Les accessoires de la cheminée

La Science Illustrée N° 626, 25 Novembre 1899
Vendredi 27 février 2009

Les principaux accessoires de la cheminée sont le soufflet, le chenet, la pelle, la pincette et le pare-étincelles. En dehors de leur utilité évidente, ils contribuent à l’ornement de l’appartement et forment, avec la cheminée, un tout complet.

Nous avons déjà consacré au soufflet un article spécial (Voir Science Illustrée, t. XXIV, p. 303.) auquel nous renvoyons le lecteur.

Le chenet a été connu des anciens ; on en est aujourd’hui certain grâce aux fouilles effectuées un peu partout. Dans les ruines de Pœstum on a trouvé un véritable chenet de fer qui ressemble d’une façon étonnante à ceux que l’on fabrique aujourd’hui. Pompéi, qui nous a tant appris sur la vie des anciens, a fourni des chenets de fer assez grossiers, ce qui ’prouve que les Latins ne les employaient que dans leurs cuisines : ils ont d’ailleurs ignoré l’usage de la cheminée d’appartement.

En France, pendant le moyen-âge, le chenet s’appelait queminel ou chemineau, sans doute parce qu’il était un des ustensiles inséparables de la cheminée. Froissart, au XIVe siècle, le cite souvent sous ce nom dans ses chroniques.

On le nommait aussi chiennet , d’où est venu son nom actuel ; parce que, probablement, la décoration de sa partie antérieure, à droite et à gauche de la chevrette, barre de métal qui empêchait les bûches de tomber consista d’abord en une tête de chien. Cette étymologie semble confirmée par les noms anglais et allemand (firedog, feuerhund) de cet ustensile, mots signifiants l’un et l’autre chien de feu.

En dehors des chenets ordinaires, il y en avait au moyen-âge de plus grandes dimensions, les landiers. Généralement en fer forgé, ils atteignaient parfois plus d’ 1m mètre de hauteur, sans paraitre cependant trop grands dans les cheminées monumentales de cette époque.

Une certaine ingéniosité était apportée à la fabrication de ces ustensiles. Les landiers à crochets ou hatiers, conservés jusqu’à nos jours dans quelques vastes cuisines de ferme, sont pourvus de crochets sur lesquels on peut appuyer des broches ou suspendre des anses de chaudron.

Les landiers rigodets étaient aussi fort répandus au moyen-âge. Leurs montants se terminaient par des corbeilles dans lesquelles on mettait les plats soit pour les empêcher de se refroidir, soit pour les cuire lentement. Le musée de Cluny possède une fort belle collection de landiers qui comprend environ trente numéros.

Au XlVe siècle, les landiers sont ornés de rinceaux, de figures d’animaux, d’hommes d’armes en pied ; on y rencontre fréquemment les armoiries et les écussons de leur propriétaire.

Dès le début du XVIIe siècle, la réduction des cheminées amène celle des chenets. Quant à leur décoration, elle suit les styles. Sous Louis XIV, le chenet est majestueux et froid comme tout le reste ; avec le successeur du grand roi apparaissent la rocaille et la coquille ; sous Louis XVI, la pomme de pin est un ornement commun, ainsi que l’urne ovale entourée de guirlandes tombantes.

Pelle à feu et pincette ont existé dans l’antiquité. Le scaleuthron des Grecs, le sarculum des Latins correspondaient sans doute à notre pelle à feu, mais n’étaient employés que dans les cuisines. Quant au pyragra des Grecs, c’était plutôt une sorte de tenailles utilisée par les forgerons qu’une pincette analogue à la nôtre.

Les accessoires de la cheminée moyen-âge et la Renaissance ont eu des pelles et des pincettes en rapport avec leurs cheminées, c’est-à-dire énormes. Le fer forgé ou ciselé est la matière le plus communément employée.

Au XVIIe siècle, l’usage du cuivre devient fréquent ; plus tard, à mesure que diminue la cheminée, les pelles et pincettes d’argent commencent à se répandre dans les riches habitations.

La décoration suit des transformations de style parallèles à celles qui modifient le chenet.

Le pare-étincelles est une sorte d’écran dont l’utilité est incontestable dans nos appartements actuels si encombrés et si petits. La forme en éventail qu’on lui donne le plus souvent est fort gracieuse, aussi contribue-t-il pour une large part à l’ornementation de nos cheminées modernes. Le pare-étincelles est nécessairement métallique mais l’écran proprement dit, qui a pour mission d’arrêter le rayonnement trop ardent du foyer, est établi au moyen de matériaux divers. Le plus souvent c’est une étoffe tendue sur un cadre approprié.

Dans la même rubrique…

Revenir en haut