La compression des gaz

La Nature N°787 — 30 juin 1888
Dimanche 9 octobre 2011 — Dernier ajout samedi 8 octobre 2011

« Voici une carafe à large ouverture que je tiens, horizontalement, je pose intérieurement dans son goulot un bouchon. Voulez-vous, dis-je à un jeune ami de la physique, essayer de souffler sur le bouchon, je vous mets au défi, en soufflant, de le faire entrer dans la carafe. » Mon interlocuteur prit la carafe d’une main, comme le représente la figure ; avec la sérénité de l’homme sûr de son fait, il arrondit ses joues, emplit sa bouche d’air, et souffla énergiquement sur le bouchon, qu’il avait la persuasion d’envoyer au fond de la carafe. Erreur profonde ! Au moment où le souffle se produisit, le bouchon, comme lancé par un ressort intérieur, sortit violemment de l’orifice du goulot et vint frapper les lèvres de l’expérimentateur.

L’explication du phénomène est facile à donner : en soufflant dans l’espace confiné de la bouteille, l’air intérieur se trouve comprimé ; puis se détend, et lance le bouchon au dehors. La projection du bouchon sera d’autant plus énergique que l’on aura soufflé plus violemment.

Pour réussir, quelques précautions sont nécessaires : il faut que la carafe ne soit pas mouillée intérieurement et surtout que le goulot soit absolument sec, l’humidité établirait de l’adhérence entre le bouchon et le verre, et le succès deviendrait douteux. Il faut enfin se servir d’une carafe lisse ; la carafe classique du limonadier convient parfaitement.

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