M. Palmieri naquit le 21 avril 1807 à Faicchio, petite ville de 1.500 habitants, dans la terre de Labour, à treize kilomètres de Piedmonte, et faisant partie de l’antique Samnium.
Dans sa première jeunesse, M. Palmieri reçut les enseignements de son père qui était passionné pour l’étude de la langue latine. On le mit ensuite au séminaire de Cajazzo et enfin on l’envoya terminer ses études à Naples.
Les succès qu’il obtint dans l’étude de la physique et de la philosophie le firent entrer dans le corps enseignant du lycée royal de Naples d’abord comme professeur de physique.
En 1832, il établit à Naples une institution particulière consacrée à l’étude de la physique et de la philosophie dans laquelle il forma à ses frais une collection de machines et d’instruments de physique.
L’établissement qu’il créa eut le plus grand succès. Ses cours furent suivis par plus de quatre cent élèves.
En 1845, M. Palmieri fut nommé professeur au collège de Marine, et à la mort de Pascal Galuppi, on lui confia la chaire illustrée à l’Université de Naples par ce célèbre apôtre des doctrines spiritualistes.
M. Palmieri, qui n’avait cessé d’unir la culture de la philosophie à celle de la physique, alliance si nécessaire de nos jours, s’acquitta avec distinction de cette mission difficile.
La mort de l’illustre Melloni vint l’appeler à d’autres fonctions. L’auteur des belles recherches sur le calorique rayonnan avait connu, en 1831 les douleurs de l’exil, et trouvé à Paris de nobles encouragements.
Revenu dans sa patrie, grâce à lu puissante recommandation d Alexandre Humboldt, il avait été de nouveau troublé par les événements politiques. On l’avait relégué comme en disgrâce près de Portici, dans un observatoire créé sur les flancs du Vésuve. C’est ce poste d’isolement, de périls et de travail que M. Palmieri s’empressa d’accepter en 1854.
Six ans après, en 1860, le gouvernement du roi Victor-Emmanuel joignit à la direction de l’Observatoire vésuvien agrandi la chaire de physique de l’Université de Naples.
Palmieri n’était pas un nouveau venu dans cet établissement, auquel il était, pour ainsi dire, attaché des 1851 d’une façon bénévole et privée, de sorte qu’il étudie en réalité les phénomènes volcaniques depuis près de vingt-neuf ans, et qu’il a pu, par conséquent, se faire une idée exacte des lois qui gouvernent les actions en apparence les plus capricieuses et les moins régulières que l’on puisse imaginer.
A l’aide du séismographe électro-magnétique qu’il a imaginé, et que nous décrirons une autre fois, M. Palmieri est parvenu à recueillir les plus précieuses indications sur l’intensité des actions souterraines qui précèdent les éruptions.
Les journaux les plus étrangers aux recherches scientifiques ont eu plus d’une fois l’occasion de rendre homo mage aux prévisions qu’il a publiées.
On sait que plus d’une fois il s’est trouvé isolé de tout secours civilisé par une mer de lave, au milieu de laquelle on a pu croire qu’il était englouti. Il a, notamment en 1859, échappé par miracle au sort d’Empédocle et de Pline
Pour faire juger de la gravité des dangers auxquels il s’est exposé, nous avons reproduit, d’après une photographie authentique, l’état dans lequel se trouvait son observatoire lorsque la marée toujours montante de laves qui menaçait de l’engloutir, lui et son observatoire, s’est miraculeusement arrêtée.
II y a trois mois, une grande éruption du Vésuve, qui semblait devoir renouveler les désastres des grandes laves, s’arrêta avec une précision merveilleuse à l’époque que M Palmieri avait indiquée. Au moment même ou nous écrivons ces lignes une autre convulsion volcanique fournira sans doute à M. Palmieri l’occasion de donner une nouvelle preuve de sa clairvoyance et du mépris des dangers aux-quels son amour de la science peut l’exposer.
Apportant dans l’étude de ces phénomènes une précision inconnue de ses prédécesseurs, il a reconnu dans les produits des fumerolles des substances qui leur avait échappé.
Ses succès dans ce genre de recherches difficiles lui ont valu les éloges de son ami et collaborateur Charles Sainte-Claire Deville, de M. Élie de Beaumont et de toute l’Académie des sciences de Paris. M. Palmieri doit en outre être considéré comme un des vétérans de la science électrique.
C’est en 1840 qu’il a commencé ses premières recherches sur l’étincelle d’induction, la secousse physiologique, et tous les autres phénomènes dépendant des courants.
Dix ans après, il a commencé à porter son attention sur les phénomènes de l’électricité atmosphérique que la position exceptionnelle de l’observatoire vésuvien lui permit d’étudier avec tant de succès. On lui doit des découvertes de la plus haute importance sur le rôle électro-génique de la vapeur d’eau et la découverte d’un électromètre qui sera pour l’électricité atmosphérique ce que la balance de Coulomb est pour l’électricité de tension. Les polémiques qui ont eu lieu à ce sujet dans les colonnes de l’Électricité sont trop récentes pour qu’il soit nécessaire de revenir sur ce qui a été déjà dit.
Nous nous bornerons à rappeler que cet appareil, à conducteur mobile, est le seul que l’on puisse considérer comme étant à l’abri des erreurs dont les observations d’électricité atmosphérique sont trop souvent parsemées.
Nous donnerons prochainement une description étendue de cet appareil, et nous publierons une critique de ceux qu’on a prétendu lui substituer.
M. Palmieri était désigné par ses travaux pour remplacer le Père Secchi dans le conseil de la météorologie italienne. Sa nomination a été accueillie avec faveur par tous les membres des nombreuses sociétés scientifiques italiennes dont il est membre depuis longtemps.
M. Palmieri a été appelé de plus à foire partie du Sénat du royaume italien par un gouvernement jaloux de faire entrer dans la Chambre haute toutes les illustrations véritables du pays.
L’activité de M. Palmieri ne s’est point bornée à envoyer à l’Académie italienne des Sciences d’innombrables mémoires sur toutes les parties de la physique, il a publie un Traité général de physique en quatre volumes et les Annales de l’Observatoire Vésuvien.
Le dernier volume de cette collection renferme une description complète de la terrible éruption du 26 avril 1872 où M. Palmieri a eu le courage de braver les dangers auxquels avons fait plus haut allusion.
Le dramatique récit de ce grand événement a excité une admiration universelle. Une traduction allemande du professeur Baumelsberg a paru à Berlin, et une traduction allemande de M. Robert Molet a paru à Londres. Il est étonnant que le succès légitime de ces deux ouvrages n’ait tenté aucun des éditeurs parisiens, qui sont si friands des ridicules aventures des romans grotesques, dits scientifiques, dont notre poésie et notre théâtre commencent à être fatigués.
Hallez d’Arros
Palmieri est décédé en novembre 1896 [1].