Charles Bélanger (1805-1881)

la Revue Scientifique — 4 février 1882
Samedi 10 avril 2010

M. Charles-Paulus Bélanger est mort le 18 novembre 1881, au jardin botanique de Saint-Pierre (Martinique), qu’il dirigeait depuis trente ans.

Né à Paris le 29 mai 1805, M. Bélanger se voua de bonne heure à l’étude des sciences naturelles.

En 1825, il quittait la France pour les Indes orientales, accompagnant M. le vicomte Desbassayns qui allait par la roule de terre prendre possession du gouvernement de notre colonie de Pondichéry.

M. Bélanger devait mettre à profit ce long voyage pour réunir de nombreux documents ethnographiques et de précieuses collections.

Il traversa l’Allemagne, la Pologne, la Russie méridionale, la Géorgie et les provinces persanes sous la domination russe ; pénétrant ensuite dans la Perse proprement dite, il en explora du nord au sud la partie occidentale, s’embarqua à Bouckir, fit une courte relâche à Mascate, débarqua à Bombay, visita l’Ile d’Élepkanta, fit pendant trois mois sur la côte de Malabar des recherches très fructueuses, franchit les Gâtes occidentales, traversa la péninsule en deçà du Gange par Maïssour et arriva à Pondichéry à la fin de mars 1.826 après un voyage de quatorze mois.

Une fois établi à Pondichéry où il dirigea la création d’un jardin botanique, M. Bélanger fit trois grandes excursions : l’une dans le Carnate et sur la cote de Coromandel, l’autre au Bengale et dans le pays des Birmans, la troisième à Java.

En 1829, un rapport présenté à l’Académie des sciences par Georges Cuvier et signé par MM, Geoffroy Saint-Hilaire, Latreille, Duméril, Desfontaines, de Mirbel et Cassini rendait compte en termes élogieux des travaux de M. Bélanger.

« Indépendamment, dit le rapporteur, des avantages que l’établissement, qu’il dirigeait à Pondichéry, a retirés de ses voyages, ils ont permis à M. Bélanger de former pour le Muséum de Paris de belles collections zoologiques et botaniques.

« C’est par milliers qu’il faut compter les diverses productions naturelles qu’il s’y est procurées …

« Ces différents herbiers présentent plus de douze cents espèces nouvelles.

« Partout M. Bélanger, loin de s’en tenir à la pure histoire naturelle, réunissait non seulement ce qui avait trait à l’agriculture, il la médecine et aux arts ; mais il ne négligeait rien de ce qui pouvait éclairer la géographie et la statistique des pays qu’il parcourait ; les di verses races d’hommes, leurs nuances, leurs langages, leurs caractères, ont attiré son attention.

« En ce qui concernait ses collections botaniques, M. Bélanger avait joint à chaque plante les noms’ qu’elle a reçus dans les langues des différents pays où elle croît et des notes sur sa hauteur, son aspect, la couleur de ses fleurs, et enfin tous les renseignements qui peuvent faire connaître les propriétés utiles ou nuisibles de certains végétaux et les idées superstitieuses qui s’y rattachent. Enfin, dit en terminant l’illustre rapporteur, pour bien apprécier ce que M. Bélanger a mis de persévérance dans ses recherches et de générosité dans ses dons, il faut se rappeler qu’il n’avait d’autre mission que celle de diriger le jardin royal de Pondichéry ; que, dans tout ce qu’il a fait d’ailleurs pour l’histoire naturelle, il n’a été inspiré et soutenu que par son propre zèle, qu’aucune rétribution ne lui a été allouée par le Muséum ni par l’administration ; et l’on trouvera sans doute que ces circonstances doivent puissamment accroître la reconnaissance des amis des sciences.

A la même époque, MM. Abel de Rémusat et Eugène Burnouf rendaient compte à l’Académie des inscriptions et belles-lettres des succès obtenus par M. Bélanger dans ses recherches relatives à l’ethnographie et à la littérature orientale, en décrivant les collections qu’il avait soumises à leur examen.

En 1832, M. Bélanger dut à ses travaux scientifiques la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

En 1850, il fut chargé de la direction du jardin botanique de la Martinique qu’il transforma rapidement en un établissement scientifique important.

Le jardin de la Martinique est devenu, grâce il lui, un précieux entrepôt de plantes rares et le seul de nos colonies où les établissements similaires de la métropole puissent s’approvisionner.

Pendant son séjour à la Martinique, M. Bélanger n’a cessé d’enrichir de ses collections nos musées nationaux ; et, comme commissaire des expositions coloniales, il a su donner un remarquable éclat aux expositions de cette colonie à Paris.

Promu officier de la Légion d’honneur en 1878, pour la part qu’il avait prise à l’exposition universelle, il devait encore à son séjour à la cour du roi de Perse, Abbaz-Mirza, lors de son voyage aux Indes, la croix de commandeur de l’ordre du Lion et du Soleil.

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