Le gouvernement chinois a, parait-il, entrepris de réformer le système postal de l’Empire. La Revue française donne, d’après le rapport du consul des États-Unis à Fou-Tchéou sur le système employé jusqu’ici, d’intéressants détails que nous allons résumer.
Des entreprises privées ont depuis longtemps établi des communications postales entre les diverses provinces impériales, au moyen des boutiques à lettres. On n’emploie pour cela aucun timbre-poste ; seul, le cachet du propriétaire de la boutique est appliqué sur l’enveloppe. Les édits impériaux ou autres messages officiels sont transportes pal’ des courriers qui font jusqu’à 400 kilomètres par jour. Dans les districts où l’on emploie les chevaux, chaque chef de station est tenu d’avoir de 10 à 20 chevaux ou mulets toujours prêts.
Dans les ports ouverts aux Européens par les traités, les boutiques à lettres sont employées par les indigènes seuls. Mais dans l’intérieur, les étrangers les emploient aussi. Ce système ressemble au système américain connu sous le nom d’Express Delivery , et, en dehors des lettres, transmet des petits échantillons. Ce système assure contre les pertes ; en effet, le contenu des lettres et échantillons remis à une boutique à lettres est montré au détenteur de la boutique, qui l’enregistre, puis ensuite cacheté et timbré par ce dernier, Les frais de transport des valeurs sont proportionnels à ces valeurs ; pour les lettres, la taxe varie suivant la distance à parcourir. Un reçu est délivré par le détenteur de la boutique à lettres qui est dès lors responsable. Comme ces boutiques sont des entreprises privées, il existe entre les divers détenteurs une concurrence dont le public profite. Dans certaines provinces, les deux tiers du prix de la transmission sont, payés par l’envoyeur, le reste est touché chez le destinataire. Un mode de paiement très apprécié des négociants indigènes consiste à avoir un compte ouvert dans la boutique à lettres ; le règlement s’en fait à la fin de chaque mois. Il y a près de 200 boutiques à lettres à Shanghaï ; les employés de ces boutiques vont jusque dans les maisons à la recherche de clients. Dans le nord de la Chine, où les chevaux sont nombreux et les routes convenables, les porteurs de lettres emploient des chevaux et des mulets ; ils en trouvent dans des stations établies tous les 16 kilomètres. Chaque messager porte de 70 à 80 livres de lettres, paquets, etc., et fait 8 kilomètres à l’heure ; à chaque station il change de cheval jusqu’à ce qu’il soit arrivé à la station terminus qui lui est assignée, où il remet son courrier à un autre messager chargé du service sur le parcours suivant ; le mauvais temps ne saurait arrêter ce service, qui doit être fait quand même. Dans les parcours de peu d’importance, dans la centre et le sud de la Chine, les messagers voyagent à pied, au pas allongé ; afin d’éviter que ces messagers ne soient attaqués par les voleurs de grands chemins, chaque district paye une taxe régulière à ces derniers, qui empêchent même les messagers d’être attaqués par d’autres voleurs. Il existe deux sortes de timbres-poste en Chine. Le premier a été introduit par sir Robert Hart et n’est employé que dans les services des douanes chinoises. Le second est un timbre local employé à Shanghaï par une Compagnie étrangère.