M. le comte du Moncel vient de faire paraître dans la Bibliothèque des merveilles un petit traité de l’éclairage électrique qui arrive fort à propos pour satisfaire l’ardente curiosité qu’a fait naître celle nouvelle application industrielle de l’agent mystérieux auquel nous devons déjà la télégraphie et la galvanoplastie et qui nous réserve salis doute bien d’autres surprises.
Le savant électricien français a su expliquer d’une leçon claire, quoique succincte, la nature et les propriétés des courants électriques, leur mode de production et de propagation et leur transformation en chaleur et en lumière ; il a pu, mieux que personne, classer et décrire les différents systèmes et les appareils qui servent à les réaliser. Il a même essayé d’initier ses lecteurs aux délicates questions des mesures électriques et magnétiques, bien que le désaccord qui règne entre les physiciens rende cette partie de sa tâche bien difficile.
Il sera facile, après avoir lu cet ouvrage, de comprendre pourquoi les nombreux essais d’éclairage qui ont été faits depuis vingt-cinq ans ont échoué successivement. Ce n’est que l’une après l’autre que les exigences du problème ont pu être satisfaites ; le régulateur pour la marche des charbons et l’entretien automatique de la lumière ; les machines d’induction pour la production de l’électricité à bon marché ; la fabrication économique des charbons polaires ; la répartition de la lumière par la division des foyers, sont autant de découvertes réalisées à de longs intervalles et dont l’ensemble était indispensable. Mais s’il a été fait de grands progrès dans ces dernières années, il en reste encore à faire et l’ouvrage de M. du Moncel est appelé à y contribuer. Il s’y trouve malheureusement une lacune que l’auteur lui-même regrette de n’avoir pu combler malgré tous ses efforts ; c’est la mesure comparative des résultats économiques et techniques obtenus avec les différents appareils mis en usage. Malgré les travaux de MM. Tresca, Sartiaux, Fontaine, Heilmann et Lévy et ceux des commissions anglaises et américaines, la question reste encore pendante et il est à craindre que les difficultés d’intérêts et d’amour-propre qui s’y rattachent n’en retardent encore la solution.