Quelques feuilles bien préparées valent mieux qu’un grand nombre mal séchées ; aussi faut-il commencer par faire un choix parmi les feuilles. Celles de l’érable sont toujours bien teintées et d’un profil délicat ; choisissons les plus foncées en rouge et en brun. Les feuilles de chêne sont luisantes et fermes, faciles à conserver ; celles de hêtre possèdent également les plus riches couleurs. Le sumac a des feuilles d’un beau cramoisi, qui se marie bien avec celles couleur d’ambre des châtaigniers. Prenons encore les feuilles chocolat foncé des ronces, et celles d’un blanc argenté du peuplier ou du bouleau. Avec cela, nous aurons de quoi faire quelque chose.
En arrivant à la maison, ayons deux fers à repasser tout chauds et tout prêts. Couvrons la table de la cuisine de deux ou trois couches de vieux journaux, sur lesquels on étendra un vieux linge de coton. Il faut encore un morceau de cire jaune dans un petit sac, et un paquet pareil renfermant la résine.
On étend alors une feuille avec la main, on frotte légèrement la cire sur le fer, puis on laisse la surface unie de celui-ci glisser doucement sur la feuille, d’abord d’un côté, puis de l’autre, appuyant un peu plus une troisième et quatrième fois. La feuille est alors bien sèche, et les couleurs fixées si solidement qu’elles ne partiront plus, à moins qu’on n’expose les feuilles trop longtemps au soleil.
Toutes les feuilles étant cirées, elles sont prêtes pour la résine, c’est-à-dire pour le finissage. Avec un fer modérément chaud et frotté légèrement sur le sac de résine, on passe sur chaque feuille, une fois du bon côté, puis à l’envers ; cela leur donne un fini, brillant et dur, presque indestructible. Quelques personnes trouvent ce brillant peu naturel ; c’est vrai jusqu’à un certain point, mais la protection que donne la couche de résine ne peut être obtenue d’aucune autre manière.
On peut conserver de la même manière de petites branches de bourgeons et de feuilles, en passant avec le fer jusqu’à ce qu’elles soient sèches, mais en ayant soin d’aller doucement au point de jonction, car un rien suffit pour faire tomber les feuilles.
Le succès dépend de la fraicheur de la récolte, qui doit être mise en œœuvre immédiatement. Quand l’ouvrage est fini, on étend les feuilles sur du papier de façon qu’elles se touchent le moins possible, on les couvre d’autres journaux et on les laisse dans l’obscurité jusqu’au moment où on les montera pour une décoration quelconque.