Le climat de l’Alsace

Charles Grad, La Revue Scientifique de la France et de l’étranger — 5 août 1871
Mercredi 28 janvier 2015

Conférence à la Société météorologique de France

Messieurs,

En vous présentant mes études sur le climat de l’Alsace et des Vosges [1], je vous prie de vouloir bien m’autoriser à vous exposer les principaux résultats de ce travail. Chacun sait que le climat d’un pays dépend surtout de sa position géographique et de son relief. Or, l’Alsace s’étend en latitude de 47°30’ à 49°10’ nord et sous la longitude moyenne de 4°40’ environ à l’est du méridien de Paris. Son point culminant se trouve au ballon de Guebwiller, à 1426 mètres au-dessus du niveau de l’Océan, tandis que les mers les plus proches, la Manche et la Méditerranée, en sont distantes de 500 à 600 kilomètres. L’élévation du sol varie entre 1400 mètres et plus dans la région des montagnes jusqu’aux altitudes respectives de 278, de 338 et de 144 mètres entre les positions extrêmes de Bâle, Épinal et Strasbourg. C’est la chaîne des Vosges qui donne au relief du pays ses traits caractéristiques, Elle se dirige du sud-ouest au nord-est, suivant une ligne parallèle au Rhin et sur une longueur de 270 kilomètres, depuis Belfort jusqu’au confluent du Rhin avec les eaux de la Nahe à Mayence. Supposons, pour faire ressortir mieux cette structure, qu’un cataclysme subit, un nouveau déluge élève de 400 mètres le niveau actuel des mers : la Lorraine et la plaine d’Alsace sont couvertes par les eaux, et de leur sein les Vosges émergent comme un archipel montagneux dont les parties hautes constituent, au sud du groupe, l’île principale, rappelant les contours de l’Angleterre par le tracé de ses cotes. Cette île s’étendrait du sud au nord sur une longueur de 120 kilomètres, depuis le ballon d’Alsace et le ballon de Servance jusqu’à la crête du Hohhoelzel, en face de Strasbourg, avec une étendue de 30 kilomètres dans le sens de sa plus grande largeur, de Jesonville à Guebwiller. Son bord dentelé se dessine vers l’est par une falaise de grès, tandis que sur le versant opposé les collines calcaires de la Moselle et les affleurements du trias se suivent tour à tour. Les cimes des monts Faucilles forment un groupe perpendiculaire à la chaîne en face du ballon d’Alsace. Enfin, vers l’extrémité septentrionale, le Lichtenberg, le Liebfrauenberg, le Scherholl, dépassent encore, avec plusieurs autres sommets, la hauteur moyenne des basses Vosges au-dessus du niveau de 400 mètres, quoique les montagnes de cette partie de la chaîne s’élèvent réellement plus au-dessus des plaines d’alentour qu’elles le sembleraient pendant notre inondation supposée, car le Rhin, descendant de Bâle vers Mayence avec une pente de 175 mètres, fait ressortir d’autant la hauteur relative dos montagnes.

Plus variable en Alsace que sur les cotes de la Méditerranée et de l’océan Atlantique, la température de l’air ne présente cependant pas chez nous des oscillations comme celles observées en Sibérie et dans le nord du continent américain. A Yakoutsk, dans l’intérieur de la Sibérie, le thermomètre varie de -50°C à +30°C, tandis qu’à Strasbourg il n’est pas descendu au-dessous de -23°C et n’a pas monté au-dessus de 36°C. Ce sont là les écarts extrêmes en ce siècle. Année moyenne, d’après les observations faites successivement de 1801 à 1870 par Herrenschneider, le docteur Bœckel et M. Hepp, la température de Strasbourg oscille entre +32°C et -13°C ; elle s’est abaissée à -4°C pendant les hivers les plus tièdes et a atteint + 26°C pendant les étés les plus froids. Entre la moyenne de l’été, qui est de 18,1°C et la moyenne de l’hiver qui est de 1,3°C, il y a une différence de 16,8°C, la différence entre les degrés extrêmes étant de 60°C environ pendant la période de 1801 à 1870. Strasbourg offre d’ailleurs pour cette même période une température moyenne de 10,2°C, qui peut être admise à peu près pour toute la plaine d’Alsace. A Wesserling, dans la vallée de la Thur, nous trouvons, d’après M. Marozeau, un minimum de -23,7°C en janvier 1855, contre un maximum de 37°C en juin 1861, et une moyenne annuelle de 8,1°C. Dans l’intérieur des Vosges, à une élévation de 620 mètres, la température la plus basse à la station du Syndicat, selon les observations de M. Thiriat, a été depuis 1858 de -17,5°C et la plus haute de 33°C, avec une moyenne de 7,7°C. Plus haut encore, au col de la Schlucht, situé à 1150 mètres au-dessus du niveau de la mer, la moyenne se tient entre 4°C et 5°C seulement. En somme, la chaleur diminue de 1 degré pour 200 mètres d’élévation verticale, un peu plus ou moins suivant les saisons et abstraction faite de l’influence des expositions, qui modifie au milieu des montagnes l’influence de l’altitude.

L’altitude n’influe pas seulement sur la température de l’atmosphère, mais elle agit aussi sur celle des sources, dont la température diminue également de 1 degré environ pour 200 mètres d’élévation verticale, dans les Vosges comme dans la forêt Noire et dans les Alpes. Cette température des sources peut varier de 0°C à 3°C selon les saisons, quoique sur certains points elle demeure constante pendant toute l’année, comme la fontaine Briant entre autres, qui, jaillissant par 850 mètres d’altitude, sur les flancs du Hohnach, vers le contact du granit et du grès vosgien, oscille seulement entre 7,2°C et 7,4°C. À altitude égale, la température des sources est de plus supérieure à celle de l’air, et il en est de même pour les eaux courantes. Tandis que la température moyenne de l’air atteint à Strasbourg 10,2°C, celle des eaux de l’Ill s’élève à 11,2°C dans la même ville, et la moyenne du Rhin au pont de Kehl à 10,9°C pour une période de dix années. À Turckheim, j’ai trouvé, après deux ans d’observations, pour les eaux de la Fecht, affluent de l’Ill, une moyenne de 10,7°C, contre 10,6°C pour la température de l’air, avec un maximum de 24°C en été et un minimum de -0,2°C en hiver. Pour ces trois cours d’eau, pour la Fecht comme pour l’Ill et le Rhin, la température de l’eau dépasse celle de l’air en hiver, et elle lui est inférieure en été, avec des variations d’autant moins considérables que le courant est plus volumineux.

Pendant que la température diminue avec l’attitude, l’abondance des pluies et des neiges augmente. D’un autre coté, la distribution des eaux météoriques suivant les saisons change aussi de proportion entre les montagnes et les basses terres, les eaux d’hiver surpassant dans les Vosges les pluies d’été qui prédominent en plaine, En moyenne, il tombe à Strasbourg 672 millimètres d’eau par année ; mais la hauteur recueillie en 1852 s’est élevée à 896 millimètres, et à 358 millimètres seulement en 1842. À la Hothlach, dans le massif du Champ-du-Feu et par 1000 mètres d’altitude, la quantité moyenne est de 1540 millimètres, avec un maximum annuel de 2142 millimètres en 1860 et un minimum de 923 millimètres en 1857. Il pleut donc plus dans les montagnes qu’en plaine. D’autre part, les pluies paraissent aussi plus abondantes sur le versant lorrain des Vosges que du coté de l’Alsace. Quant à l’excédant des eaux d’hiver sur les eaux d’été, il provient des neiges dont le col de la Schlucht reçoit parfois une couche de 2 mètres en vingt-quatre heures.

En tenant compte de ces neiges dans les montagnes, nous obtenons pour l’Alsace une tranche d’eau annuelle de 850 millimètres au moins, par conséquent supérieure à la moyenne du bassin de la Seine, à peu près égale à celle du bassin du Rhône. Le degré d’humidité n’est pas moins satisfaisant, puisqu’à Strasbourg et à Colmar l’air renferme environ 75 % de la vapeur qu’il pourrait contenir s’il était complètement saturé. Sur les bords de la mer, l’atmosphère se tient plus près du point de saturation ; mais dans l’intérieur des continents, dans les steppes de l’Asie centrale et de l’Australie, elle offre seulement un degré moyen de 15 à 30 %. À Strasbourg, l’état hygrométrique descend rarement si bas, même pendant le mois d’avril, qui est le plus sec de l’année. D’après une expérience faite du 1er’ juillet 1844 au 30 juin 1846, pour fixer l’alimentation du canal de la Marne au Rhin, l’évaporation a été de 436 millimètres la première année et de 625 millimètres l’année suivante, proportion indiquée également par celle du débit de l’Ill, qui fournit à Strasbourg de 28 à 30% de l’eau tombée dans son bassin.

Il y a d’ailleurs une relation manifeste entre le degré d’humidité et la direction des vents. Les vents dominants chez nous sont ceux du sud-ouest. La force de ces vents, leur fréquence est telle que, dans les Vosges, les arbres des crêtes tournent leurs branches vers le nord-est, en sens opposé. Comparés entre eux, les vents du sud se trouvent avec ceux du nord dans le rapport de 178 à 100 pendant les mois d’hiver, de 120 à 100 pendant les mois d’été. La direction des vents varie à l’extrême ; car il est peu de mois où la girouette ne fait pas le tour entier de l’horizon. Nous nous trouvons au milieu même du conflit permanent des courants polaires avec les courants de l’équateur près de la surface terrestre. Chacun de ces courants a des caractères distincts. Ceux du nord et du sud-est sont froids, accompagnés d’une forte pression barométrique ; avec un beau temps permanent. Ceux du sud et du sud-ouest élèvent au contraire la température, font baisser le baromètre, rendent l’air humide, couvrent le ciel de nuages et amènent la pluie.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Telle se fait remarquer par ses fortes chaleurs, telle autre par ses pluies et par l’infériorité de sa température moyenne, de manière à modifier profondément la marche de la végétation, l’abondance et la qualité des récoltes. Ainsi, l’été de 1816 présenta, à partir du 21 mai, 90 jours de pluie, 7 jours couverts sans pluie et seulement 18 jours sereins. Les foins pourrirent sur pied, tandis que la moisson fut reculée jusqu’en septembre, après de nombreuses gelées blanches survenues en plein mois d’août et une forte neige tombée le 2 septembre. Pendant l’hiver de 1830, la gelée persista avec une intensité croissante du 3 décembre au 9 février. On entendait les arbres se fendre en détonant, nos rivières étaient toutes prises de glace, les oiseaux et le gibier périssaient en grand nombre sous les atteintes du froid, la terre était gelée à 1 mètre de profondeur ; même dans les lieux couverts de neige : le thermomètre descendit à 28°C au-dessous de zéro à Mulhouse, à -23°C à Strasbourg, à -26°C à Épinal.

Voici d’ailleurs la statistique des jours de gelée, de neige, de pluie, sur divers points du territoire. Jours de pluie : à Strasbourg, 120 en moyenne, 105 au moins, 170 au plus par année ; au Syndicat, en moyenne, 112, maximum 166, minimum 78. Jours de neige : à Strasbourg, 16 en moyenne, 36 au plus et 9 au moins ; au Syndicat, 25 en moyenne, 50 au plus, 14 au moins. Jours de gelée : à Ichtratzheim, dans la plaine d’Alsace, en moyenne 80 jours ; à la station du Syndicat, dans les Vosges, 113. Nous avons par année de 15 à 20 orages à Turckheim, 40 à 50 jours de brouillard, une trentaine de gelées blanches. Ajoutons que les gelées sont plus fréquentes, plus tardives dans la plaine que dans la région des collines, à une plus grande hauteur le long des Vosges, car à Ichtratzheim, selon les observations de M. l’abbé Muller, il gèle encore en mai une fois tous les deux ans. Ces gelées tardives ont pour conséquence de restreindre la culture de la vigne dans la plaine, où elle ne donne d’ailleurs que des récoltes incertaines et des produits de qualité médiocre. Par contre, nous voyons de beaux vignobles s’élever sur les pentes mieux abritées des montagnes, jusqu’à 400 et 500 mètres au-dessus de la mer. Plus bas la plaine est vouée à la culture des céréales, et plus haut les montagnes sont couronnées de forêts suivies elles-mêmes de pâturages au delà de 1200 mètres d’altitude, à cause de la rigueur du froid.

Comparé au reste de la France, le climat de l’Alsace paraît excessif et continental. Étés chauds, hivers froids ; variations brusques et fortes de température ; pluies plus abondantes que dans le nord, à peine inférieures à celles du bassin du Rhône et de la Garonne, avec prédominance des pluies d’été dans la plaine ; humidité de l’air modérée, présentant un degré hygrométrique moyen de 75% ; vents régnants du sud-ouest et du nord-est ; oscillations barométriques mensuelles assez considérables, avec une amplitude moyenne de 22 à 25 millimètres, avec des écarts extrêmes de 32 à 35 millimètres dans le même mois ; orages au nombre de 15 à 20 pour une même station ; grêles parfois désastreuses dans la plaine, très fréquentes au haut des montagnes, où cependant elles causent de moindres dégâts dans les forêts et les pâturages. Tels sont les caractères généraux du climat de l’Alsace, déduits des observations faites sur une vingtaine de stations éparses sur l’étendue de la contrée.

Ces observations exigent beaucoup d’abnégation, de persévérance, et le calcul en est fastidieux ; mais les phénomènes auxquels elles se rapportent présentent un puissant attrait, soit que le regard s’attache aux colonnes orageuses marchant des montagnes vers la plaine, soit qu’il plane au-dessus des brouillards qui recouvrent les basses terres comme d’une mer de nuages. Que de fois j’ai suivi, en automne, les immenses vagues blanches de cette mer de vapeurs, baignées elles-mêmes par les tièdes effluves du soleil sur son déclin ! Que de fois aussi l’orage m’a surpris sur les ballons des Vosges ou au milieu des plateaux du lac Blanc ! Spectacle grandiose, parfois terrible, car les conflits orageux éclatent avec plus de force sur les hautes cimes et sur les crêtes. Quelques coups de vent balayent la montagne, les nuages se condensent subitement et forment ici une voûte noire, sinistre, où d’éblouissantes étincelles s’échappent en nappes ou jaillissent en longs dards tortueux. Un moment, la formidable lueur emplit le ciel, puis de nouveau l’espace se recouvre de ténèbres, et l’on entend sortir de la nuit l’immense voix du tonnerre ; qui se répercute en sourds échos sur les nuages et sur le ciel. Puis avec la pluie qui tombe par torrents, la voûte des nuages s’abaisse et descend des sommets dans les cirques supérieurs des vallées. Le réseau de la foudre enveloppe les pâturages des chaumes. Les petits hêtres qui se tordent sur les rochers sont frappés. L’éclair flambe en haut, en bas. Il y a des coups stridents qui partent à la fois de différents points de l’horizon. Surpris par l’orage, les troupeaux qui paissaient en repos loin des marquairies se dispersent, ils s’échappent dans toutes les directions et s’élancent avec des bonds furieux, effarés, mugissants, sourds à l’appel des pâtres accourus à leur poursuite. Les orages, d’ailleurs, en quittant l’arête médiane des Vosges, passent vers le Rhin, le long des rameaux secondaires. Ils se manifestent avec plus de force et de fréquence sur les grandes saillies du sol, tellement que les pics isolés agissent comme de véritables paratonnerres. C’est ce que nous avons vu au mont Cervin, dont la tête élancée au-dessus des Alpes italiennes et valaisannes est couronnée de rochers fondus par la foudre, tandis que les chocs répétés de ce météore ont donné au Riffelhorn, voisin du grand Cervin, ces singulières propriétés magnétiques qui font prendre à la boussole affolée les positions les plus diverses.

Autant que nous pouvons en juger par la comparaison des chroniques du moyen âge avec nos observations actuelles, le climat de l’Alsace n’a pas changé, depuis un millier d’années au moins. L’opinion suivant laquelle la température aurait été plus élevée pendant le moyen âge n’est pas fondée. Si en 1228, entre autres, la chaleur a été telle que la récolte des céréales était déjà faite le 24 juin, nous voyons six ans plus tard, en 1234, le froid de l’hiver détruire les vignes. Des écarts de température semblables se présentent en tout temps. Aujourd’hui, comme au XIIIe siècle, des hivers très doux succèdent à des hivers froids, et il y a d’une année à l’autre des oscillations considérables, soit entre la température moyenne de l’année, soit entre les moyennes des mêmes saisons. Ainsi, l’hiver de 1275, signalé par une abondance de neige extraordinaire, donna déjà du blé mûr le 18 juin, tandis que l’hiver de 1279, si doux que les oies sauvages ne parurent pas en Alsace, fut suivi de gelées qui détruisirent, le 14 avril, les vignes et les noyers. En 1284, les vendanges se firent dans notre région avant le 14 septembre ; mais en 1822 elles commencèrent le 9 du même mois et le 18 en 1834, celte fois avec une maturité parfaite et un vin d’une qualité exceptionnelle. Tous les documents dont nous disposons, en l’absence d’observations exactes pour de longues périodes, se prononcent en faveur de la stabilité du climat de la région du Rhin et des Vosges pendant les dix derniers siècles, Des variations momentanées ont pu se produire, mais nous ne savons si elles impliquent un refroidissement ou une élévation de température progressive, ou bien encore si elles se rattachent à des changements périodiques comparables à ceux mis en évidence par M. Charles Sainte-Claire Deville, pour les saints de glace, qui amènent dans le cours de l’année un abaissement régulier de température vers le 18 février, le 15 mai, le 17 août et le 16 novembre, c’est-à-dire pour des jours placés sur l’écliptique à des distances angulaires égales à 90 degrés l’un de l’autre.

J’ai dit que les stations météorologiques de l’Alsace et des Vosges étaient au nombre d’une vingtaine. Parmi les stations dont les observations sont les plus complètes, il faut citer notamment celles de Strasbourg, fondée par Herrenschneider ; d’Ichtratzheim, par M. l’abbé Muller ; de Logelbach, par M. Hirn ; de Wesserling, par M. Marozeau ; de Masevaux, par M. Gasser ;. de Riedisheim, par M. DoIlfus-Ausset ; du Syndicat de la vallée de Cleurie, par M. Thiriat ; de Saint-Dié, par M. Bardy ; d’Épinal, par MM. Parisot et Berher, etc. La commission météorologique du Haut-Rhin, sous l’active impulsion de M. Hirn, son président, yen ait de fonder plusieurs stations nouvelles sur les bords du Rhin, à Brisach et au col de la Schlucht, dans les Vosges, quand éclata la guerre malheureuse qui jeta l’Alsace sous le joug des Allemands. Au début de l’année, la commission comptait donner un développement actif à ces recherches par la publication régulière des observations faites de mois en mois sous les auspices de la Société d’histoire naturelle de Colmar. Malheureusement la guerre a arrêté notre essor. Les proscriptions sont venues disperser les observateurs. Aujourd’hui, tout mouvement scientifique s’arrête sur cette terre désolée, après l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg, brûlée de sang froid par les ordres infâmes du général Werder ; après le pillage de nos collections publiques par certains universitaires d’Allemagne, après le supplice de nos frères d’Alsace pendus [2] par les Prussiens au bord de nos routes pour avoir voulu défendre contre ces barbares le sol sacré de la patrie.

Charles Grad

[1Essais sur le climat de l’Alsace et des Vosges, par M. Charles Grad. un volume in-8 de 280 pages et 90 tableaux, extrait du Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Colmar, 1870. — Mulhouse, citez E. Perrin, éditeur.

[2Les soldats de la landwehr prussienne ont pendu au bord des chemins du Haut-Rhin, contrairement au droit de la guerre, dans les premiers jours de novembre 1870, plusieurs de nos amis du corps franc des Vosges faits prisonniers pendant l’invasion. « Ils ne valaient pas la poudre", me disait hier un officier prussien devant lui je réprouvais ces attentats ! (Janvier 1871.)

Revenir en haut