L’air enfermé dans une bulle de savon est soumis à une pression qui, soit dit en passant, est proportionnelle à la courbure de la bulle, c’est-à-dire inversement proportionnelle à son rayon lorsqu’elle est sphérique. Cette pression a été fréquemment mesurée, mais sa détermination exacte exige quelques appareils et une certaine habileté. En revanche, il est facile de démontrer son existence et même de la rendre visible à tout un auditoire ; il suffit, pour cela, de souffler une bulle sur un petit entonnoir, à large tubulure, comme l’embouchure d’un cornet à piston, puis de diriger le courant d’air sortant de l’orifice sur la flamme d’une bougie, qui se couche, et peut même s’éteindre au moment où la bulle, avant de rentrer entièrement dans l’entonnoir, exerce son maximum de pression. La figure ci-dessus reproduit une photographie obligeamment communiquée par C.-V. Boys, membre de la Société Royale de Londres, et montre l’arrangement de l’expérience.
Nous en décrivons une autre due également à M. Boys. Les phénomènes de diffusion des gaz à travers les membranes sont rarement démontrés expérimentalement dans les cours élémentaires ; on peut le faire bien simplement :
On verse, dans une cloche de verre dont l’ouverture est dirigée en haut quelques gouttes d’éther, qui se volatilisent en remplissant la cloche d’une vapeur lourde ; on peut d’abord rendre évidente l’existence de cette vapeur en laissant descendre dans la cloche une bulle de savon, qui s’arrête, et flotte à un certain niveau. Puis, après avoir crevé cette bulle, on en souffle une autre, que l’on plonge dans la vapeur. Lorsqu’on l’en retire après une demi-minute environ, on remarque qu’elle a perdu sa forme gracieuse, et qu’elle pend tristement au-dessous de l’entonnoir. Si, maintenant on approche une bougie du col de celui-ci, on voit s’allumer une flamme longue de plusieurs centimètre, qui brûle tant qu’elle est alimentée par le mélange d’air et d’éther remplissant la bulle. En préparant cette expérience, il faut reboucher immédiatement la bouteille d’éther, et ne verser que la quantité de liquide nécessaire à l’effet que l’on veut produire. La bougie doit être à un niveau supérieur au bord de la cloche ; si l’on négligeait ces précautions, on s’exposerait à une explosion, qui pourrait offrir un certain danger.
C.-E. G.