Les moyens de transport

La Science Illustrée N° 676, 10 Novembre 1900
Vendredi 27 février 2009

Comme tant d’autres, l’industrie voiturière a pris naissance à l’origine même de la civilisation, et tous les peuples de l’antiquité ont eu des véhicules d’une foule d’espèces et toujours disposés de manière à convenir aux applications particulières qu’on voulait en faire, c’est-à-dire au transport des personnes et des choses.

Homère décrit déjà une voiture dont les roues à huit rayons d’airain sont fixées aux deux extrémités de l’essieu de fer. Au bout du timon est le joug, partie transversale en bois qui s’ajuste, par une cheville, à l’extrémité trouée du timon à laquelle il est relié plus solidement par des courroies. Aux deux extrémités du joug sont des anneaux pour laisser passer les guides.

Chez les Grecs et les Romains, les voitures étaient de formes très variées et traînées par des chevaux ou des mules ; elles étaient pour la plupart découvertes et richement ornées.

Indépendamment des chars servant au transport, les anciens ont connu les chars de guerre employés principalement chez les nations orientales : Perses, Mèdes et Assyriens. C’étaient des voitures légères, parfois armées de faux, qui leur tenaient lieu de cavalerie, et dont ils se servaient, soit pour enfoncer les bataillons ennemis, soit simplement pour transporter au fort de la mêlée l’élite de leurs guerriers. Les Égyptiens, les Carthaginois, les Gaulois et même les Grecs, à l’époque de la guerre de Troie, avaient aussi des chars de guerre, mais ces derniers, quand ils eurent fait des progrès dans l’art militaire renoncèrent à les employer, parce qu’ils reconnurent par expérience l’inefficacité de ce moyen d’attaque contre des armées bien disciplinées.

Au moyen âge nous retrouvons dans toute l’Europe de lourds chariots, souvent à roues pleines, traînés par des bœufs ou par des chevaux. Toutes ces voitures sont dépourvues de ressorts, la caisse est directement posée sur les brancards et les essieux.

Au commencement du XVe siècle, on imagina de rendre moins rudes les réactions du chariot en le suspendant sur l’essieu à l’aide de cordes ou de courroies, d’où le nouveau nom de char branlant qui lui fut donné à cause des balancements qu’il devait à sa construction nouvelle.

« On lui donna aussi le nom de Chariot dameret ou Chariot des dames, dit Maigne, dans son Dictionnaire des origines des inventions et découvertes, parce qu’il était réservé aux femmes de distinction. Les miniatures des manuscrits prouvent qu’il était très employé au XVe siècle en France, en Allemagne, en Angleterre et en Italie. A ce premier perfectionnement, le XVIe siècle en ajouta plusieurs autres. Au lieu d’être demi-circulaire et soutenue par des cerceaux comme précédemment, la couverture devint plate et carrée et reçut pour supports des colonettes de bois. En même temps la caisse prit la forme d’un grand coffre dans lequel on pénétrait au moyen d’une petite échelle de fer, et sa partie supérieure, qui était ouverte de tous côtés, fut fermée par des rideaux d’étoffe ou de cuir fixés à la couverture.

« Le nouveau véhicule reçut le nom de carrosse, de l’italien carrozza, parce que l’idée en était probablement venue de l’Italie ; on l’appela également coche, du latin concha ; coquille, à cause de la forme de sa caisse. »

Les voitures de cette espèce furent d’abord très rares, presque des curiosités. La première que l’on vit à Paris fut, dit-on, construite pour Diane de Poitiers, par ordre de François 1er. En 1550 on n’en comptait encore que trois dans cette ville, celle de Diane, celle de la reine et celle du maréchal de Bois Dauphin, que son extrême obésité empêchait de monter à cheval.

C’est dans son carrosse que fut tué Henri IV. Vers 1620, Bassompierre apporte d’Italie l’usage des stores en glace pour remplacer les rideaux flottants.

Vers 1660, des inventeurs dont le nom est inconnu imaginèrent la suspension au moyen des ressorts. Le luxe des carrosses de gala devint bientôt prodigieux comme on peut s’en rendre compte par une visite à Trianon ou au musée de Cluny. Leur caisse est énorme, très haute, très écartée des paires de roues antérieure et postérieure.

A mesure que les carrosses se multiplièrent, on les modifia de mille manières de façon à les approprier à des besoins divers. Au XVIIe siècle on imagina les demi-carrosses ou carrosses coupés, ou, plus simplement, coupés, puis les calèches, les cabriolets, les phaétons, les berlines, etc. ; plus tard enfin les carrosses de louage ou fiacres, puis les omnibus.

Dans les pays du Nord, le traîneau remplace la voiture. C’est, en somme, une voiture sans roues glissant sur deux longs patins recourbés.

Primitif, formé de quelques planches mal ajustées, est le traîneau de l’Esquimau ou du Lapon.

Il n’est cependant pas de moyen de transport qui ait été plus luxueusement orné et de façon plus ingénieuse pour l’usage des riches particuliers de Suède, d’Allemagne et même de France, quoique l’hiver soit chez nous assez clément.

Nos musées possèdent de fort beaux traîneaux. Au musée de Cluny en est un ayant la forme d’une grande salamandre vomissant du feu. On peut en voir de très intéressants au musée centenal de l’Exposition des Moyens de transport au palais du Génie civil.

Notre gravure reproduit un curieux traîneau du musée de Stuttgard. Datant du XVIe siècle, il est formé d’un centaure en bois sculpté armé de l’arc et lançant la flèche.

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