L’ancien directeur du Muséum national est mort à 0rly, le 27 janvier. M. Leclainche président de l’Académie des Sciences, a ainsi rappelé sa carrière :
Né à Paris le 8 septembre 1852, Mangin est un brillant élève de l’École normale spéciale de Cluny, d’où il sort, en 1873, avec le titre d’agrégé de l’enseignement spécial. Sa formation le destine à l’enseignement secondaire. Professeur de sciences naturelles au lycée de Nancy, il poursuit sa préparation universitaire ; agrégé de l’enseignement classique, il est professeur au lycée Louis-le-Grand en 1882 et docteur ès-sciences l’année suivante, avec une thèse sur « les racine adventives chez les monocotylédones ».
Ses premiers travaux portent sur l’anatomie et la physiologie végétales. Il parait avoir conservé de ses études Cluny une dilection marquée pour la chimie. Cette orientation le sert puissamment dans l’étude des membranes végétales qui constitue une des partie essentielles de son œuvre. Il étudie les substances qui accompagnent la cellulose. Par les procédés de la microchimie et des colorations électives, il distingue dans les membranes, en dehors de la cellulose, des composés pectiques et la callose, rare chez les phanérogames, mais habituelle chez les champignons. Ses travaux sur les Mucorinées et les Péronosporées apporter une contribution définitive à cette question, déjà très discutée et cependant fort peu connue.
En physiologie, Mangin entreprend, en collaboration avec Gaston Bonnier, des expériences sur la respiration, la transpiration et l’action chlorophyllienne. Elles aboutissent à cette première conclusion, que l’oxygène dégagé par les organe verts ne procède pas seulement de la décomposition de l’acide carbonique. Les travaux ultérieurs de Théophile Schlœsin et Laurent devaient confirmer ces résultats en révélant que la source complémentaire d’oxygène résulte de la réduction des nitrates. A partir de 1887, il poursuit seul ses recherches sur les échanges gazeux dans les plantes et sur le rôle des stomates.
Mangin est l’un des fondateurs de la phytopathologie. Il a étudié les maladies du blé, l’encre des châtaigniers, et, avec Viala, la phtiriose de la vigne, la production de la gomme, l’intoxication des arbres dans les villes modernes …
C’est seulement en 1904 qu’il est appelé au Muséum où la chaire de Physique végétale, créée pour Dehérain, a été transformée en un enseignement de la Botanique des Cryptogames. Il étudie patiemment la systématique des Champignons, en s’efforçant à substituer dans la diagnose des constatations précises, souvent d’ordre chimique, aux caractères morphologiques peu stables invoqués jusque-là.
En 1908, il fait connaître une méthode d’analyse des organismes végétaux du plancton qu’il applique, à la Station maritime de Tatihou [1], aux pêches de la baie de Saint-Vaast. Après le transfert de la station à Saint-Servan, il obtient le rattachement au laboratoire du Pourquoi-pas ? de Charcot et il continue les examens des récoltes planctoniques des expéditions de l’Antarctique et du Pacifique.
Depuis 1920, Mangin est directeur du Muséum et il conservera cette fonction jusqu’à sa retraite, en 1931. Il obtient du Parlement le vote d’une loi autorisant l’établissement à percevoir une taxe d’entrée qui a permis d’édifier les grands bâtiments destinés à la singerie, à l’orangerie, à la graineterie, tandis que la grande galerie qui groupe les services de la botanique va être construite par l’État avec l’aide de la fondation Rockefeller et qu’un vivarium est créé avec les fonds de la Journée Pasteur.
Entre temps, la ferme de Chèvreloup, dépendant du domaine de Versailles, est attribuée au Muséum et un Arboretum y est installé ; l’Harmas de Fabre, à Sérignan, acheté par l’État, est aussi rattaché au Muséum, ainsi que le Musée d’Ethnographie du Trocadéro.