siècle pour trouver un premier perfectionnement l’emploi des mèches plates, bientôt suivi par l’invention d’un engrenage, permettant de faire monter ou descendre la mèche à volonté. Enfin, en 1783, Argand substitua la mèche circulaire à la mèche plate, et le bec à double courant au bec à courant unique, ce qui amena la disparition de la fumée qui avait accompagné jusque-là l’éclairage à l’huile et donna une lumière plus blanche et plus vive.
Durant l’antiquité et le moyen âge, les modifications apportées à la lampe consistent surtout dans les formes diverses données au vase contenant l’huile.
L’art égyptien a revêtu cet ustensile de formes élégantes imitées des fleurs ou des animaux. Le musée égyptien du Louvre possède une lampe qui a la forme d’une gazelle couchée sur le dos. Les lampes de cuivre étaient fort communes dans le pays des Pharaons.
Chez les Grecs et les Romains, la lampe consistait simplement en un récipient de terre cuite ou de métal, muni d’une anse pour le porter à la main. La lampe se posait aussi sur des lampadaires en forme de colonne reposant sur un trépied. Certaines, munies d’anneaux et de chaînes, pendaient au plafond, constituant les premiers lustres.
Les récipients de terre cuite avaient l’inconvénient d’absorber l’huile, c’est pourquoi les gens riches se servaient surtout de lampes en métal. On estimait aussi beaucoup celles qui étaient faites d’une argile diaphane permettant de voir le niveau de l’huile. Tous ces récipients ont la forme d’une sorte de carène de navire surmontant un pied peu élevé. A l’une des extrémités est un bec pour laisser passer la mèche en moëlle de sureau, en fil ou en papyrus ; à l’autre, est une anse. Un seul trou est percé au milieu pour introduire l’huile. On faisait monter la mèche avec une aiguille ou même avec le doigt. Il y avait aussi des lampes à deux ou plusieurs becs dont chacun portait une mèche.
Par les écrits de Héron d’Alexandrie, qui vivait cent vingt ans avant Jésus-Christ, on sait qu’il existait aussi de son temps des lampes à mécanismes dont la mèche s’attisait toute seule et des lampes perpétuelles, construites sur le principe des lampes hydrostatiques de nos jours, mais elles étaient rares et d’un prix élevé, on n’en trouvait que dans les temples et dans le cabinet des savants. La lampe de Platon dont parle Athénée dans le Banquet des Sophistes et à l’aide de laquelle le philosophe parvenait à s’éclairer, pendant les longues nuits de l’année reposait sans doute sur la compression de l’air. La fontaine de Héron qui fonctionne dans les cours de physique, donne une idée de l’agencement de ces lampes décrites par l’ingénieur Alexandrin sous le titre suivant : « Construction d’un candélabre tel, qu’en posant dessus une lampe, lorsque l’huile se consomme, il en vient par la poignée telle quantité qu’on veut, et cela, sans avoir besoin de placer au-dessus aucun vase servant de réservoir à cette huile ».
D’après l’Arabe Schiangia, cité par le P. Kircher, les anciens auraient même connu, sinon la lampe à pétrole, du moins quelque chose de très analogue. « Il y avait, dit-il, en Égypte, un champ dont les fossés étaient pleins de poix et de bitume liquide. Les philosophes qui connaissaient les forces de la nature, construisaient des canaux qui faisaient communiquer des endroits semblables avec des lampes cachées au fond de cryptes souterraines. Ces lampes avaient des mèches faites avec des fils qui ne pouvaient se brûler. Par ce moyen, la lampe, une fois éclairée, brûlait éternellement, à cause de l’affluence continue du bitume et de l’incombustibilité de la mèche. »
Les anciens ont aussi connu la lanterne ou appareil pour s’éclairer au dehors. C’était primitivement un petit falot que l’on portait au moyen d’un manche.
Plus tard, les lanternes véritables formées d’une boîte transparente en peau de vessie, en lame de corne ou en verre à vitres furent inventées. Plaute fait dire à l’un de ses personnages : « Où vas-tu, toi qui portes le dieu du feu dans de la corne. » Les Romains ont connu la lanterne sourde qu’ils employaient souvent à la guerre pour les expéditions nocturnes.