Algues des eaux de La Bourboule

La Nature N° 641 — 12 septembre 1885
Samedi 11 octobre 2014 — Dernier ajout jeudi 23 mai 2019

En dehors des sels, auxquels elles doivent leurs propriétés particulières, les eaux minérales contiennent presque toutes en plus ou moins grande quantité des principes organiques. Le dosage en est assez simple, mais on n’a pu les isoler de façon à en donner la composition exacte : aussi les avis sont-ils fort partagés sur la valeur qu’ils peuvent avoir au point de vue de l’action thérapeutique de l’eau.

À côté de cette matière organique, il existe dans certaines sources, les eaux sulfureuses principalement, une très riche variété de végétaux confervoïdes. Les eaux sulfureuses des Pyrénées en renferment des quantités et ce sont ces plantes qui constitueraient, d’après les auteurs qui se sont occupés de cette question, la glairine et la barégine, d’où leur surnom de sulfuraires. Il ne s’agirait pas d’un fait fortuit ; leur rôle est en effet très important et ce serait à leur action, à leur puissance fermentescible, qu’on devrait rattacher la transformation des sulfates en sulfures. MM. Plachud, Etard, ont tout an moins pu réaliser expérimentalement cette transformation chimique.

M. le Dr Daujoy, qui exerce depuis de longues années à la station de la Bourboule, cherchait depuis longtemps si ces sulfuraires, trouvés en abondance dans les eaux de Barèges, n’existaient pas dans les sources de l’Auvergne. Il avait bien remarqué, au points de jonction des tuyaux, les fuites d’eau donner naissance à de petites masses incolores, gélatineuses, à ce que l’on désigne sous le nom de glairine, mais il n’avait jamais rencontré des conferves. Le hasard se chargea de lui fournir les éléments de son travail. Un défaut de raccord dans une prise d’eau hissa filtrer sur le rocher un filet peu considérable, mais constant, pendant tout un été. Sous l’action de l’air, de la chaleur, de la lumière, les conferves se développèrent et à plusieurs reprisas M. Danjoy put en recueillir des quantités suffisantes pour les examiner au point de vue chimique et botanique. Ce sont bien des conferves propres à l’eau de la Bourboule, car les eaux de pluie ou de ruisseaux ne donnaient rien de semblable et la végétation cryptogamique ne s’était produite que sur les points arrosés par l’eau minérale.

C’est l’étude de ces végétations cryptogamiques que M. Danjoy vient d’établir. Quelle variété d’algues appartient à telle ou telle source ? Quels rapprochements peul-on établir entre telles et telles eaux, d’après la matière organisée qui s’y développe ? Ce sont tout autant de questions qui ont une certaine importance au point de vue de la classification des eaux et qu’une détermination botanique permettre de résoudre. On a déjà réuni les matériaux de ce travail pour les eaux des Pyrénées et M. Danjoy fournit les données pour le centre de la France.

Les variétés de ces végétaux confervoïdes sont fort nombreuses. Les algues comprennent : la spiruline oscillarioides (fig. 1), la nodularia harveyna (fig. 2 a, b, c, d) l’oscillaria Iimosa (fig. 3) l’oscillaria tenuis (fig. 4) l’oscillaria antliaria (fig. 5). On trouve sous la forme de fortes agglomérations membraneuses d’un vert foncé, l’hypheothrix œruginea (fig. 6 a, b). Parmi ces algues, on rencontre les diatomées suivantes : gomphonema angustatum (fig. 8), navicula viridis (fig. 9), navicula subcapitata (fig. 10) navicula seminulum (fig. 11), navicula atomus (fig.12), navicula borealis (fig. 13), navicula crassinervia (fig.14), tryblionella acuminata (fig. 15), etc.

L’analye chimique fournit des résultats intéressants : on trouve en effet dans ces dépôts de matière organisée, une quantité considérable d’arsenic, près de 90 centigrammes d’arsenic métallique pour 100 grammes de matière sèche, ce qui représente près de 1,37g d’acide arsénique. Or si l’on compare ces chiffres à ceux de l’analyse de l’eau, on voit que la proportion d’arsenic est plus élevée que ne pourrait le faire supposer la dose d’eau interposée. C’est peut-être cette fixation des principes actifs qui avait donné l’idée d’employer les conferves en pâtes ou pilules ; mais on risquerait d’ingurgiter l’arsenic à un peu trop hautes doses et il sera plus simple de prendre l’eau dont la minéralisation est fixe, bien établie. A. C.

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