Si nous en croyons notre confrère Scientific American, deux inventeurs prussiens viennent d’imaginer une nouvelle méthode pour obtenir le durcissement du fer.
Ils se fondent en principe sur ce que le phosphore a la propriété de donner au fer un certain durcissement de surface, qui n’est pas toutefois sans s’accompagner d’une fragilité évidemment regrettable. On suppose que la présence du phosphore fait prendre au métal une texture grossière, si bien que les cristaux ne sont réunis les uns aux autres que d’une manière assez imparfaite. Mais cette action qu’a le phosphore de diminuer ainsi la cohésion des molécules du fer, a pour conséquence de faciliter l’absorption du carbone par ce métal : le carbone y pénètre rapidement à une profondeur notable, en assurant à la masse une ténacité toute particulière qui vient compenser, et bien au delà, la fragilité dont nous parlions à l’instant. Les deux inventeurs chauffent donc le fer dans une poudre qu’ils appellent « à tremper », et qui est composée de substances azotées organiques contenant une proportion élevée de cendres fusibles, et ils emploient le phosphore comme moyen d’introduire le carbone dans le métal. Cela ne nuirait nullement aux propriétés soudantes du fer, et lui donnerait pourtant une dureté telle qu’il ne pourrait plus être entamé par aucun des aciers connus à outils.
Pour arriver, suivant cette méthode, à durcir la surface d’un bloc de fer de 200 kg environ, à une profondeur d’un millimètre, les pièces sont enfermées dans un moufle ou un appareil analogue, au milieu de poudre d’os, cette poudre étant additionnée d’une certaine quantité de prussiate et de cyanure de potassium, et aussi de phosphore. On ferme le moufle, qu’on lute soigneusement, puis on élève à la température du rouge clair ou du blanc ; on trempe ensuite le métal à l’eau ou dans un autre bain, et quand il est encore au rouge.