Mauve sylvestre

A. Truelle - Supplément à La Nature N° 2738 - 25 septembre 1926
Dimanche 15 février 2009 — Dernier ajout mardi 6 février 2024

Bien que la plupart des espèces de mauves puissent être employées en thérapeutique, il en est une qui, à cet égard, les prime toutes., c’est la Mauve sylvestre (Malva sylvestris L.), Malvacées, qu’on nomme encore Mauve sauvage, Grande Mauve, Fromageon, Fouassier, etc. C’est elle seule qu’il faut cultiver dans le Jardin familial.

Habitat. — Elle est très commune dans les champs, le long des haies, sur le bord des chemins, auprès des habitations et dans presque tous les lieux incultes.

Description sommaire. — Plante bisannuelle de o m. 3o à o m. 6o de hauteur, couverte de poils simples. Tige cylindrique, dressée. Feuilles alternes, longuement pétiolées, larges, à lobes profonds et dentés. Fleurs, de juin à septembre, grandes, purpurines, puis violettes avec des veines plus pâles, rassemblées par 4 à 5 à l’aisselle des feuilles ou au sommet des rameaux. Fruits (akènes) réunis en cercle autour de l’axe ; graines réniformes.

Mauve Sylvestre

Culture. — La mauve, est cultivée dans plusieurs centres de production de plantes médicinales dont le plus important est le département du Nord, arrondissement de Valenciennes, sur une surface de 55 à 60 hectares. On y cultive surtout la variété à très grandes fleurs et à feuilles glabres (Malvasylvestris, var. glabra qui fournit un produit très estimé de l’herboristerie, en raison de la grosseur et du coloris des fleurs. Sa culture existe également à Etréchy (Seine-et-Oise) et dans l’Aisne.

Multiplication. — Le semis est seul usité, et comme la mauve est une plante très rustique, elle croit dans presque tous les sols, bien qu’elle préfère une terre légère, douce, chaude, riche en humus et quelque peu ombragée. On la sème au printemps (le plus souvent en avril-mai), en place plutôt qu’ea pépinière, ou encore dès que la graine est mûre. On repique les petits plants, quand ils ont 0m. 05 à 0 m.10 de hauteur, en lignes distantes de o m. 6o et à o m. 5o sur la ligne, et on leur donne les soins culturaux ordinaires.

Récolte. — Elle porte à la fois sur les feuilles et les fleurs, mais ces dernières l’emportent de beaucoup en importance. On cueille les fleurs, de juin à septembre, ou tant que dure la floraison, un peu avant leur complet épanouissement, le matin après la rosée : la récolte doit être journalière. Les feuilles sont ramassées au milieu de la floraison.

Séchage. — En principe, la dessiccation doit se faire à l’abri du soleil dans un endroit très aéré, ou bien dans une étuve chauffée d’abord à 250, puis graduellement à 360. Toutefois, dans le Nord, on commence le séchage des fleurs au soleil en prenant la précaution de les recouvrir avec du papier. On le termine au séchoir à air chaud où on les étale sur des lattes en bois. Lorsque la dessiccation a été bien faite, les fleurs ont pris une teinte bleu pâle, mais comme cette nuance est promptement détruite à la lumière et à l’humidité, il faut avoir soin de les conserver dans un lieu sombre et sec. On estime que 10 kg de fleurs fraîches laissent 2 kg 150 de feuilles sèches.

Rendement à l’hectare. — D’après MM. Difloth et Blin, on peut admettre que, dans la région de Valenciennes, un hectare donne 5oo à 6oo kg de feuilles et de fleurs. Si l’on se base sur un prix de vente de 2 fr. 50, l’on aurait une recette brute de 1250 francs à l’hectare. Composition chimique. — Toutes les parties de la plante, mais surtout les fleurs, renferment en abondance une matière mucilagineuse à laquelle leurs propriétés médicinales sont dues en grande partie.

Propriétés thérapeutiques. — Elles ont été bien connues des anciens qui, comme de nos jours, les tenaient pour émollientes, adoucissantes, béchiques, pectorales et laxatives. La mauve est assez efficace dans certaines constipations opiniâtres et dans le cas de l’atonie de l’intestin. Et au sujet de cette dernière propriété, le Dr H. Leclerc rapporte « que les vertus exonérantes de la Mauve ont été magnifiées par d’illustres personnages de l’antiquité, et que Cicéron fut purgé copieusement après avoir fait usage d’un ragoût de mauve et de bette ».

Préparations pharmaceutiques. — Les fleurs et les feuilles sont encore en grande estime dans la médecine populaire : l’infusion de fleurs à 10 gr. par litre, la décoction de feuilles entre 25 et 5o gr. pour 1000 en lavement. On les emploie, en outre, en gargarisme, cataplasme, bain, etc. Les fleurs entrent dans la composition des espèces pectorales avec celles de Pied de chat, Pas d’Ane, Coquelicot, Bouillon blanc, Guimauve, Violettes. La mauve était cultivée jadis comme plante potagère, et l’on mangeait ses feuilles en guise d’épinards.

Observations commerciales. — La demande en herboristerie est très importante pour les fleurs et les feuilles. Avant la guerre, les fleurs ont valu, en gros, 100 à 175 francs les 100 kg : au détail 2 fr. à 2 fr. 75 et 3 fr. le kilogramme pour celles de la variété Malva glatira. Depuis, on les a cotées 4 fr. à 4 fr. 50, et les feuilles 1 fr. 60 à 1 fr. 70.

Vos témoignages

  • lesaffre 12 février 2014 16:28

    Bonjour, je réalise un travail sur l’usage des plantes dans le nord je voudrais savoir si il existe encore aujourd’hui des cultures de mauve et guimauve ?si oui pour quel usages ? car il n’existe plus beaucoup d’herboristerie

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