Vous prenez deux verres à boire, de petite dimension, des verres à vin de Bordeaux par exemple ; vous avez soin de les choisir de telle sorte que leurs bords puissent se superposer. Vous les immergez dans l’eau, en vous servant d’un seau ou d’une terrine, et avant de les sortir du liquide vous les placez bord à bord de manière à ce qu’ils restent pleins tous les deux comme le montre notre figure. Vous aurez ainsi deux verres pleins d’eau, sans air : il vous sera facile, en agissant avec précaution, de les déplacer légèrement l’un par rapport à l’autre, afin de laisser un léger intervalle entre leurs bords. Prenez à ce moment du vin dans un troisième verre, et versez-Ie goutte à goutte sur le pied du verre supérieur, d’où il se répandra doucement sur la surface de ce dernier. Arrivé à la ligne de séparation, vous verrez le vin, au lieu de continuer sa descente, pénétrer par minces filets rouges entre les deux verres, et monter lentement dans celui du haut, grâce à la différence de densité du vin et de l’eau. Vous pourrez arriver ainsi à colorer totalement en rouge l’eau du verre supérieur, sans teinter celle du verre inférieur.
Le vin a adhéré au verre supérieur par l’action de la capillarité : il s’est élevé dans le verre en raison de la différence de densité avec l’eau. Il y a là une expérience à la portée de tout le monde et qui peut servir de démonstration de cours.
Nous empruntons cet intéressant sujet de physique au journal le Chercheur, qui a bien voulu s’inspirer de nos Récréations scientifiques sous la direction de notre collaborateur, M. Arthur Good.
Nous ajouterons que les deux verres en expérience doivent être posés sur une assiette creuse, afin de recueillir l’excès de vin, car il en ruisselle aussi une notable partie autour du verre inférieur. Il n’y en a qu’une fraction qui s’élève dans le verre supérieur, Il n’en est pas moins vrai que l’eau de ce verre, seule, se colore en rouge, tandis que l’eau du verre inférieur reste incolore.