L’arbre à coton de Nassau (États-Unis)

La Science Illustrée N°167 - 7 Février 1891
Mardi 10 mars 2009

Notre gravure représente un spécimen extraordinaire et très intéressant d’un arbre originaire des Indes : l’arbre à coton ou Eriodendron anfractuosum. Ce spécimen a poussé en Amérique, à Nassau.

Ses branches couvrent un espace considérable, et elles s’étendraient beaucoup plus loin encore si l’on n’était obligé de les couper fréquemment pour garantir les murs des maisons voisines. Ses racines s’élèvent à 13 mètres environ au-dessus du sol. L’arbre pousse en effet sur le roc, et, pour le soutenir, ses racines sont obligées d’aller chercher des points d’appui au loin sur le sol, ce qui explique leur immense développement. Quand on songe que les branches vers le nord-est et le sud-ouest s’étendent jusqu’à 30 mètres du tronc, on comprend que les racines colossales représentées par notre gravure ne sont pas inutiles pour supporter une telle masse. Par leur disposition autour du tronc, ces racines font office d’arcs-boutants et maintiennent solidement le fouillis de feuilles et de branchages émané du tronc.

Les feuilles tombent un peu avant le printemps et repoussent presque aussitôt. On a vu l’arbre, absolument dénudé dans la soirée du samedi, complètement couvert de feuilles le lundi suivant. C’est une transformation absolument magique.

L’immense développement de cet arbre paraît dû à sa situation toute particulière. Il se trouve au bout de la ville, encore au milieu des maisons, et est protégé par elles des vents de la mer et des ouragans. C’est probablement à ce fait qu’il faut attribuer sa croissance si extraordinaire.

Vers le printemps, l’arbre subit une espèce de mue et donne des fibres soyeuses semblables à du coton, mais beaucoup plus fines. Le sol en est jonché à une grande distance. C’est cette espèce de mue qui lui a fait donner son nom d’arbre à coton sous lequel il est connu dans le pays. Ce nom est d’ailleurs mauvais, car cet arbre gigantesque ne ressemble guère à l’arbuste qui donne le coton, et les fibres soyeuses qui s’éparpillent au moment de sa mue n’ont pas la même origine que la bourre du cotonnier.

Dans la même rubrique…

Revenir en haut