Le pavage en bois et l’hygiène

La Nature, N°1057 - 2 Septembre 1893
Samedi 28 février 2009 — Dernier ajout lundi 25 mars 2024

La Nature, N°1057 - 2 Septembre 1893

On sait l’importance considérable que le pavage en bois a pris depuis quelques années dans les grandes villes, notamment à Paris et à Londres. Ce pavage est propre, mais il n’est pas toujours commode pour les chevaux et devient fort glissant quand il est mouillé. Certains hygiénistes ont, d’autre part, déclaré la guerre au pavage en bois et ils apportent plusieurs raisons pour justifier leur opinion.

Il est certain qu’en Angleterre notamment, une réaction commence contre l’emploi du pavage en bois dans les voies étroites, les cours de maisons et les préaux des écoles. En effet, le bois arrosé d’urines ou simplement d’eau, fermente et devient putrescible ; c’est ce poussier de pavage en bois qui a causé, disent les médecins, ennemis du pavé de bois, tant de cas de conjonctivite et de maux cet été à Paris.

Nous trouvons, dans un des derniers numéros de la City Press, un extrait du rapport du Dr Sedgwick Saunders, médecin chargé de la salubrité de la cité de Londres, que nous analysons ci-dessous. Le Dr Saunders exige d’abord, pour l’assainissement de la voie publique, l’emploi libre des désinfectants mélangés avec l’eau dont on se sert pour arroser la voie publique. Ce système, qui a rendu des services considérables, a pour but de supprimer les inconvénients résultant des digestions d’animaux et autres matières organiques déposées sur les voies très fréquentées, et notamment sur les chaussées pavées en bois où elles séjournent mieux. Le médecin anglais formule ensuite cette opinion, qu’il appuie d’exemples : « Le pavage en bois est le système de revêtement des chaussées le plus antihygiénique que l’homme ait créé ». Et il cite des voies de Londres où l’on doit employer les désinfectants au moins deux fois par jour, parce qu’elles sont pavées en bois et que les matières organiques, s’infiltrant dans les joints, s’y décomposent et dégagent des odeurs abominables. Ces affirmations nous paraissent exagérées et sujettes à caution. Quoi qu’il en soit, l’emploi de l’eau d’arrosage contenant des agents désinfectants ne saurait manquer d’être salutaire. Le Dr Saunders préconise avec force l’emploi du pavage-asphalte comprimé ou de toute autre matière imperméable, et il exprime l’espoir que son avis prévaudra bientôt pour la meilleure cause de l’hygiène publique.

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