Cardamines

Ferdinand Faideau, La Science Illustrée N°550 - (11 juin 1898)
Samedi 12 septembre 2009 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Au doux mois, dans les prés humides, à l’orée des bois, mille fleurettes égaient la verdure. La violette odorante ne se rencontre plus que rarement, mais les espèces inodores aux jolies fleurs d’un violet pâle abondent partout, les dernières Ficaires épanouissent leur corolle recouverte d’un vernis doré. Les Boutons d’or, les Anémones aux blancs pétales, la tremblante Oxalis au périanthe si délicat, brillent partout dans l’herbe.

La Cardamine des prés peut rivaliser en grâce et en splendeur avec ses compagnes les plus recherchées, Elle est des plus remarquables avec ses feuilles si genntiment découpées, et ses fleurs régulières, au périanthe lilas clair qui pâlit, pâlit peu à peu et finit pas devenir blanc à l’arrière-printemps.

La Cardamine des prés fait de jolis bouquets champêtres dégageant une douce odeur de giroflée : à ceux qui préfèrent les saveurs aux parfums, la cardamine peut plaire ; aussi ses feuilles, qui rappellent beaucoup celles du cresson, sont excellentes en salade.

Le Cresson des prés, ainsi qu’on appelle encore quelquefois cette petite plante (kardamon, nom grec du cresson), était employé autrefois comme antiscorbutique.

Aujourd’hui on l’utilise surtout pour l’ornement des pelouses fraîches et ombragées et on en a obtenu une variété à fleurs pleines. Elle se multiplie aisément d’éclats et de boutures de feuilles.

La cardamine des prés est même des plus curieuses pour la facilité avec laquelle elle donne naissance à des bourgeons adventifs. Ceux-ci, qui sont exogènes, naissent directe ment de la surface intacte de la feuille. Les cellules de l’épiderme et celles du parenchyme sous-jacent se cloisonnent à la fois ; les premières ne prennent que des cloisons perpendiculaires à la surface et ne forment que l’épiderme de la tige, qui continue celui de la feuille ; les autres se divisent en tous sens et, en se différenciant plus tard, donnent à la fois l’écorce et le cylindre central.

On trouve en France une dizaine d’espèces de cardamines. Parmi les plus remarquables, on peut citer la Cardamine amère ( Cardamine amara), la Cardamine impatiente, la C. à feuilles d’asaret, la C. à larges feuilles (C. latifolia), très employée dans les jardins pour ses grandes fleurs lilas, disposées en grappes compactes.

La Cardamine hérissée (C. hirsuta) est, de toutes les espèces de ce genre, celle qui présente l’aire de dispersion la plus vaste. Comme la Cardamine impatiente et quelques autres espèces, elle présente l’intéressante particularité de pouvoir projeter ses graines à une petite distance ; ce qui favorise leur développement.

Ses siliques contiennent des graines disposées sur une seule rangée et attachées à la cloison médiane par leur funicule. Quand ces fruits sont mûrs, leurs parois externes, très tendues, sont simplement maintenues en place par une délicate membrane. Il suffit du choc le plus léger, du coup de vent le plus bénin pour détacher les valves, qui s’enroulent sur elles-mêmes avec une force telle qu’elles sont ordinairement projetées loin de la plante, et que les graines sont lancées à une distance de 2 à 3 mètres.

La Cardamine chenopodifolia est une espèce du Brésil qui, outre ses siliques ordinaires, en possède d’autres courtes et effilées qui s’enfoncent dans le sol ; elle sème donc elle-même les graines qu’elle a produites.

Les cardamines sont très répandues dans toutes les régions froides et tempérées du globe. Elles abondent dans les prairies du Chili et de la Terre de Feu. On en trouve également de jolies espèces dans les contrées froides de l’hémisphère boréal.

La Cardamine des neiges (C. nivalis) est une de celles qui résistent le mieux aux températures les plus basses ; elle est commune dans les régions montagneuses de la Sibérie et de l’Asie centrale.

C’est une plante il racines pivotantes, à feuilles épaisses, charnues, dentelée sur les bords. Les fleurs sont petites, blanches, disposées en grappe simple, comme chez toutes les crucifères. Les fruits sont des siliques pendantes dont notre gravure reproduit l’aspect.

Les valves sont plates, très minces, presque transparentes, laissant voir l’unique rangée de graines.

Au point de vue botanique, les cardamines ont de grandes affinités avec les dentaires, les juliennes et les lunaires, dont certaines espèces aux silicules aplaties circulaires sont bien connues sous le nom de Monnaie de pape.

F. FAlDEAU

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