Insensibilité absolue produite au moyen du sommeil magnétique

Trois nouvelles opérations chirurgicales pratiquées à Cherbourg, le 4 juin 1847, en présence de plus de soixante témoins.
Lundi 30 décembre 2024

Je viens de redécouvrir parmi les fichiers présents sur mon PC cette copie d’un article datant de 1847.

Si je ne m’abuse, partout où vous lirez « sommeil magnétique » comprenez « hypnose ».

MAGNÉTISME

Insensibilité absolue produite au moyen du sommeil magnétique

Trois nouvelles opérations chirurgicales pratiquées à Cherbourg, le 4 juin 1847, en présence de plus de soixante témoins.

Trois opérations fort intéressantes ont été pratiquées à Cherbourg, vendredi dernier juin, avec un succès complet, par M. A. Loysel, docteur-médecin, assisté de M. le docteur Fleury, Aide-Major au 62e régiment de ligne, qui lui a prêté le concours obligeant de ses talents et de son expérience. Trois personnes, un homme et deux femmes, mises dans l’état de sommeil magnétique, en quelques minutes, par Mr L. Durand, prof., et par M. le Dr Loysel, en présence d’un grand nombre de témoins, ont démontré de nouveau, de la manière la plus évidente, qu’on peut, à l’aide de ce moyen, anéantir toute sensibilité dans les organes, et éteindre entièrement la douleur. Cet étrange phénomène a produit sur l’assemblée une impression difficile à décrire. La calme remarquable et l’étonnement des patients qui, à leur réveil, aussi subit que l’avait été l’invasion du sommeil, sont tout surpris de voir terminée une opération si douloureuse ; qui n’ont rien senti, rien perçu, et sont restés inertes et immobiles, pendant que l’opérateur enfonçait vivement le bistouri dans les chairs, en disséquait les énormes lambeaux, et pratiquait la ligature des artères : voilà certes un fait bien extraordinaire, et qui mérite de fixer de plus en plus l’attention des physiologistes !

De ces trois opérations qui, du reste, présentaient le même caractère, la dernière était la plus importante par la profondeur et l’étendue de la plaie, et avait pour objet l’extirpation d’une masse très volumineuse de glandes et de ganglions, situés dans la partie latérale et postérieure du cou. Elle a été pratiquée sur Mlle Caroline Lemire, âgée de 26 ans, née au Vrétot, arrondissement de Valognes.

Ces nouvelles opérations chirurgicales sont la dixième, la onzième et la douzième qui ont été faites à Cherbourg, à l’aide du magnétisme, depuis le mois d’octobre 1845.(La première amputation de la jambe, pratiquée en France, sur une personne rendue insensible par le magnétisme, eut lieu Cherbourg, le 2 octobre 1845, sur Mlle D’Albanel.)

La plupart des phénomènes magnétiques ne se produisent pas toujours avec une constante régularité. Ce qu’il y a d’avantageux dans ce phénomène de l’insensibilité, que tant de personnes ont vu et constaté tout à leur aise, c’est que, lorsqu’on l’a une fois développée, ce qui arrive souvent dès les premiers essais, nulle influence étrangère n’est plus capable alors de la détruire ni même de la diminuer, et qu’on peut la faire durer autant que l’exigent les opérations les plus longues. Il y a quelque chose de bien intéressant à observer dans ce passage instantané de la sensibilité la plus délicate, à la torpeur la plus profonde et la plus absolue. Mais il y a aussi, dans cette invasion soudaine de l’insensibilité, autre chose qu’un objet de vaine curiosité. En effet, donner aux chirurgiens, quand il s’agit d’opérations longues et douloureuses, des moyens plus certains de succès, en leur livrant un corps inerte, et, pour ainsi dire, un cadavre, au lieu d’un sujet toujours très vivement impressionné par la vue des préparatifs et les terreurs de l’opération ; ranimer, à l’aide d’un sommeil paisible et prolongé à volonté, les forces vitales épuisées par une pareille secousse, et prévenir les accidents nerveux de toute nature, qui surviennent quelquefois à la suite d’une opération grave et redoutée : c’est, selon nous, réaliser un véritable progrès.

ÉTAIENT PRÉSENTS :

MESSIEURS :

  • Noël Agnès, S.-Préfet de l’Arrondissement, ancien Maire de Cherbourg ;
  • Le Maistre, Receveur des finances, ancien S.-Préfet de Cherbourg ;
  • D’Alphonse, Colonel du 62e régiment de ligne ;
  • Obet, Docteur-Médecin, P., Membre correspondant de l’Académie Royale de Médecine ;
  • Henry, Négociant, Commandant de la Garde Nationale, Membre du Conseil Municipal ;
  • Labbey, Docteur-Médecin, P. ;
  • Le Seigneurial, Juge d’Instruction au Tribunal Civil, Membre du Conseil d’Arrondissement ;
  • Des Rives, S.-Intendant Militaire, à Cherbourg ;
  • Vicomte de Tocqueville ;
  • Chevrel, Avoué, Membre du Conseil d’Arrondissement et du Conseil Municipal ;
  • Hériard, Major du 62e régiment de ligne ;
  • De Montcla, Chef de bataillon an 62e ;
  • De Rancourt, Chef de bataillon au 62e ;
  • L’abbé Fafin, Aumônier de l’hôpital Civil ;
  • L’abbé de Gournay, Aumônier du Collège ;
  • De Viaris, Capitaine d’Artillerie ;
  • Rossignol, Avocat, Membre du Conseil d’Anon lissement, et du Conseil Municipal ;
  • Fleury, Docteur-Médecin, Aide-Major au 62e ;
  • Géhin de Vérusmor, Rédacteur en chef du Phare de la Manche ;
  • Mangin, Ingénieur des Constructions Navales ;
  • Hérouville, Docteur-Médecin ; P. ;
  • Numa Marie, propriétaire, Membre du Conseil Municipal ;
  • Bresson, Ingénieur des Travaux Hydrauliques ;
  • Coutance, Directeur des Subsistances militaires ;
  • Chevrel, Receveur de l’Enregistrement ;
  • Drouet, Avocat ;
  • Leroy, Directeur des Postes ;
  • Boissière, propriétaire, Membre du Conseil Municipal ;
  • P. Marie, S.-Principal du Collège ;
  • Jules Duprey, Professeur de Rhétorique ;
  • Cénoff, Professeur de Mathématiques spéciales à l’École de Marine ;
  • Henri Duchevreuil, Capitaine de cavalerie ;
  • Edouard Duchevreuil, propriétaire ;
  • Le Goupil, Commis de 1re classe de la Marine ;
  • Corrard, Ingénieur des Constructions Navales ;
  • Boissière, Greffier du Tribunal Civil ;
  • Hélain, propriétaire ;
  • De la Tribonnière, Receveur-entreposeur des Tabacs ;
  • Gregory Cook, esqre :
  • De Roussel, Ingénieur de la Marine ;
  • Delente, Directeur des lits militaires ;
  • Hippolyte De Riencourt, propriétaire ;
  • Turpain, Percepteur des Contributions directes ;
  • Dumont-Moulin, Avocat ;
  • Charles Chevrel, Clerc d’avoué ;
  • Raynal, Professeur de Mathématiques ;
  • Lecocq, Négociant ;
  • Rodriguez, Colonel espagnol ;
  • Henri Jouan, Lieutenant de vaisseau ;
  • A. Durand, Écrivain du Contrôle de la Marine ;
  • Adolphe Lambert, propriétaire ;
  • Charles Loysel, Notaire ;
  • Martin, Professeur ;
  • Laloë, Négociant ;
  • Hippolyte Loysel, Avocat, docteur en Droit ;
  • Gustave Lemagnen, Négociant ;
  • Le Rendu, ancien Notaire ;
  • Le Houguais, Directeur de l’École primaire Supérieure ;
  • Feuardent, Libraire ;
  • Digard, propriétaire.
  • Le Carpentier, Régisseur général de M. le comte Du Moncel.
  • L’éveillé, Ecrivain de la Marine ;
  • Caillet tils, Entrepreneur de Travaux publics ;
  • De Riencourt fils ;
  • Charles Le Magnen ;
  • Leroy ;
  • Poittevin.

P. S. Aujourd’hui 10 juin, les plaies résultant des trois opérations sont entièrement cicatrisées, et les opérés se portent très bien.

(Journal de Cherbourg et Phare de la Manche du 13 juin 1847.)

Les phénomènes du Magnétisme ne pouvant se rapporter à aucune cause proportionnée aux effets produits, le Moyen-Age les a attribués à l’intervention des êtres surnaturels ; le 18e siècle s’est contenté de les nier. La vérité ne pouvait se faire jour, au milieu d’une crédulité ignorante et d’un scepticisme railleur. Notre siècle est celui de la froide raison : observateur, analytique, et enclin à l’éclectisme, il ne nie pas, il n’affirme pas non plus ; il doute, il observe. C’est l’état le plus favorable à l’examen de cette intéressante question, qui remue aujourd’hui à et préoccupe vivement un grand nombre de bons esprits, et ouvre un vaste champ aux investigations de la science.

L’insensibilité est un des premiers phénomènes qui se présentent, quand on magnétise dans le dessein de l’obtenir. Quelquefois elle paraît dès la première séance ; souvent on ne peut la développer assez profondément qu’à la troisième ou à la quatrième, et même beaucoup plus tard. Chose étrange ! on voit des personnes qui, dans l’état ordinaire, ne peuvent pas souffrir le contact d’une plume sur le bord des lèvres ou des paupières et qui, une ou deux secondes après, dès que le sommeil, ou plutôt dès que la crise est produite, ne sentent ni l’instrument tranchant qui pénètre dans leurs muscles, et jusque dans les ramifications nerveuses les plus profondes, ni la cire d’Espagne enflammée qu’on laisse brûler et s’éteindre sur leurs bras. Un agent étranger, une force puissante introduite dans les organes, anéantit complètement toute sensation., prolonge cet état anormal, on le fait cesser à volonté. Les coups violents, les piqûres profondes faites à l’improviste, les incisions, la cautérisation, les moxas, ne sont point sentis ; le bruit le plus discordant, les cris, les explosions subites d’armes à feu cessent d’être entendus ; on a vu de l’agaric, brûlé dans les narines d’une personne rendue insensible parle magnétisme, altérer dans leur structure les membranes muqueuses qui tapissent ces parties, sans communiquer au cerveau la moindre perception. Un large flacon d’ammoniaque concentrée, portée par la respiration dans les voies pulmonaires, pendant cinq minutes et plus, la fumée de tabac, la vapeur du soufre, ne déterminent aucun changement, nulle altération, pas le moindre malaise, et demeurent sans effet dans cette vie nouvelle le dormeur ne se réveille point, sous l’influence de tous ces excitants, et la sensibilité ne se montre nulle part.

Le phénomène de l’insensibilité produite par le magnétisme est attesté, surtout depuis quelque temps, par un nombre considérable de témoins qui l’ont examiné avec la plus minutieuse attention. La plupart sont des personnes graves, d’un âge mûr, occupant nu rang élevé dans la société ; ce sont des hommes éclairés et instruits, jouissant de l’estime et de la considération publiques, des ecclésiastiques, des administrateurs, des magistrats, des médecins, des officiers supérieurs de l’Armée et de la Marine, des ingénieurs ; toutes personnes peu crédules, auxquelles leur position et leur caractère auraient assurément inspiré la crainte de s’exposer au ridicule, ou du moins, d’être taxées de puérile crédulité, en publiant ou en certifiant des faits aussi extraordinaires, si, obéissant au témoignage de leurs sens et de leur conscience, elles n’avaient pas regardé comme un devoir, avant tout, de-rendre hommage à la vérité.

Cependant, malgré des attestations si nombreuses et si imposantes, il y a encore beaucoup d’incrédules au sujet de l’insensibilité, celte faculté précieuse que le magnétisme développe dans les organes. Les uns le sont à.cause de l’incompréhensibilité du phénomène, et de sa non-explication ; d’autres le jugent impossible, et par conséquent, entaché de collusion. Le plus grand nombre, par un excès de confiance, repoussent, sans examen, le magnétisme qu’ils savent avoir été rejeté, en 1784, par des hommes haut placés dans la science, et sont incrédules et jurent sur la parole du maître. Et pourtant, quelques essais faits de bonne foi, et avec le désir sincère de s’éclairer, ne larderaient pas à amener la conviction. Du reste, c’est ce qui arrive en ce moment. La vérité commence à opérer, dans tous les esprits sérieux, la diminue, de jour en jour, plus heureuse réaction ; le nombre des opposants d’une manière remarquable. La presse longtemps,en Europe, hostile au magnétisme, enregistre maintenant avec empressement le récit des opérations chirurgicales, et de plusieurs autres phénomènes intéressants qu’il présente à l’observateur. Pendant l’année 1846, 62 journaux français, dans 153 articles, ont parlé du Mesmérisme avec convenance et gravité. Des faits multipliés et authentiques, consignés dans dix ou douze journaux, Revues, et recueils sociaux qui se publient à Paris, à Londres, à Vienne et à Bruxelles, font pénétrer la connaissance et la pratique du magnétisme humain, dans tous les pays et dans toutes les classes de la société. Un grand nombre de savants, de médecins, de gens du monde qui, jusqu’à présent, étaient restés indifférents dans la question, disent à leur tour « Et nous aussi, il faut que nous examinions ce que tant d’autres ont observé avec un si vif intérêt. Nous avons eu tort, peut-être, de rejeter, à priori, ce qu’ils nous affirment de certains faits extraordinaires qui se sont passés sous leurs yeux. Essayons, et voyons. S’il n’y a rien, nous n’y verrons rien, sans doute ; mais si, par hasard, il y avait quelque chose, si le magnétisme, loin d’être une chimère méritait d’être pris au sérieux, nous ne devrions pas rester seuls arriérés sur ce point. Il est impossible que tant d’hommes éminents, séparés par le temps et par l’espace, divisés de goûts, de passions, d’intérêts, et naguère encore, incrédules autant que nous, aient pu voir des choses si étonnantes, et si parfaitement identiques dans toutes leurs circonstances, sans qu’elles soient vraies. Il est impossible que les sujets, les patients, aient pu s’entendre tous de la même manière, pour tromper les médecins et les magnétiseurs, et les nombreux témoins, d’ordinaire si défiants, si incrédules, si soupçonneux ; et cela, pour le seul plaisir de les mystifier, en se laissant bénévolement tailler, piquer, scarifier, asphyxier, brûler, opérer de diverses manières, sans faire entendre une seule plainte, sans pousser un cri, et sans qu’un seul malade ait, depuis tant d’années, trahi sur ses traits la souffrance qu’il s’efforcerait de comprimer : car on ne feint pas l’insensibilité absolue sous le tranchant du bistouri. Voyons donc par nous-mêmes ce qu’il en est de tous ces récits merveilleux, et jugeons. »

Voilà le langage sensé que tiennent aujourd’hui les hommes éclairés et impartiaux ; puis ils observent sans prévention, et contribuent, par leurs talents et leurs lumières, à approfondir cette question. En effet, jusqu’à présent, le magnétisme a compté autant d’adeptes et de défenseurs, que d’observateurs de bonne foi.

Une crédulité excessive est une faiblesse ; l’incrédulité non raisonnée est de l’entêtement. Le véritable observateur doute d’abord, cela est juste et naturel, puis examine, demande à s’éclairer, et n’affirme ou ne nie qu’après un mûr et sérieux examen. Quelque extraordinaires que nous paraissent être la plupart des phénomènes magnétiques, nous devons les étudier avec soin, lorsqu’ils ont été constatés, à diverses époques et dans différents pays, par des hommes recommandables et instruits, et surtout encore, lorsque des faits analogues et même identiques se manifestent spontanément dans plusieurs névroses, comme l’hystérie, la catalepsie, l’épilepsie, etc. Ces facultés extraordinaires, on les admet volontiers dans le somnambulisme naturel ; mais, par une singularité inexplicable, les incrédules persistent à les regarder comme impossibles dans le somnambulisme magnétique, qui n’est pourtant que le même état produit et dirigé par l’influence d’une volonté étrangère.

Les sciences ne feraient aucuns progrès, si l’observation de faits inconnus et nouveaux ne venait, chaque jour, modifier nos jugements, ou changer quelquefois entièrement notre manière devoir. Plusieurs théories, même physiques, qui paraissaient reposer sur des bases solides et durables, sont tombées tout-à-coup par la découverte d’un seul fait nouveau. Lors donc que les théories physiques se modifient et changent par de nouvelles observations, devons-nous traiter avec dédain certains phénomènes psychologiques ? On les dit impossibles ! on les rejette comme révoltant la raison, parce qu’ils sont en opposition avec différentes lois physiologiques que les savants ont crues immuables. Hélas ! la science de la vie est encore si obscure, si profond, et si mystérieuse…

Mais que peut l’indifférence ou l’incrédulité, en présence de faits positifs et dûment constatés ? Que peuvent tous les raisonnements possibles, contre une vérité qui n’a besoin que des sens pour être étudiée et reconnue ? Et d’ailleurs, quelqu’un a-t-il donc posé des bornes à la physiologie ? Ces bornes sont elles assez fixes, assez solidement implantées, pour qu’aucun fait nouveau, aucune observation ultérieure, ne puissent les ébranler et les porter plus loin ? Connaissons-nous réellement toute l’influence du système nerveux dans la production des actes de la vie ? sommes-nous initiés au rôle qu’il remplit dans le développement de tous les phénomènes pathologiques ? Que savons-nous sur les causes déterminantes du sommeil ? sur le sentiment de la faim et de la soif ? Comment expliquer seulement le retour périodique, et presque à la minute, des accès de fièvres intermittentes ? Connaît-on ce qui occasionne l’épilepsie et les diverses aliénations mentales ? Qui pourra jamais donner la raison des causes qui président à tant d’autres affections nerveuses, dont les symptômes si variés, et quelquefois alarmants, font le désespoir du médecin le plus instruit et le plus exercé ? Méditons ces réflexions d’un homme distingué, d’un savant docteur, professeur à la Faculté de Médecine de Paris :

« Lorsque, fort jeune encore », dit-il, dans un de ses ouvrages, « j’entendis parler, pour la première fois, du magnétisme animal, les faits que l’on me racontai étaient si peu en rapport avec les phénomènes physiologiques que je connaissais, que j’eus pitié de gens que je croyais atteints d’un genre nouveau de folie, et qu’il ne me vint pas seulement dans l’idée qu’un individu raisonnable ajoutât jamais foi à de pareilles chimères. Pendant plus de dix ans je parlai et j’écrivis dans ce sens. Exemple déplorable d’une aveugle prévention qui, nous faisant négliger le seul moyen positif d’instruction, l’application de nos sens, nous plonge ainsi dans une erreur longue et souvent indestructible ! Enfin le hasard voulut que, par simple curiosité, et par voie d’expérimentation, j’exerçai le magnétisme. La personne qui s’y soumettait n’en connaissait nullement les effets ; cette circonstance est à noter. Quel fut mon étonnement lorsque, au bout de quelques instants, je produisis des phénomènes si singuliers, tellement inaccoutumés, que je n’osai en parlera qui que ce fût, dans la crainte de paraître ridicule.

« Je n’ai pas constaté les phénomènes magnétiques sur une seule personne ; j’ai pris, pour sujets de mes observations, des individus de différentes classes, de différents sexes ; des personnes dont plusieurs ignoraient jusqu’au nom de magnétisme ; des littérateurs, des dames du monde, des jeunes filles, » des élèves en médecine, des épileptiques. J’ai continué ce genre d’examen pendant plusieurs années, par cela seul qu’il m’inspirait un grand intérêt. À un petit nombre d’exceptions près, j’ai toujours obtenu des phénomènes dignes de h plus grande attention. »

En résumé, l’action magnétique, en pénétrant profondément le système nerveux de l’individu soumis à son influence, en portant une action énergique dans tout l’organisme, peut produire des altérations physiques variées et nombreuses, très intéressantes pour l’observateur. En développant des modes accidentels de perception, en créant, pour ainsi dire, de nouvelles facultés dans l’homme, en donnant de précieuses révélations sur l’union de l’âme avec le corps, cette dualité merveilleuse dont la philosophie s’est occupée avec tant d’ardeur, le somnambulisme appelle les méditations du psychologue qui a pour mission d’analyser la plus grande merveille de la création, la pensée humaine, et peut, dans beaucoup de circonstances, venir en aide à la physiologie, et lui fournir d’utiles aperçus qui, sans lui, resteraient ignorés.

Le Magnétisme, selon moi, est loin d’avoir produit tous ses effets ; ceux mêmes qui en ont fait une étude approfondie, n’entrevoient cette puissance que d’une manière incomplète et fugitive encore. L’agent nerveux est beaucoup moins connu que les autres fluides impondérables, avec lesquels cependant il présente de mystérieuses affinités, mais dont il diffère comme ceux-ci différent entre eux, en raison des milieux qu’ils traversent. Ainsi, calorique, lumière, électricité, galvanisme, électro-magnétisme, magnétisme terrestre, magnétisme humain, ne sont peut-être que des parties d’un même tout, qu’un seul et même fluide, agent universel qui se modifie dans sa forme, selon les effets qu’il dois produire. Tous les hommes qui s’occupent de recherches scientifiques, affectionnent cette idée la d’unité, d’identité des forces de la nature. Mais physiologie, la physique et la chimie, tour à tour invoquées pour expliquer la vie, ont avoué leur impuissance. Espérons qu’un jour le magnétisme humain aidera à trouver la solution de ce problème.

Autre article sur le même sujet

Voir en ligne : Magnétisme. Insensibilité absolue produite au moyen du sommeil magnétique. Trois nouvelles opérations chirurgicales pratiquées à Cherbourg, le 4 juin 1847

Revenir en haut