Le célèbre clinicien français, dont les travaux sur les maladies du cœur sont universellement réputés, vient de s’éteindre dans sa soixante-seizième année. Né le 25 juillet 1825, il parcourut rapidement toutes les étapes des concours médicaux pour arriver au professorat qu’il exerça pendant de longues années. Il dirigea pendant dix ans le service de clinique de la Faculté de médecine à l’hôpital Necker, et pendant huit ans celui de la Charité. C’est là qu’il prit sa retraite il y a à peine quelques mois, sans phrases, sans bruit, dans une atmosphère chaude d’élèves et d’amie., où l’émotion discrète du maître remua toutes les âmes.
Membre de l’Académie de médecine, membre de l’Instiitut, membre du Comité de surveillance de l’Assistance publique de Paris, président de l’Œuvre des sanatoria populaires pour tuberculeux indigents, le professeur Potain fut et resta surtout le médecin savant et humanitaire, le conseiller impeccable, dont la modestie égala la bonté.
Ses travaux sont fort nombreux. Entre tant d’autres, il publia, en 1894, à la librairie Masson, un important volume où il expose ses propres recherches sur la séméiologie du cœur condensées en vingt-rois leçons cliniques d’une clarté et d’une précision vraiment remarquables. Les progrès qu’il fit faire à la thérapeutique des maladies du cœur occuperont une place d’honneur dans l’histoire de la médecine française.
Le faisceau d’hommes de valeur formé par Vulpian, Charcot et Potain, se trouve à jamais brisé. Qui sait cc que l’avenir nous réserve, mais la mort de Potain constitue pour la science médicale une perte irréparable.
L’humanité perd en lui un de ses grands défenseurs. Qu’il nous soit permis de rappeler ici le mot profond qu’il prononça jadis dans une leçon clinique sur le traitement de la tuberculose pulmonaire. Ému de la situation poignante que la peur de la contagion fait aux pauvres poitrinaires, même dans des familles très chrétiennes, il s’éleva avec vigueur contre les dangers bien exagérés que le tuberculeux présenterait pour son entourage. Le poitrinaire, dans sa lutte contre la mort, a surtout besoin d’amour, et le professeur Potain ajouta : On n’aime pas ceux qu’on craint, parole issue du cœur, qui peint mieux que toutes les phrases la perfection morale de l’homme et du maître.