L’été de 1934 a été prévu plusieurs années à l’avance. - Après les saisons pluvieuses de 1930, 1931 et 1932, nous avons eu deux étés, 1933 et 1934, dont la température moyenne est supérieure à la normale ; toutefois, ces deux étés, quoique ayant présenté des températures moyennes peu différentes (à Bordeaux, moyenne de l’été : 21,2° en 1933 et 21,6° en 1934) ne se ressemblent pas. En 1933, le mois de juin a été frais et pluvieux, les hautes températures se sont montrées à partir de la 2e quinzaine de juillet et pendant le mois d’août. En 1934, les hautes températures ont commencé dans la 2e quinzaine de mai et ont continué en juin et juillet ; le mois d’août a été marqué par des journées fraîches et un total de pluie assez élevé.
Si la différence entre les deux saisons est peu sensible en ce qui concerne la température moyenne, 1934 l’emporte au point de vue de la sécheresse qui a été excessive non seuleement sur l’ouest de l’Europe, mais sur un grand nombre d’autres régions du globe, principalement aux États-Unis où elle a occasionné de véritables désastres.
On se trouve donc en présence de deux étés chauds consécutifs, celui de 1934 plus chaud dans l’ensemble et notablement plus sec, le mois d’août 1934, à Bordeaux, comptant seulement 5 jours de forte pluviosité.
Prévision. - L’été chaud de 1934 a été prévu par une méthode astronomique et annoncé à diverses reprises depuis plusieurs années.
Cette méthode est basée sur la durée des périodes solaires combinée avec une période solaire et météorologique de 100 ans.
Il y a lieu de remarquer que les étés chauds forment deux séries présentant une allure périodique. La première série est celle qui correspond aux années des maxima de la période des taches solaires : 1929, 1928, 1918, 1906, 1904, 1893, 1892, 1881, 1870, 1859, 1848, 1837, etc. La deuxième série comprend des étés chauds intermédiaires, mais séparés également par des intervalles d’une durée égale à celle de la période solaire : 1934,1933,1921,1911, 1900, 1899, 1887, 1876, 1865, 1856, etc.
Une autre remarque s’impose : la plupart des saisons anormales reviennent aux mêmes dates d’un siècle à l’autre :
- Hivers froids en 1789 et 1888 ;
- Étés chauds en 1793 et 1893 ;
- Hivers froids en 1795 et 1895 ;
- Étés chauds en 1800 et 1900 ;
- Années chaudes de 1804 à 1806 et de 1904 à 1906 ;
- Étés chauds en 1811 et 1911, en 1822 et 1921 ;
- Étés frais et pluvieux en 1827 et 1927 ;
- Étés chauds en 1828 et 1928-29 ;
- Hivers froids en 1729, 1829 et 1929, etc.
Au Congrès de l’Association française pour l’Avancement des Sciences (Le Havre, juillet 1929), j’ai exposé qu’en tenant compte de la durée variable des périodes solaires (de 9 ans à 13 ans), l’été chaud de la série intermédiaire après celui de 1921 devait se placer en 1934, l’intervalle court entre les étés de 1900 à 1911 et de 1911 à 1921 devant être suivi d’un intervalle long, c’est-à-dire 12 à 13 ans, ce qui donnait 1933 ou 1934 après 1921.
Mais, au siècle dernier, l’été chaud de cette série étant survenu en 1834, il y avait lieu de fixer à 1934 la date du prochain été chaud après 1929.
A la suite des étés frais et pluvieux de 1930 et 1931, cette prévision de l’été chaud de 1934 a été renouvelée par une note à divers journaux et revues scientifiques, en date du 3 septembre 1931 (insérée notamment dans la Revue générale des Sciences, 1931, pp. 497-498).
Enfin, cette prévision a été rappelée au Congrès de l’Assoociation française pour l’Avancement des Sciences, tenu à Chambéry, en juillet 1933. Période solaire de 100 ans. - Cette période peut s’expliquer de la manière suivante : la durée moyenne de la période undécennale des taches solaires étant de 11 ans, 1, il en résulte qu’il y a exactement 9 périodes solaires dans un siècle. Si les phénomènes du Soleil exercent réellement une influence en météorologie, on doit retrouver, d’un siècle à l’autre, un état atmosphérique sensiblement le même, correspondant à la même phase d’une période solaire. C’est ce que montre l’observation.
L’analogie des variations atmosphériques, aux mêmes dates dans chaque siècle, ne peut être complète, en raison de ce que les périodes solaires ne présentent pas exactement les mêmes variations de taches.
D’autre part, cette période séculaire des taches solaires s’affirme par deux faits d’observation : en premier lieu, les dates des minima et des maxima de la période undécennale des taches sont les mêmes d’un siècle à l’autre (quelquefois, avec une différence d’un an) ; en outre, les périodes solaires ne se ressemblent pas, ni comme durée, ni comme intensité ; or les périodes de plus courte durée (9 à 10 ans) se montrent aux mêmes époques dans chaque siècle.
Il paraît possible, dès à présent, de fixer la date du prochain été chaud après celui de 1934, à l’année 1937 (maximum probable des taches de la période solaire actuelle), correspondant à l’été chaud de 1837 (maximum d’une période undécennale des taches solaires).
HENRY MÉMERY, Observatoire de Talence (Gironde).
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