Les fiacres électriques à Londres

Joseph Laffargue — La Nature N°1269 — 25 septembre 1897
Dimanche 29 décembre 2013

Une société, the London Electrical Cab Company, a mis en service à Londres depuis bientôt trois semaines 15 fiacres électriques à accumulateurs. Il est intéressant de donner à ce sujet quelques détails sur les dispositions adoptées ; nous les emprunterons à notre excellent confrère the Electrical Review.

La voiture, que représente la figure 1, a la forme exacte d’un coupé ; l’intérieur est entièrement tapissé et sur le côté se trouvent des glaces qui peuvent s’ouvrir et plus loin des glaces fixes. Le cocher est placé sur un siège à l’avant ; il avait été question de le mettre au-dessus de la voiture à l’arrière, mais il est nécessaire qu’il distingue nettement la route à suivre.

La batterie d’accumulateurs employée consiste en 40 accumulateurs de l’Electrical Power storaqe, d’une capacité de 170 ampères-heure au débit de 50 ampères. Ils sont montés dans un coffre sur un plateau qui est maintenu à l’aide de ressorts sous la voiture. Un moteur électrique Johnson-Lundell de 3 chevaux, à double enroulement sur l’inducteur et sur l’induit, est fixé dans un coffre de derrière et commande par un engrenage un arbre de transmission. Celui-ci est divisé en deux parties qui mettent chacune en mouvement au moyen d’une chaîne une des deux roues d’arrière. Les enroulements et les champs peuvent d’abord être couplés en tension avec une faible résistance ; on retire ensuite cette résistance et la voiture peut marcher à la vitesse de 4,8 kilomètres par heure. Avec les armatures en parallèle et les champs en tension, on peut atteindre 11,263 kilomètres par heure. Enfin avec les deux champs en quantité, la voiture peut parcourir 14,481 kilomètres à l’heure.

Les accumulateurs ont un poids total de 711 kilogrammes, et la voiture complète, compris les passagers, un poids de 1524 kilogrammes.

Sur le côté gauche se trouve. installé le levier de marche ; dès que ce levier est mis en place en avant, la voiture part avec une vitesse de 1,6 à 16 kilomètres à l’heure. Il suffit de renverser le levier et de le placer au milieu pour que la voiture s’arrête aussitôt. Elle repart en arrière si le levier est repoussé en sens inverse. Le frein est appuyé sur la roue par le pied droit, le courant électrique est alors interrompu. La direction se fait uniquement par la manœuvre d’un volant central placé devant le conducteur. La conduite de la voiture est très facile et très simple ; sur 15 conducteurs choisis, 12 après 2 jours d’exercice étaient capables de diriger la voiture .

Au repos, la voiture est fermée à clef, et il n’est possible à personne de la mettre en route. Le conducteur n’a qu’à serrer les clefs dans ses poches et laisser la voiture au repos.

La Compagnie, qui a entrepris la mise en marches des fiacres électriques à Londres, n’a pas voulu produire elle-même l’énergie électrique ; d’abord en raison des prix faibles que lui faisaient, dans le jour, les sociétés d’électricité, et ensuite parce que le service en augmentant exigerait des stations de charge dans toute la ville de Londres.

La première station de charge a été établie à Juxon street, Lambeth. Le courant alternatif est fourni par la « London Elecctric supply Corrporation », à 2400 volts et à la fréquence de 83 périodes par seconde. On a installé deux transformateurs, formés chacun d’un moteur à courants alternatifs Thomson Houston, actionnant directement une dynamo à courants continus de 75 kilowatts du même constructeur. La figure 2 donne une vue d’ ensemble de l’installation des deux transformateurs.

la transformation de l’énergie électrique de haute tension à courants alternatifs en basse tension à courants continus se fait avec un rendement de 86 pour 100.

La figure 3 donne une vue du dépôt des voitures, et la figure 4 une vue de la salle de charge. Les coffres d’accumulateurs ont été retirés de dessous les voitures, posés sur des chariots et amenés le long du mur pour la charge. Le prix de vente de l’ énergie électrique est de 0,1575fr le kilowatt-heure. Avec une charge complète, la voiture peut faire un trajet de 80 km ; la dépense est de 2,50fr. Notre confrère the Electrical Review parle des essais déjà faits et dit que ces premières voitures ont fort bien fonctionné dans les rues de Londres, Attendons-nous donc à voir ce service se développer, et à trouver aussi dans Paris des fiacres électriques parmi les fiacres automobiles qu’on nous promet depuis déjà quelque temps.

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