Le principe de l’inertie 1

La Nature N°715 — 12 Février 1887
Lundi 26 septembre 2011

On définit l’inertie de la matière dans les traités de physique et de mécanique, en disant.qu’un corps en repos ne peut de lui-même se mettre en mouvement, et qu’un corps en mouvement ne peut modifier de lui-même le mouvement dont il est animé. C’est, avons-nous déjà dit antérieurement, en vertu du principe de l’inertie que les poussières de nos habits en sont chassées par le battage, chaque particule tendant au repos ; nous avons cité de nombreuses expériences sur le principe de l’inertie [1], nous en mentionnerons une autre que nous a indiquée M. H. Gilly, licencié ès sciences.

Posez sur votre index de la main gauche tenu verticalement, une carte de visite ; sur la carte de visite, mettez une pièce de cinq francs en argent, ou une pièce de deux sous, et proposez d’enlever la carte sans toucher à la pièce. Pour cela, de la main droite, vous donnez une chiquenaude un peu forte à la carte de visite qui vole au loin, laissant la pièce immobile sur l’index. Il faut avoir soin de donner la chiquenaude bien horizontalement, dans le plan de la carte comme le montre la figure ci-dessus.

Notre correspondant nous a écrit qu’il avait donné, à Nîmes, en novembre dernier, une conférence sur la Physique mise à la portée de tous, et il s’exprime dans les termes suivants, que nous reproduisons, non pas à cause des éloges qu’ils contiennent, mais en raison de ce qu’ils montrent encore une fois l’utilité de notre Physique sans appareils.

« Je crois devoir, nous écrit fort gracieusement M. Gilly, faire partager à qui de droit le succès de ma conférence. C’est, en effet, dans les différents numéros de La Nature que j’ai trouvé la description de la plupart des expériences qu’il m’a été donné de réaliser. Le tour que vous avez dernièrement indiqué [2] : transformation d’un verre d’encre en un verre d’eau, exécuté, avec quelques autres, au début de la séance, pour bien établir devant les spectateurs la différence qui existe entre la prestidigitation et la physique proprement dite, les a profondément stupéfaits. Dans le cours de ma conférence, les expériences qui les ont particulièrement charmés sont : le sou traversé par une aiguille [3] ; le plomb se moulant à froid sur un cachet de cire [4] (j’ai fait circuler dans les rangs deux enveloppes cachetées, l’une avec le plomb martelé, l’autre avec le cachet ; on ne pouvait les différencier) ; le manche à balai cassé sur deux verres [5] ; la carafe soulevée avec une paille ; l’ébullition de l’eau dans du papier ; etc., etc. Une autre expérience qui a surpris mes auditeurs par sa simplicité même, c’est le crayon se tenant en équilibre par sa pointe sur le doigt [6]. »

Ces expériences ne sont pas seulement amusantes ; éminemment instructives, elles peuvent servir de véritables démonstrations pour renseignement. C’est ce qui fait que nous ne saurions trop engager nos lecteurs à nous signaler celles qu’ils connaissent ct que nous pourrions avoir oubliées dans notre série.

G. T.

[1Voy. Tables des matières des précédentes années : Physique sans appareils. Voy. aussi Les Récréations scientifiques , par Gaston Tissandier. 1 vol. illustré, couronné par l’Académie française. 4e édition. Cie Masson éditeurs

[2Voy. La Nature, 1886,t. II, p. 351.

[3Voy. La Nature, 1886, t. II, p. 576.

[4Voy. La Nature, 1882, t, 1, p. 160.

[5L’expérience du manche à balai casse sur deux verres a été faite récemment au Nouveau Cirque de Paris dans des conditions désopilantes. Le manche était posé à ses deux extrémités sur le nez de deux clowns qui le tenaient ainsi en équilibre horizontalement, non sans force contorsions. Un troisième clown à l’aide d’un coup de bâton vigoureux cassait le manche ainsi posé en son milieu ; les nez servant de support n’étaient pas plus endommagés que ne le sont les verres.

[6Voy. La Nature, 1886, t. II, p. 208.

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