On trouve à l’extrémité du continent indien, à environ 225 milles du cap Comorin et 300 milles de Ceylan, en dehors du golfe du Bengale, un groupe d’Iles d’une nature toute particulière, qui presente un intérêt plus scientifique que politique, et auquel on a donné le nom d’iles Maldives, emprunté à la plus Importante du groupe, appelée île Male dans la lanaue indigène.
Le premier Européen qui ait vu les Maldives est Vasco de Gama, l’illustre navigateur portugais. Après avoir jeté l’ancre à Calicut, sur la côte de Malabar, au mois de mai 1498 et avoir accompli ainsi la plus magnifique navigation qui ait été tentée jusqu’à lui, Gama, avant de retourner à Lisbonne, reconnut la position des Maldives et celle des Laquedives : mais il n’aborda pas sur ces îles ; ce fut un autre de ses compatriotes, Laurent d’Almeida, qui, quarante ans plus tard, les visita et contraignit leurs habitants à reconnaître l’autorité du Portugal.
Malgré cette prise de possession, les Maldives étaient inconnues en Europe, lorsqu’un voyageur français, ayant fait naufrage sur l’une des îles du groupe, put ainsi les parcourir et en donner une description détaillée. Ce voyageur était François Pyrard.
Il naquit à Laval en 1575 et s’embarqua vers 1601, à Saint-Malo, sur un navire envoyé afin de chercher une nouvelle route pour se rendre aux Indes orientales. Le bâtiment se perdit sur les Maldives, et Pyrard étant parvenu à se sauver, resta pendant quelque temps dans le pays, qu’il étudia soigneusement, et dont il donna une description très exacte.
Les Maldives forment une vaste chaîne d’îles madréporiques qui, du nord au sud, s’étendent sur une longueur de 800 km. Cette chaîne se partage en dix-sept groupes principaux dont les plus importants, en commençant par le nord, sont ceux de Tella-dou-Matis, Milla-doué-Madoné, Padipolo, Malos-Madou, Malé, qui donne son nom à l’archipel tout entier et qui renferme la capitale de l’État, car ces îles forment un petit royaume à part ; Poulisdous, Nillandous, Moluque, Colomandous, Adoumatis, Sonadive, Adden et Pouamoluque. Le groupe des Maldives comprend environ 12 000 îles, mais la plupart ne sont que des rochers que la mer couvre fréquemment et dont on ne peut tirer aucun parti.
Le nombre des îles du groupe qui sont habitées est de 50 ; celles qui sont désertes renferment presque toutes une végétation abondante et dont il est facile d’expliquer l’origine. Les vents et les courants amènent à la surface de la mer des débris de toutes sortes qui sont portés sur les îles, et dont la décomposition crée une couche végétale excellente. De nombreux oiseaux viennent sans cesse se réfugier sur ces terres rocheuses et y apportent des graines. Ces semences, à la longue, produisent une végétation luxuriante d’un caractère tout particulier. Le plus curieux et le plus connu de ces produits végétaux est le célèbre coco de mer, plus communément appel noix des Maldives.
Les rochers madréporiques qui sont la base des îles de ce vaste groupe, forment des espèces d’enceintes circulaires, protégeant de larges bassins dans lesquels la mer est toujours calme. Chaque bassin contient lui-même, dans son étendue, un grand nombre d’îlots de toutes dimensions dont la réunion forme se qu’on appelle un atoll, c’est-à-dire un groupe particulier : les écueils et les récifs qui les entourent, très dangereux pour la navigation, sont un rempart naturel pour les habitants, qui se trouvent avoir ainsi une protection naturelle. La chaîne des Maldives est séparée de Malicoï par un passage auquel on donne le nom de canal de 8e degré.
Ces îles forment un petit État à part. Ses habitants vivent sous le gouvernement d’un prince qui prend le titre pompeux de sultan et qui habite la ville de Male, dans l’île du même nom. Cette île, la plus grande et la plus importante du groupe, a environ 5 kilomètres de tour. Le sultan habite un palais renfermé dans une forteresse construite en 1747 par un ingénieur français nommé Béfort. Cet ingénieur avait été envoyé par Dupleix, sur la demande du souverain d’alors, plus puissant que celui d’aujourd’hui, qui voulait se lier avec la France. Béfort mourut dans l’île. On voit encore son tombeau dans l’intérieur du fort. Il est entretenu avec soin par le sultan. On y lit une inscription, écrite dans la langue du pays et qui relate tous ses titres à la reconnaissance des habitants.
Indépendamment du palais, la ville possède encore deux belles mosquées construites dans la seconde moitié du XVe siècle, et un observatoire que le souverain actuel a fait relever il y a peu d’années, et que son prédécesseur avait laissé tomber en ruines. On y fait des observations météorologiques très suivies. La population de la ville de Male est d’environ 6000 âmes. Elle a un port assez bon et elle fait un commerce suivi, principalement avec Sumatra et la côte d’Orissa.
La population des Maldives comprend l’élément hindou et l’élément musulman. Elle est ignorante et se livre à des pratiques bizarres. Les habitants sacrifiant au dieu du vent, qu’ils regardent comme le plus puissant des êtres surnaturels. La nourriture des Maldiviens consiste presque exclusivement en riz, dans lequel ils râpent de la noix de coco. Ils boivent du vin de palme et du calou, boisson parfumée et rafraîchissante qu’ils extraient par incision des branches du cocotier. Le pays ne produit pas de grands mammifères.
On y trouve seulement une espèce de gazelle et le cabri de l’Inde, qui produit de bon lait et dont la chair est excellente. Non loin des Maldives, s’étend un autre groupe, celui des Laquedives, et ces deux archipels sont séparés l’un de l’autre par une petite île appelée Malicoï, extrêmement fertile, et qui appartient à un radja de Malabar.
(Moniteur de la flotte.)