Prenez une boîte rectangulaire en bois blanc, à l’une des surfaces de laquelle vous enfoncerez un clou ou une tige métallique de 0,08m environ de longueur. Vous fixerez à l’extrémité de cette tige, au moyen de cire à parquet ou de résine fondue, une pièce de dix centimes collée à plat. A côté de cette pièce fixée au bout de la tige, vous collerez directement sur la boîte une pièce de cinq centimes dont la surface est, comme on sait, beaucoup plus petite. Si vous regardez ces deux pièces de monnaie à travers un trou circulaire de 0,001m de diamètre, pratiqué dans un écran en carton, vous serez incapable de distinguer la pièce de cinq centimes de celle de dix centimes. Elles vous paraîtront toutes deux de même grandeur.
Il va sans dire que les deux pièces doivent être collées du côté pile, afin que la face où ne se trouve point l’indication de la valeur de la pièce soit seule visible. La distance à laquelle les pièces de monnaie doivent être placées de l’œil de l’observateur varie suivant la qualité de la vue. Il est bon, pour réussir l’expérience, de placer son œil contre l’orifice de l’écran maintenu fixe, et d’éloigner ou de rapprocher avec la main la boîte de bois servant de support aux deux pièces. Il arrive un point, qui varie généralement entre 0,15m à 0,25m de distance, où l’œil aperçoit les deux pièces de même grandeur ; en diminuant alors graduellement la distance, la pièce de cinq centimes arrive même à paraître plus grande que celle de dix centimes.
Cette expérience s’explique en ce que l’œil, placé dans les conditions indiquées, n’apprécie plus les distances qui le séparent des deux objets. C’est par un phénomène analogue que la Lune, considérée dans le chercheur d’une lunette astronomique, paraît plus petite qu’à l’œil nu, tandis qu’en réalité, elle est grossie par l’instrument.
G. T.