Clémence Royer (1840-1902)

Samedi 14 septembre 2019
Clémence Royer est décédée à Paris à l’âge de 72 ans d’affaiblissement général. Elle était née à Nantes d’une famille de marins et de soldats. Élevée dans les principes religieux et catholiques, pensionnaire du Saint—Cœur, elle subit la crise du mysticisme à laquelle son éducation la prédestinait et songea à entrer au couvent. L’énergique opposition de son père la rendit à elle-même. Elle quitta Nantes pour suivre les cours de la Sorbonne et du Collège de France, puis vint la Suisse, où se manifestèrent les tendances scientifiques de son esprit ; elle fonda à Lausanne un cours de logique destiné aux femmes (1860), partagea avec Proudhon le prix que le gouvernement vaudois avait mis au concours sur la « théorie de l’impôt ». La traduction qu’elle publia, en 1862, du livre Darwin sur l’Origine des espèces commença sa réputation. On peut dire que c’est grâce à elle que les théories du grand naturaliste anglais furent vulgarisées en France. Dans son dernier ouvrage : la Constitution du monde (1900), elle indique de nouveaux principes de philosophie naturelle, fondées sur la dynamique des atomes. Mme Clémence Royer publia aussi de nombreux travaux d’archéologie préhistorique et d’anthropologie. En 1895, MM. Berthelot, Aulard Th. Ribot, Ch. Richet, Letourneau et Levasseur prirent l’initiative de demander pour elle la croix de la légion d’honneur. Nous sommes très loin d’admettre toutes les les idées de Mme Clémence Royer, pas plus que beaucoup de ses principes philosophiques. Mais elle comptera parmi les intelligences les plus vives de notre temps.
source : La Nature N°1499 — 15 février 1902

Voici les quelques titres d’articles signés de sa main que j’ai pu repérer dans des revues d’information scientifique anciennes.

  • La variation des latitudes et du plan de rotation de la Terre, La science Illustrée N°168 - 14 Février 1891 & N°169 - 21 Février 1891
  • L’art de faire du feu chez les races sauvages ou primitives, La Revue Scientifique 31 juillet 1886
  • Facultés mentales et instincts sociaux des singes, La Revue Scientifique 28 août 1886
  • Procédés préventifs des accidents du grisou dans les mines, La science Illustrée N°152 - 25 Octobre 1890 & N°153 - 1er Novembre 1890
  • L’évolution mentale dans la série organique, La Revue Scientifique — 11 juin 1887 et 16 juillet 1887
  • Les notions de nombre chez les animaux, La Revue Scientifique — 10 novembre 1887

À la lecture de cet article nécrologique plutôt sommaire, je me suis permis quelques recherches sur internet afin de mieux cerner ses activités scientifiques. Il semble que son travail ait plus été un travail d’information et de vulgarisation scientifique que de la recherche au sens strict du terme. Ce qui n’enlève rien à la valeur de sa démarche. En 1860, Clémence Royer était une des rares femmes à travers le monde à s’intéresser ouvertement aux sciences au point d’en faire son moyen de subsistance.

Traduction de L’origine des espèces 1862, cours de logique à destination des femmes à Lausanne dès 1860… Même si son principal centre d’intérêt était l’anthropologie, vous pouvez remarquer aux titres des articles signés de son nom dans des revues d’information scientifique de l’époque que son attention n’était pas uniquement retenue par ce sujet d’étude passionnant.

Pour vous la faire découvrir, j’ai choisi de mettre à votre disposition Les notions de nombre chez les animaux paru dans La Revue Scientifique du 10 novembre 1887.

J’ai trouvé cet article assez brouillon. Je pense qu’il aurait gagné à être scindé en deux ou trois parties traitant indépendamment des autres les notions de dénombrement, de géométrie et de langage parlé. Mais, par ailleurs, j’ai été agréablement surpris de découvrir cet article qui traite d’un sujet encore largement controversé : l’intelligence animale (qui pour moi ne fait aucune doute). Vous noterez aussi la façon dont l’auteure traite du sujet des peuples dits « primitifs ». discours qui n’a que très peu changé depuis un siècle.

En conclusion, cette femme avant-gardiste mérite certainement que je m’intéresse à sa biographie dès que possible : Clémence Royer, philosophe et femme de sciences, Geneviève FRAISSE, La Découverte — 2002

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