Nous avons parlé précédemment des grappins automatiques de M. Toselli ; nous compléterons aujourd’hui ce que nous avons dit à ce sujet, en parlant de la cloche marine du même inventeur. Ce système, comme on Va le voir, est le complément du premier appareil. La cloche marine en fer et en bronze pèse 3 tonnes et demi. Elle a la forme d’un cylindre ; le diamètre extérieur est de 1,20m et la hauteur de 4,50m. On y entre par le haut, qui s’élève au-dessus du dôme et qui reste entièrement en dehors de l’eau lorsque la machine flotte. De là la facilité d’entrer et sortir de l’appareil sans aucun danger puisque l’engin n’a pas besoin d’être suspendu à une grue.
La cloche descend lorsque la personne qui y est renfermée fait entrer dans un réservoir inférieur, de l’eau de la mer qui la rend plus lourde que le poids de la colonne d’eau déplacée. L’appareil revient à la surface lorsque la manœuvre inverse est effectuée, c’est-à-dire lorsque l’eau du réservoir est chassée au moyen d’une pompe hydraulique et rend ainsi la machine spécifiquement plus légère que la colonne d’eau déplacée. Cet appareil n’a donc besoin d’être tenu ni tiré par aucun câble. Cependant la personne qui y est renfermée peut, par un fil métallique qui passe au milieu d’une petite corde, correspondre au moyen d’un télégraphe avec le capitaine du bateau qui accompagne la machine, et lui donner tous les ordres nécessaires.
À la hauteur de 1,50m du bord inférieur on a disposé autour de la cloche, des verres disposés comme des jumelles de théâtre, par lesquels l’observateur peut voir de l’intérieur tous les objets qui se trouvent en dehors. Ces verres ont résisté à la pression de 60 atmosphères ; de telle sorte que la machine pourrait descendre à 600 mètres de profondeur sans que les verres se brisent ; mais M. Toselli ne garantit pas sa Cloche au-delà de 200 mètres de profondeur, ce qui es déjà considérable.
Lorsqu’on dépasse les 100m de profondeur on est forcé de faire descendre une lampe pour éclairer les objets environnants, si on veut les saisir à l’aide du grappin, où simplement les observer. Voici comment on peut saisir les objets qui se trouvent au fond de la mer, Une fois que l’opérateur a la certitude que dans tel endroit il y a une caisse, une barrique ou un objet quelconque de valeur, il descend d’abord dans la cloche pour étudier le fond. Une fois qu’il a aperçu les objets à sauver, il laisse poser la cloche sur le fond ; et il ordonne que l’on fasse promener à la surface une chaloupe faisant descendre un les grappins automoteurs plus où moins grands suivant le travail à accomplir. L’opérateur apercevant l’instrument éclairé par une lampe sous-marine, il ordonne par le télégraphe de l’avancer où de le reculer ; de le porter à droite ou gauche jusqu’à ce qu’il se trouve au-dessus de l’objet que on veut saisir. Lorsque l’engin se trouve au point voulu, on le laisse tomber et c’est alors que l’instrument automoteur en tombant sur l’objet, le saisit. Il ne reste donc plus qu’à le monter à la surface. C’est là, comme on le voit, une manœuvre aussi simple que pratique. La personne qui est enfermée dans la cloche n’a donc qu’à observer et à donner des ordres sans subir aucune fatigue. Elle ne supporte pas même la moindre pression d’air ou d’eau. En effet, la cloche est à double paroi, et dans cet espace on a emmagasiné une quantité d’air suffisante pour que deux hommes puissent rester toute une journée an fond de l’eau sans que la cloche ait besoin de tuyaux qui lui envoient l’air respirable. Les produits de la respiration sont absorbés par les moyens connus, au fur et à mesure de leur production. La méthode de M. Toselli nous semble devoir être employés avec fruit, soit pour la pêche des coraux et des huitres perlières soit pour le sauvetage des objets de valeur dont les fonds océaniques abondent.
L. Lhéritier.