L’assemblage dont nous donnons ci-contre la représentation est fort curieux, d’autant qu’il est parfaitement oublié de nos jours, quoique son exécution soit relativement facile. A vrai dire, ce n’est pas exactement un assemblage, c’est plus exactement une enture verticale, destinée à rapprocher et à maintenir bout à bout deux pièces de bois de même échantillon.
Notre exemple est pris d’après de vieilles boiseries en Angleterre, et peut-être en cherchant dans nos pays, rencontrerait-on des modèles similaires, surtout dans l’exécution de pans de bois, très soignés, comme il en subsiste encore dans certaines provinces, surtout en Normandie. La caractéristique de celui-ci est de présenter dans l’axe de chacune des, faces de la pièce de bois, une queue d’aronde bien apparente, d’autant que pour piquer sans doute, la curiosité, en appelant ’plus fortement l’attention sur ce point, les deux pièces de bois sont choisies le plus souvent .dans des essences de couleurs différentes, ce qui accuse d’autant l’assemblage.
L’observateur superficiel pense aussitôt que les queues d’aronde, au moins sur deux, faces, sont rapportées, car cette objection se pose : Comment a-t-on pu entrer l’une dans l’autre, deux pièces de bois, terminées par quatre tenons et par quatre mortaises en forme de queue d’aronde ? C’est compréhensible avec l’enture à tenon et mortaises droites, en croix, enture très usitée, mais l’évasement d’une queue d’aronde s’oppose invinciblement à un rapprochement par bout, On use aussi, de nos jours, de l’enture à simple queue d’aronde, qui ne vaut pas grand’chose, car elle n’oppose pas d’ obstacle aux effets de basculement ; en ce cas on ne voit que deux queues d’aronde, disposées l’une et l’autre sur deux parements opposés de la pièce de bois, et ici, nous le répétons, nous en trouvons quatre.
La solution de ce petit problème est en réalité fort simple et nos figures l’élucident suffisamment, en même temps qu’elles montrent que l’exécution est peu difficultueuse. En t, nous voyons le tracé du tenon, dont la face supérieure, au lieu de se prolonger perpendiculairement au parement, oblique à 45° et va se raccorder avec la partie verticale du tenon à ménager sur la face adjacente. Les deux autres faces sont travaillées de la même façon. En réalité, il n’y a que deux tenons dirigés obliquement.
L’exécution se fait simplement à la scie et la base des tenons se dégage au ciseau. Pour les mortaises, le travail est semblable, sauf qu’on enlève ce qu’on a laissé dans l’exécution des tenons. Cela fait, les deux pièces sont réunies latéralement, par un glissement à 45° dans le plan horizontal (fig. 2) et l’on a l’ensemble de la figure 3.
L’assemblage est robuste et fort élégant.
G. Teymon