Le caparaçon est, proprement, une housse d’ornement dont on revêt les chevaux montés ou attelés dans les cérémonies, mais on applique aussi ce nom à l’ensemble de housses et de bardes d’acier destinées à protéger les chevaux de guerre. Il y a donc lieu de distinguer les caparaçons d’ornement et les caparaçons de défense.
Le caparaçon d’ornement n’est qu’une extension du harnachement ordinaire, lequel était déjà très luxueux dans l’antiquité grecque et romaine. Des peaux de bête, des couvertures en étoffe de prix, ornées de broderies et de métaux précieux, recouvraient les épaules et les flancs du cheval de parade. Sur le poitrail, une sorte de large baudrier portait des pierreries et des clous de métal qu’on retrouvait au mors et sur la bride ; le cou était souvent entouré de chaînes d’or.
Au moyen-âge on dépensait aussi pour le harnachement du cheval des sommes considérables. Le caparaçon disparut vers le XVIIe siècle et ne se retrouve guère aujourd’hui que dans les cérémonies funèbres.
L’histoire du caparaçon de guerre nous occupera un peu plus longuement.
La pièce défensive la plus ancienne est le chanfrein qui protège la tête et consiste en une longue plaque de métal moulée comme un masque depuis le front jusqu’aux nasaux. Les chevaliers romains employaient des chanfreins de bronze dont certains sont conservés au musée de Naples. Souvent aussi des lanières de cuir entouraient les jambes. La colonne Trajane nous montre même un soldat sarmate dont la monture est complètement recouverte d’une armure collante formée d’écailles de métal.
En Orient, dès les premiers siècles de notre ère, on garantissait la tête des chevaux avec des plaquettes d’acier unies par des pièces de mailles.
Au début du moyen-âge, l’armure du cheval consiste en un chanfrein de cuir bouilli et de mailles ajouté à la têtière de la housse ; celle-ci, qui consistait en une étoffe flottante, dissimulait une cotte de mailles. Le roi Jean écrivit aux bourgeois de Nevers, en 1353, leur enjoignant d’envoyer à Compiègne, dans la quinzaine de Pâques ; des hommes et des chevaux couverts de cottes de mailles pour marcher contre l’Anglais.
Un peu plus tard on emploie beaucoup des chanfreins en cartonnages parcheminés avec coquilles d’acier pour protéger les yeux. Mais les raisons qui firent modifier l’armure des chevaliers devaient amener aussi la transformation de l’armure du cheval. La cotte de mailles protégeait mal contre les flèches ; les carreaux d’arbalètes et surtout contre les balles. Le chevalier s’entoura complètement d’acier, il en barda aussi son cheval.
Au début du XVe siècle, le caparaçon du cheval comprend l’armure de corps proprement dite qui habille le dos et les flancs et repose sur une étoffe épaisse pour ne pas blesser l’animal, la cervicale ou barde de crinière qui couvre le cou et va se relier au chanfrein qui protège la face par un garde-nuque ou têtière ; seuls, le ventre et les pattes sont à découvert.
La cervicale était formée de lames d’acier articulées de manière à laisser au cou une certaine mobilité ; sa forme rappelle celle de la queue de l’écrevisse ; elle allait du chanfrein jusqu’au devant de la selle.
Le chanfrein était, en général, la partie la plus ornée du caparaçon ; il était souvent garni de pierreries, embelli par des émaux, des damasquinures, des gravures. Les mémoires du temps parlent de chanfreins coûtant 30 000 écus.
Formé d’une seule pièce d’acier, le chanfrein présentait des gardes ajourées ou œillères pour les yeux et des menins d’oreilles. Des jouées à charnière protégeaient la ganache ; une tétière rejoignait la cervicale.
Au milieu du front, entre les œillères, s’élevait d’ordinaire une pointe défensive, formant sur les côtés des courbes destinées à faire dévier les coups de lance. Le chanfrein, était aussi souvent surmonté d’un porte-plumail.
Le caparaçon de guerre disparaît vers 1620 ; il protégeait mal le cheval contre les balles de plus en plus puissantes ; il avait l’inconvénient de coûter très cher et d’être fort lourd.