L’expérience que nous allons décrire joint à l’avantage de provoquer une certaine émotion chez les spectateurs, celui d’être assez curieuse au point de vue mécanique.
Prenez une assiette ordinaire, et placez en son milieu un rond de serviette plat, par exemple un rond d’ivoire taillé en tore ou un rond en bois laqué haut de 15 millimètres.
Saisissez l’assiette par les bords, aux extrémités d’un diamètre, et lancez-la en l’air pour lui faire exécuter ainsi un tour complet sur elle-même (fig. 1). Elle retombera à plat dans vos mains tendues pour la recevoir, et le rond restera immobile an fond de l’ustensile culinaire, il y semblera collé : c’est un effet de la force centrifuge. La rotation de l’assiette s’est effectuée autour d’un axe passant par ses bords. Il est facile de voir que dans ce mouvement le rond de serviette a été appliqué par la force centrifuge contre le fond de l’assiette, et qu’il lui a été impossible de s’échapper.
Un des côtés intéressants de cette expérience, c’est qu’on peut à volonté, en prévenant les spectateurs, faire rester le rond dans l’assiette ou le projeter au loin. En effet, pour le lancer hors de l’assiette, il suffit de produire le mouvement de rotation de cette dernière autour d’un axe passant très près du fond, ou se trouvant en dehors.La force centrifuge, on le voit immédiatement, arrache alors l’objet au plan sur lequel il est placé et le projette soit sur le nez de l’opérateur, soit sur les inoffensifs spectateurs de cette jonglerie.
L’expérience réussit très bien avec une assiette creuse. Évidemment, on peut mettre dans l’assiette un objet quelconque, un bouchon, un morceau de pain ou de carton, un canif, une clef, etc. ; quelques gens habiles font même l’expérience avec des aliments, une assiette contenant une part de haricots, par exemple. Il suffit que la hauteur de l’objet ne soit pas trop considérable.
Je rappellerai, à propos de force centrifuge, l’expérience suivante que. M. le professeur Van der Mensbrugghe exécute, tous les ans, dans son cours de physique. Il attache à l’extrémité d’une ficelle longue de 50 à 40 centimètres une chaîne métallique à petits maillons, d’une longueur totale de 25 à 55 centimètres et fermée sur elle-même. Tenant la ficelle verticale, il lui imprime un mouvement de rotation rapide dans le même sens comme s’il voulait la tordre entre ses doigts (fig. 2) ; la chaîne s’ouvre d’abord comme on le voit dans la figure ci-dessous (A) ; en augmentant la vitesse de rotation de la ficelle, la matière lourde qui constitue la chaîne est rejetée de plus en plus loin : elle finit par former un cercle dans un plan horizontal. La corde décrit dans ce mouvement une espèce de surface conoïde, déformée par la force centrifuge.
La figure ci-contre (fig. 2, B) donne l’aspect exact que le petit appareil offre sur l’œil pendant la rotation.
De la même manière , un porte-plume attaché à une ficelle par une de ses extrémités prend une position presque horizontale.
Félix Leconte