Astragales

Ferdinand Faideau, La Science illustrée N°499 - 19 Juin 1897
Mardi 29 décembre 2009 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Le genre astragale est un de ceux de la famille des papilionacées renfermant le plus grand nombre d’espèces. Il a des représentants dans le monde entier ; on en trouve dans les régions arctiques, tel l’Astragalus polaris, dans les steppes de la Sibérie, par exemple, l’A. spicatus, dans les régions chaudes de l’Arabie et de l’Afrique, comme l’A. creticus.

Ce genre doit son nom, qui signifie vertèbre, en grec, à ce que certains astragales ont une tige souterraine munie de nœuds dont la forme rappelle plus ou moins celle d’une vertèbre.

Ses caractères essentiels sont ses feuilles composées à folioles imparipennées, les quatre pétales antérieurs de sa corolle concrescents et surtout son fruit séparé en deux loges complètes par une fausse cloison longitudinale qui s’étend de la nervure principale d LI carpelle au placenta.

La flore parisienne comprend seulement deux plantes de ce genre, l’Astragale de Montpellier (A. monspessulanus) dont les fleurs d’un rose violet forment une longue grappe très élégante, et l’A. à feuilles de réglisse (A. glycyphyllos), beaucoup plus commune dans les bois. Ses fleurs sont jaunâtres ; ses feuilles à stipules libres sont composées de neuf à quinze folioles et sa racine, très riche en substance sucrée, est utilisée comme celle de la réglisse, parfois même sous le nom de celle-ci.

Le nombre total des espèces françaises, y compris les deux précédentes, est d’une vingtaine environ. Nous nous bornerons à citer celles qui présentent quelque particularité intéressante.

L’Astragale adragant (A. Tragacantha) est une plante très rare sur le littoral de la Provence, mais commune sur les côtes de Grèce et d’Asie Mineure. Ainsi que quelques-unes de ses congénères, elle fournit la gomme adragante ou bassorine qui provient de la gélification de la membrane des cellules de la moelle et des rayons médullaires de la tige, Fortement gonflées sous l’influence de l’eau, les membranes de ces cellules exercent une pression sur les parties périphériques de la tige, les déchirent et s’échappent au dehors sous forme d’une masse gélatineuse qui ne tarde pas à se dessécher en une substance cornée constituant la gomme adragante. C’est par un mécanisme analogue que l’écorce du prunier, du cerisier, etc., laisse exsuder la gomme bien connue sous le nom de cérasine.

L’Astragale aristé (A. aristatus), qu’on trouve dans les Alpes et dans les Pyrénées, se rapproche du précédent par la présence de piquants dus à une modification du pétiole. Celui-ci, terminé en pointe, durcit peu à peu et, après la chute des folioles, persiste en formant une longue épine.

L’Astragale blanchâtre (A. incanus) de Provence, doit la couleur argentée de ses folioles à un grand nombre de poils, dont la forme, examinée au microsccpe, est celle d’une navette couchée sur l’épiderme, où elle serait fixée par son milieu. Cet aspect se remarque chez quelques autres astragales.

C’est la région méditerranéenne qui possède le plus grand nombre d’espèces. Tandis que certaines atteignent plus d’un mètre de longueur, l’Astragale nain (A. depressus), dépasse rarement 15 centimètres. Elles diffèrent autant par la couleur de leurs fleurs et par la forme de leurs fruits que par la taille. Les fleurs sont en effet souvent blanches, jaunes ou verdâtres, mais le rose, le bleu, le violet, le pourpre ne sont pas rares ; la plupart ont des gousses allongées comme celles du pois et du haricot, mais quelques-unes ont des fruits renflés, presque sphériques.

Parmi les espèces asiatiques on peut citer les A. spicatus, leptophyllus lupulinus , melilotoides , etc. L’une des plus élégantes est l’A. amodytes que reproduit notre gravure.

Elle est originaire des plaines arides de la Sibérie. Ses racines fibreuses très divisées, sont profondément enfoncées dans le sable. Le pétiole, très long, porte de sept à quinze folioles blanc laineux. Les fleurs, disposées par deux à l’aisselle des feuilles, sont blanches, à étendard étroit. La carène est plus longue et les ailes plus courtes que l’étendard.

Le fruit, presque glabre, est renflé, ovale et surmonté d’un style persistant.

On cultive en France l’Astragale à port de sainfoin (A. onobrychis), plante indigène, à fleurs pourpres en grappes spiciformes dépassant les feuilles, ornement des talus et des rocailles ; l’A. à queue de renard (A. alopecuroides), dont la tige dressée d’environ deux mètres, porte, en juillet, des grappes nombreuses, ovoïdes, de fleurs jaunes très serrées, recherchées pour les plates-bandes des jardins paysagers.

Comme curiosité, on cultive parfois l’A. à hameçon (A. hamosus), espèce indigène dont le fruit contourné imite un ver. On peut y joindre quelques pieds de Scorpiurus vermiculata, légumineuse dont le fruit ressemble à une chenille, et de Luzerne orbiculaire (Medicago orbicularis) dont la gousse contournée est tout à fait semblable à un petit limaçon.

F. Faideau

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