La poterie d’étain en Angleterre

P. Voizot De Lerma, La Nature, N°1386 - 16 Décembre 1899
Samedi 28 février 2009 — Dernier ajout lundi 25 mars 2024

P. Voizot De Lerma, La Nature, N°1386 - 16 Décembre 1899

De tous les peuples européens les anglais sont presque les seuls qui aient continuer à se servir de la poterie de métal. Pendant que les autres nations abandonnaient graduellement la poterie d’étain pour le verre, la faïence et la porcelaine (les peuples buveurs de vin d’abord et ensuite ceux qui consomment de la bière et du cidre), les populations de a Grande-Bretagne continuaient à préférer les récipients et le gobelets d’étain, et bien que, actuellement, cette prédilection soit un peu moins marquée, on peut dire que dans les classes populaires la poterie d’étain domine encore.

On ne saurait méconnaître, en même temps, que la poterie d’étain fabriquée en Angleterre a depuis les temps les plus reculés toujours été d’excellente fabrication.

Les rois d’Angleterre, dès avant le quinzième siècle, avaient formulé des ordonnances qui règlementaient minutieusement cette industrie dans tous ses détails.

Ne devaient être admis, dans les ateliers des maîtres potiers, que des ouvriers stylés et ayant fait un long apprentissage. On ne tolérait pas la fabrication d’une poterie de qualité inférieure ou d’un alliage qui ne fût pas conforme aux ordonnances, et au quinzième siècle presque toute la vaisselle, les plats, les surtouts, les bols et les pots devaient peser un. poids donné.

Après l’an 1504, un règlement porta que chaque pièce devait être poinçonnée et porter la marque distinctive du fabricant. Il était défendu également aux potiers anglais de travailler de leur métier ailleurs qu’en Angleterre, sous peine de bannissement et de forfaiture.

Les ateliers étaient inspectés cinq fois par an, et les marchandises défectueuses, de mauvaise qualité, mal faites ou non poinçonnée étaient saisies et le fabricant passible d’une amende.

La première qualité de la poterie d’étain moderne des Anglais, qu’ils appellent plate-metal, dont on fabrique principalement les plats et aussi les assiettes et qui a presque le poli et l’aspect de l’argent, est composée de 112 parties d’étain et de 6 ou 7 parties de régule d’antimoine. Bien qu’elle ne vaille pas la vaisselle d’étain d’ancienne fabrication elle s’en rapproche comme qualité, car elle est pure de tout alliage de plomb.

La deuxième qualité,.appelée en anglais trifle, est mélangée de plomb dans une certaine proportion. Elle sert surtout à la fabrication des pintes et pewterpots dont on se sert dans les bars et les public houses.

Au temps jadis, les ustensiles en étain étaient largement employés par les autorités ecclésiastiques, pour les usages du culte, dans les églises et les couvents.

L’étain prenait place à côté de l’or et de l’argent et était estimé assez noble pour servir à la fabrication des calices, des patènes et même des saints ciboires.

Pendant la première et la plus grossière période du moyen âge les objets du culte, et principalement les calices, étaient fabriqués en bois, en corne, en marbre, en verre, en cuivre et en plomb.

Mais petit à petit, le bois et la corne cessèrent d’être employés comme trop poreux ; le marbre et le verre comme trop fragiles, et le bronze, le cuivre et le plomb comme altérant les qualités du vin. C’est alors que l’or, l’argent ct l’étain devinrent d’un usage fréquent.

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