CE N’EST pas d’aujourd’hui que l’on se préoccupe de doter voyageurs et navigateurs de moyens de sauvetage. Si vous consultez les annales de notre Conservatoire dés Arts et Métiers, vous pourrez constater que c’est un des problèmes qui ont retenu l’attention des inventeurs depuis trois quarts de siècle.
Il faut croire que la solution idéale n’a pas encore été trouvée, puisque les inventions succèdent aux inventions, sans que les intéressés s’arrêtent à un choix définitif !
La dernière en date nous arrive d’Amérique. Plusieurs personnes, dont quelques jeunes filles, consentirent à se jeter à la mer, dans la rade de Boston (Massachusetts), après avoir revêtu le costume inventé par un professeur d’université, M. Ernest Tiller.
Ce costume est complètement étanche : manches et gants, jambes et bas, font corps avec lui, et l’eau ne peut pas s’infiltrer par les poignets. Seule, l’encolure pourrait la laisser pénétrer sous le jet d’une vague. Mais l’inventeur a pourvu à cet inconvénient, par le moyen de bourrelets qui s’étagent autour du cou, en se gonflant comme nous allons l’expliquer.
À l’état d’inaction, le costume est si peu encombrant qu’il tient dans une petite valise. On s’y enfile comme dans un sac, les pieds d’abord. L’opération demande une minute ou deux, car il n’y a ni boutons, ni boucles, ni cordons à ajuster.
Si l’imminence du naufrage en laisse le temps, la personne ainsi équipée peut commencer à gonfler l’enveloppe caoutchoutée en soufflant dans un tube. Mais elle peut, en cas de danger immédiat, se dispenser de cette opération.
M. Tiller a inventé un produit chimique, qu’il appelle l’inflator, et qui jouit de l’étrange propriété de se volatiliser au contact de la chaleur du corps humain.
Une pincée de cette poudre, versée au fond de chacun des « bas » du costume, suffit à produire assez de gaz pour qu’il se gonfle instantanément ; et qu’il atteigne un volume deux ou trois fois supérieur à celui du corps.
Assurément, l’aspect d’une personne ainsi « emmagasinée » est du dernier grotesque ! Mais, une fois dans l’eau, ce détail est de maigre importance ! L’essentiel est de pouvoir flotter assez longtemps pour attendre l’arrivée des secours, et ce résultat est acquis.
L’appareil est muni, à hauteur de la poitrine, d’une poche extérieure imperméable, où l’on peut enfermer quelques provisions. Sur notre photographie, les expérimentateurs sont en train de trinquer, gaîment avec des flacons de lait.
À signaler un autre dispositif qui nous apparaît très pratique. L’appareil est pourvu d’un arc métallique, dont les branches sont attachées à des anneaux solidement accrochés dans la doublure de cuir.
Cet arc peut s’attacher facilement à la corde que lance le navire accouru au secours des naufragés. Sur ce même arc sont agencées des lanières de cuir qui peuvent s’attacher à l’anneau d’une bouée.
Les résultats de ces essais ont été concluants. Mais il est si rare qu’ils ne le soient pas, quand les dépêches nous signalent une nouvelle invention, que nous agirons prudemment en attendant, pour nous prononcer.