Au delà des cours et des jardins des bâtiments de la Faculté de médecine, en haut d’un escalier, après avoir longé plusieurs laboratoires où d’attentifs préparateurs distillent des liquides multicolores, nous trouvons dans son cabinet de travail l’éminent chef des Travaux chimiques. Tout de suite le docteur Hanriot vient à nous, souriant et bienveillant, prêt à enseigner rapidement au profane de la science, le secret de ses travaux. Loin du bruit et du monde, ce cabinet de travail, d’une austérité antique, ne s’agrémente que de tablettes où reposent, en des fioles de verre, les nouveaux composés chimiques trouvés par le docteur Hanriot. Il y en a plus de cinquante, qui constituent à eux tous une classe chimique : celle des chloraloses. Assis dans ce cadre d’une simplicité extrême, le professeur apparaît sûr de lui, fort de son savoir, infiniment bon et pitoyable, ayant l’air ’de dire finement au dedans de lui que la science ne servirait de rien si on ne l’appliquait à soulager les maux : de l’humanité.
Les travaux auxquels le docteur Hanriot s’est plus particulièrement livré sont assez disparates. Il y a d’abord ceux de chimie pure, qui représentent peut-être la partie la plus spéculative et la plus théorique de son œuvre.
Il y a ensuite ses travaux d’application à la physiologie. Le docteur Hanriot, de concert avec te- professeur Richet, a surtout étudié cette partie importante de la science combinée avec la méthode respiratoire. Il a cherché à découvrir l’effet que pouvait avoir, sur les aliments absorbés, la manière de recevoir l’air extérieur. Il a enfin examiné comment pouvait s’effectuer, dans l’organisme, la transformation du sucre en graisse, le phénomène de la lipose, et comment il se faisait que la graisse ainsi fondue pouvait se remettre en circulation, sauf chez les diabétiques.
Également avec Richet le professeur Hanriot porta ses investigations dans un autre domaine expérimental : celui de l’application du chloral. Ce produit dont on use souvent en médecine, sous prétexte d’apporter un soulagement dans l’organisme d’un malade, y introduisait souvent des germes de coma ou de débilité. Et les éminents savants s’efforcèrent de découvrir un corps qui, une fois absorbé, donnerait lentement du chloral sans porter atteinte à l’organisme. Le chloral, combiné avec la glucose, fut ce qu’ils découvrirent de plus efficace en même temps que de plus applicable. Et, des diverses combinaisons de ces corps est née toute une nouvelle classe chimique : celle des chloraloses.
En troisième lieu le docteur Hanriot a consacré un grand nombre de ses travaux aux études sur l’hygiène et aux applications qu’on en pourrait faire à la vie industrielle et ménagère. La principale question à laquelle le docteur Hanriot ait consacré ses efforts est celle des eaux de la ville de Paris. Le docteur Hanriot estime que le principal inconvénient provient de l’abus de l’eau de source pour les services journaliers. Cette eau, au lieu d’être employée largement au lavage et au service de propreté publique devrait être précieusement gardée pour les usages de la boisson et des soins du corps. La mauvaise répartition de l’eau de source et de l’eau de rivière amène seule des confusions regrettables. Le docteur Hanriot émet l’opinion que bien des accidents épidémiques pourraient être évités si l’on voulait observer ces prescriptions. « Le dernier mot de la question doit rester à l’hygiène » explique fort justement le professeur Hanriot. Cet avis est aussi celui du conseil d’hygiène et de l’Académie de médecine qui ont approuvé tous deux le projet de répartition des eaux du savant professeur.
La question de l’hygiène dans les théâtres a aussi occupé les loisirs du directeur des Travaux chimiques à la Faculté. La mauvaise aération, la disposition défectueuse des salles, l’hygiène déplorable de l’ameublement, des tapis, du parquet, du vitrage sont autant de points que le professeur étudie. La publication. de ses études sur cet intéressant travail amènera, sans nul doute, de piquantes révélations. Le docteur Hanriot ne s’arrêtera pas d’ailleurs à ces premières études. Et, de la part d’un maître aussi instruit de la chimie moderne il faut attendre les plus grands progrès, les transformations les plus efficaces de l’hygiène, de la physiologie et de la biologie.
Hanriot (LE DOCTEUR), membre de l’Académie de médecine, né en [854, à Conflans-Sainte-Honorine. Études au collège Rollin ; Licencié ès sciences physiques en 1873 ; docteur ès sciences physiques en 1879 ; docteur en médecine en 1879 ; agrégé à la Faculté de médecine en 1880. Le docteur Hanriot a été nommé préparateur de chimie à la faculté de médecine en 1875 ; préparateur de physique à la Faculté des sciences (laboratoire de M. Desains en 1873 ; chargé du cours auxiliaire de chimie à la Faculté de médecine pendant les années 1880-82-84 ; chargé de la suppléance de Wurtz à la Faculté de médecine pendant les années 1881 et 83 ; chef des travaux chimiques à la Faculté de médecine depuis 1884. Est actuellement professeur à l’École municipale de physique et de chimie depuis 1888 ; membre du conseil d’hygiène et de salubrité publique depuis 1897.
Le docteur Hanriot qui a été nommé secrétaire du comité d’organisation du congrès de chimie de Paris en 1889 a été fait membre d’honneur de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève à la suite du congrès réuni dans cette ville en 1892. été depuis : membre du comité d’organisation du congrès de chimie à l’exposition de Chicago en 1893, Président de la Société chimique en 1899 ; membre du comité d’admission à L’Exposition de 1900. Est en outre officier d’Académie depuis 1889 et chevalier de la Légion d’honneur depuis 1899.
A publié : Hypothèses actuelles sur la constitution de la matière (1899) ; Principes de chimie par A. Naguet et M. Hanriot, 2 vol., (1883) ; Traité de chimie minérale et organique par Wihn et Hanriot (1888) ; Bulletin de la société Chimique de Paris (1886-1893) etc … plus un grand nombre d’études scientifiques dans divers périodiques : Bulletin de la société chimique, Bulletin de la société de biologie, etc…