Crinoles

Ferdinand Faideau, La Science illustrée N°496 - 29 Mai 1897
Mardi 29 décembre 2009 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Les crinoles appartiennent à la gracieuse famille des amaryllidées ; ils sont peu connus du grand public, car aucun d’eux ne croit spontanément en France ; cependant certaines espèces des pays chauds sont introduites depuis longtemps dans nos serres. Ce sont des plantes ornementales de. premier ordre, dont la floraison splendide attire et charme le regard.

Leur nom de crinole (du grec krinon) indique une certaine ressemblance entre leurs fleurs et celles du lis. Ce sont des herbes bulbeuses dont la hampe nue se termine par une -ombelle de fleurs à six divisions presque égales. Ces plantes présentent une particularité d’organisation assez nue qui mérite d’être signalée. Le parenchyme de leur tige et de leurs feuilles est soutenu par des poils internes, longues cellules contenues dans le tissu lacuneux, qui atteignent parfois jusqu’à 13 millimètres de longueur. Leur membrane est épaissie en une ou plusieurs spires déroulables qui simulent des trachées.

L’espèce que reproduit notre gravure, le Crinole de la mer Caspienne (Crinum caspicum), est très abondante sur les montagnes qui bordent, par places, cette grande mer intérieure. Ses fleurs pourprées, mélangées à celles de l’ornithogale bulbeuse, de la tulipe de Gessner, de la buglosse orientale, de la cucubala de Sibérie, de l’œillet des Chartreux et d’une foule d’autres plantes, s’épanouissent dès le commencement d’avril et émaillent agréablement le rivage.

Les deux feuilles radicales qui entourent la base de la hampe florale sont lancéolées. Deux bractées, qui protégeaient l’ombelle avant son épanouissement, pendent au-dessous, formant involucre. Les filets des étamines sont soudés aux pièces du périanthe, qui sont elles-mêmes fusionnées à leur base en un tube court. Les anthères petites, ovales, dressées, sont très caduques ; elles tombent aussitôt après avoir laissé échapper leur poussière fécondante. Le style de l’ovaire infère est plus long que les étamines ; quant au fruit, complètement mûr en septembre, c’est une capsule presque triangulaire, à trois loges, s’ouvrant par trois valves. Chaque loge ne contient qu’une graine noire à volumineux albumen enveloppé pal une mince pellicule.

Cette espèce commune d’un climat tempéré, intéressante parce qu’elle reproduit les caractères fondamentaux du genre, ne donne guère l’idée du développement atteint par les fleurs de quelques crinoles cultivés dont nous allons parler maintenant. Le Crinole à longues fleurs (Crinum longiflorum), qu’on cultive en plein air, dans une terre meuble et profonde, pousse vigoureusement dès le mois de mai et fleurit en août. Sa hampe, haute d’un mètre, porte 10 à 15 fleurs blanches, parfois un peu rougeâtres, en forme d’entonnoir. Sa rusticité est toute relative, car elle ne supporte nos hivers parisiens que si on la couvre d’une cloche autour de laquelle est tassée une couche assez épaisse de feuilles sèches. Le Crinole gigantesque, de Sierra-Léone, qui possède un bulbe aussi gros que la tête d’un enfant, donne, en serre chaude, à la fin de l’été, une dizaine de grandes fleurs blanches très odorantes, atteignant plus de 20 centimètres de longeur. Le Crinole rougeâtre (C. erubescens), de l’Amérique méridionale, aux fleurs blanches parfumées, le Crinole à feuilles larges, des Indes Orientales, qui porte de nombreuses fleurs d’un joli pourpre clair, le Crinole de Broussonet, de Guinée, à la hampe couronnée par une ombelle de grandes et belles fleurs sessiles, etc., dix autres espèces encore, sont très recherchés pour la décoration des serres. Les deux plus belles formes sont, sans contredit, le Crinole orné (C. ornatum), des Indes Orientales, aux grandes et magnifiques fleurs blanches, très odorantes, rayées de rouge à l’extérieur, et le Crinole aimable (C. amabilis), de Sumatra. Ses bulbes forment une colonne haute de 50 à 60 centimètres et grosse de 10 à 20, portant un grand nombre de feuilles, longues de plus d’un mètre et demi. Sa hampe, qui atteint trois pieds, est surmontée par une ombelle de vingt-cinq à trente fleurs délicieusement parfumées, d’un rouge pourpré, à divisions étroites et très longues.

F. Faideau

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