Édouard Piette (1827-1906)

Nécrologie parue dans La Nature N°1725 du 16 juin 1906
Dimanche 15 février 2009 — Dernier ajout mardi 6 février 2024
Édouard Piette

Un des archéologues contemporains les plus distingués et les plus méritants, Louis-Édouard-Stanislas Piette, né le 11 mars 1827 à Aubigny (Ardennes), est mort le 5 juin 1906 à Rumigny (Ardennes).

Il fut un des plus actifs préhistoriens de ces quarante dernières années, au point de vue de l’abondance et de l’importance des trouvailles relatives aux ancêtres de l’humanité en France. Depuis 1869, la liste de ses publications comporte une soixantaine de mémoires dans les Comptes Rendus de l’Académie des sciences et l’Académie des inscriptions et belles lettres (qui toutes deux l’avaient couronné), — les matériaux pour l’histoire de l’homme, — les C.R. de l’A.F.A.S. et les diverses revues d’anthropologie. Il laisse trois principaux titres de notoriété particulièrement estimables : d’abord ses découvertes de premier ordre dans les cavernes du Mas d’Azil (Ariège), et de Brassempouy (Landes) qui lui livrèrent ces étranges galets coloriés et ces extraordinaires ivoires sculptés qui ont tant étonné le monde savant ; - ensuite le don généreux qu’il a fait, et cela même avant sa mort et sans conditions, de toutes ses précieuses collections au Musée de Saint-Germain-en-Laye ; - enfin la haute élévation de son caractère de magistrat, qui lui fit jadis préférer, en une circonstance pénible, la rupture prématurée de sa carrière et une inique mise à la retraite, au sacrifice de son impartialité et de sa loyale conscience.

Le gouvernement eût du depuis longtemps accorder la croix de la Légion d’honneur à cet esprit éminent et à ce chercheur émérite, qui se vengea de ses soucis privés par une inestimable largesse aux collections publiques de son pays. La classification assez compliquée que Piette a proposée pour les temps préhistoriques n’est certainement pas plus définitive, ni plus rationnellement acceptable qu’aucune de celles qui ont été dressées jusqu’ici : mais il en restera sans doute au moins deux termes :

1° l’âge glyptique ou des beaux-arts, qui fit fleurir à la fin du paléolithique une véritable esthétique de la sculpture et de la gravure sur os et ivoire, et même de la peinture sur parois des cavernes ; -

2° l’âge asylien ou des galets colorés avec lequel Pïette a si formellement comblé le fameux et prétendu hiatus, que certains préhistoriens veulent maintenir encore entre le paléolithique et le néolithique.

Ce sont là les deux principaux points acquis de l’œuvre du travailleur acharné et si désintéressé, qui a droit aux plus sincères hommages.

E.A. Martel

Revenir en haut