Académie des sciences de Paris. — 26 AVRIL 1875. (Texte paru dans la Revue Scientifique du 8 Mai 1875)
M. Faye : Les ascensions à grande hauteur.
M. Faye a adressé à M. Fremy, président de l’Académie, une lettre relative aux ascensions à grande hauteur. La mort de MM. Sivel et Crocé-Spinelli a suggéré à l’auteur de cette. lettre une pensée : c’est que l’Académie ne doit pas permettre que des hommes intelligents et dévoués continuent à jouer leur existence dans les ascensions à longue portée. « Déjà, dit M. Faye, par les ascensions de M. Glaisher, on pouvait soupçonner que la nature impose une limite très-nette à notre audace, celle de la syncope ou de l’évanouissement, résultat fatal d’une ascension rapide où nos organes ne peuvent se préparer ni s’habituer peu à peu à l’influence de la diminution de pression. Qu’importent alors les plus sages précautions accumulées coutre le froid ou la rareté de l’oxygène, si la syncope commence par déprimer et finit bientôt par annuler les facultés de l’observateur ? Et que peuvent valoir, près de cette limite, les observations délicates qu’il s’agit de recueillir dans les hautes régions sur la constitution de l’atmosphère ? Par le sacrifice de leur vie, les aéronautes du Zénith ont mis en évidence cette vérité : qu’il n’y a rien à tenter au delà d’une limite très-rapprochée de 7000 à 8000 mètres. Je propose donc à l’Académie de fixer, d’après cette douloureuse expérience, l’altitude extrême au delà de laquelle toute ascension ayant un but scientifique serait interdite moralement et ne saurait être accueillie par notre compagnie. » Dans la pensée de M. Faye, l’altitude extrême de 7000 mètres répond à tous les besoins sérieux de la science actuelle. On sait bien que l’épaisseur de l’atmosphère qui entoure le globe est de 30 lieues ; mais pour que les expériences faites au delà de 7000 mètres aient une valeur réelle, il importe que l’observateur jouissent de toutes ses facultés. Par conséquent, des observations faites en danger de mort, ou sous l’imminence d’un évanouissement, ne sauraient servir utilement la science.
M. G. Tissandier : L’ascension à grande hauteur du ballon le Zénith.
M. G. Tissandier présente un mémoire sur l’ascension à grande hauteur du ballon le Zénith.. Après avoir fait connaître en détail les observations thermométriques, physiologiques, etc., qui ont été faites dans les hautes régions de l’atmosphère, M. Tissandier parle des incidents qui ont amené la mort de ses deux infortunés compagnons, MM. Sivel et Crocé-Spinelli. Le Zénith a atteint la hauteur maximum de 8600 mètres. Cette hauteur n’a été dépassée que par M. Glaisher qui, en 1862, est monté à 8838 mètres. La hauteur de 11000 mètres, qu’il a cru avoir atteinte, est très-contestable, attendu qu’il ne la détermine que par une proportion algébrique dont les éléments incertains sont déduits de la vitesse de l’aérostat à la montée et à la descente.