Les escaliers roulants à l’Exposition

Revue Scientfique, 4e série - Tome XIII : N°12 - 24 Mars 1900
Dimanche 8 mars 2009 — Dernier ajout jeudi 29 août 2019

Les escaliers roulants constituent l’une des curiosités de l’Exposition de 1900 ; toutefois il convient de remarquer qu’une intéressante application en avait été faite dès 1893, à l’Exposition de Chicago, et que, depuis, les grands magasins et notamment le Louvre à Paris installèrent des escaliers roulants qui eurent un grand succès.

Plusieurs types figurent à l’Exposition. Ce sont d’abord les escaliers Reno exposés par la Société française de Constructions mécaniques (anciens établissements Cail) dans les palais du Champ de Mars.

Ce système est ainsi constitué : une chaîne sans fin, formée d’une série de planchettes étroites à surface rugueuse pour éviter les glissements, se déroule sur des rails de support ; chaque planchette, munie de galets en matière caoutchoutée, se déplace sans bruit à une vitesse de 0,50 à 0,60 à la seconde ; cette série d’éléments forme un ruban flexible, grâce à une chaîne centrale dont chaque maillon est fixé aux planchettes correspondantes du plancher mobile. A la partie supérieure de l’élévateur, un arbre est disposé pour recevoir la roue d’entraînement du plancher. Cet arbre est mû par un moteur électrique, par l’intermédiaire soit d’une vis sans fin, soit d’un train d’engrenages. Une sorte de peigne métallique convenablement disposé à la partie supérieure reçoit les passagers, sans ressauts ni à-coups.

On estime qu’un élévateur de ce genre peut transporter un passager par seconde d’une façon continue.

L’escalier Otis a ceci de particulier qu’il comporte des marches, comme un escalier ordinaire. C’est l’ensemble des marches articulées qui monte ; le pied du voyageur repose par suite à plat sans aucun balancement. Le principe est le suivant : le voyageur s’engage sur un palier composé de marches articulées dirigées horizontalement par une paire de rails et qui ensuite, saisie par des guides, mais restant toujours parallèle à elle-même, monte sur un plan incliné. L’entraînement est produit par une chaîne qui s’enroule en haut sur un tambour actionné par une dynamo et une vis sans fin. La fente entre deux marches a été réduite à 1,5mm. La compagnie Otis déclare son escalier capable de transporter 7200 personnes par heure à 6 mètres de hauteur, à la vitesse de 30 mètres par minute, en employant une force de 30 à 33 chevaux.

Les escaliers mobiles électriques du système Hallé sont construits pas la maison Piat, de Paris. Ces appareils, déjà appliqués aux magasins du Louvre, sont formés de deux fortes pièces de fer butées au pied et s’élevant jusqu’à l’étage supérieur avec une inclinaison de 0,33m par mètre ; c’est entre ces deux pièces que se développe la, courroie transporteuse, de 0,60m de large et 0,024 d’épaisseur, sollicitée par un treuil placé à la partie supérieure et mû par un électromoteur qui tourne à 1 150 tours à la minute sous 440 volts. Un tambour de renvoi, de même diamètre que le treuil supérieur, est installé à la partie basse de l’escalier mobile et peut être déplacé au moyen de deux tendeurs, de manière à donner à la courroie une tension suffisante. D’ailleurs des rouleaux intercalés tous les 0,65m, entre les deux pièces formant bâtis, supportent le poids de la courroie et des voyageurs.

Les comptages faits aux magasins du Louvre ont donné, pendant plusieurs heures, des moyennes de 3500 personnes à l’heure, à la vitesse de 0,50m à la seconde. D’après ces mêmes relevés, il suffirait d’une force de 5 à 6 chevaux-vapeur pour élever, à 6 mètres de hauteur, 1 800 personnes à l’heure ; à vide, l’appareil absorbe une puissance de 2 à 3 chevaux-vapeur.

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