Hugo Gyldén (1841-1896)

O. Callandreau, La Nature N°1226 - 28 Novembre 1896
Dimanche 4 mars 2012 — Dernier ajout dimanche 8 juin 2014

La mort de notre éminent correspondant, astronome de l’Académie royale des sciences de Suède et directeur de l’observatoire de Stockholm, est arrivée le 9 novembre, moins d’un mois après celle de notre confrère, M. Tisserand. Hugo Gyldén, né le 29 mai 1841, à Helsingfors, où son père était professeur de l’Université, a succombé, comme récemment Félix Tisserand, dans toute la force de l’âge. Avec eux disparaissent les deux plus illustres représentants de l’astronomie mathématique sur le continent.

Gyldén montra de bonne heure les plus heureuses dispositions ; il avait à la fois du goût pour la musique, la peinture et les sciences mathématiques. Ses études achevées à l’Université d’Helsingfors, il se rendit à Gotha, auprès de Hansen, l’émule de Le Verrier et de Delaunay, puis à l’observatoire de Poulkovo, où son mérite exceptionnel lui valut bientôt le grade de titulaire. Les astronomes savent combien l’astronomie de précision lui est redevable ; ses admirables séries d’observations avec le cercle vertical tiennent une place d’honneur. En même temps, Gyldén s’occupait de recherches théoriiques importantes : L’Académie des sciences de Stockholm voulut s’adjoindre le jeune maître et lui confia son observatoire en 1871.

Gyldén est surtout connu dans le monde savant par les travaux qu’il a poursuivis depuis la mort de Le Verrier sur la théorie générale des perturbations. En procédant à une révision des méthodes d’approximation de la mécanique céleste, il a rendu à cette branche de l’astronomie les services les plus éminents. La dignité de la science exigeait, à ses yeux, que l’on recherchât les caractères generaux des trajectoires que l’ellipse de Képler ne peut remplacer, en principe, que dans un seul moment. Son grand Traité des orbites absolues des huit planètes principales, qui devait comprendre trois gros volumes, répondait à cet objet. Le tome premier a été seul publié ; la préparation des autres était très avancée. Gyldén n’a pas eu, comme Tisserand, la satisfaction de laisser après lui un monument achevé. Les soins pieux de ses élèves y suppléeront, il faut l’espérer.

Telle était, sur le continent, la renommée de Gyldén, qu’un grand nombre d’étudiants venaient de différents pays pour écouter ses leçons. Il savait leur communiquer la noble passion pour la science qui l’animait : son enthousiasme gagnait ses élèves en même temps que leur esprit bénéficiait de la richesse d’idées du maître. Ce fut un véritable chef d’école, dont le noble caractère appelait le respect, tandis que sa nature simple et cordiale inspirait l’affection.

O. Callandreau de l’Académie des sciences.

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