Reine des près

A. Truelle - Supplément à La Nature N° 2751 - 25 décembre 1926
Dimanche 15 février 2009 — Dernier ajout samedi 24 décembre 2022

Cette plante qui, par l’élégance de son port, a mérité son joli nom de Reine des prés (Spirœa ulmaria L.) Rosacées Spirées, est appelée, presque aussi souvent, Spirée Ulmaire, et répond, en outre, aux synonymes ci-contre : Ormère ou Ornière, Barbe de Bouc, Herbe aux Abeilles, Vignette, etc.

Habitat. — On la rencontre communément le long des ruisseaux, dans les endroits humides, les bois, les prés, les haies.

Description sommaire. — Plante vivace, herbacée, dépassant souvent 1 m. de hauteur. Tige rougeâtre, rameuse au sommet ; feuilles grandes, composées, vert rougeâtre en dessus, blond cendré et pubescentes en dessous, comptant 5 à 9 paires de segments inégaux dont le terminal est le plus grand et possède 3 à 5 lobes. Fleurs s’épanouissant de juin en août, blanches, petites, nombreuses, fugaces, très agréablement odoriférantes, formant à l’extrémité des rameaux de larges panicules corymbiformes.

Culture. — La terre doit être riche et assez légère. La multiplication de la Reine des prés se fait de deux façons : par semis et par division des souches. On y affecte dans le Jardin familial un endroit placé à mi-ombre, frais ou faiblement humide ; au besoin on le rend ainsi par un arrosage assez fréquent.Le semis est effectué en pépinière, en mars-avril et le repiquage en mai-juin ; quant à la division des souches, on peut l’entreprendre au printemps.

Récolte et séchage. — La récolte des inflorescences ou sommités fleuries doit avoir lieu dès que les premières fleurs s’entr’ouvrent, mais surtout avant leur complet épanouissement qui a lieu en juin-juillet, car leurs pétales tombent facilement. On peut, également, selon les régions, récolter la plante entière et les feuilles mondées.La dessiccation des fleurs doit être menée rapidement pour empêcher leur jaunissement, car, dans cet état, leur arôme primitif est légèrement atténué. La dessiccation des feuilles leur fait souvent prendre une teinte vert grisâtre.

Composition chimique. — D’après Dorvault, les fleurs renferment du salicylate de méthyle, de l’acide salicylique, une huile essentielle composée surtout par de l’hydrure de salicyle et une faible quantité d’héliotropine. Soumises à la distillation, les fleurs fournissent une essence presque entièrement composée d’aldéhyde salicylique. Fructus a trouvé que cette essence n’existe plus dans le plante sèche où elle est remplacée par de l’acide salicylique libre et par des salicylates alcalins et alcalino-terreux.

Propriétés thérapeutiques. — Les fleurs sont tenues pour anti-catarrhales, sudorifiques et diurétiques par leurs dérivés salicylés, et amères et astringentes par leur tanin. Elles sont utilisées dans la goutte, la gravelle, les rhumatismes et les affections cardiaques. Leur action diurétique a été mite eu lumière par Hannon, Guitard de Toulouse, II. Leclerc. Ce dernier dit en avoir obtenu d’excellents résultats dans le traitement du rhumatisme articulaire aigu.

Préparations pharmaceutiques. — L’infusion est la plus employée à la dose de 10 à 30 gr. par litre, quantité que l’on prend en 3 ou 4 fois dans les 24 heures. On doit en faire un usage assez long, d’ailleurs, sans fatigue pour l’estomac. D’aucuns la prennent en guise de thé. Il faut avoir soin, selon Fructus, de ne pas employer d’eau bouillante pour l’infusion, la vapeur d’eau entraînant l’acide salicylique. Le Dr Leclerc recommande la température de 80°.

Observations commerciales. — L’herboristerie a payé les prix suivants pour le kg des différentes parties de la Reine des prés : bouquets fleuris, 1 fr. 25 à 1 fr. 50 ; plante entière, 0 fr. 80 à 1 fr. ; fleurs en grappes, 2 fr. 50 à 2 fr. 75 ; fleurs mondées, 3 à 3 fr. 50 ; feuilles mondées, 1,40 à 1 fr. 50.

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